Il n'y a rien de plus frustrant pour un mordu de télésérie qu'une fin bâclée, décevante, négligée, garrochée ou (glissez ici un qualificatif marquant votre exaspération).

Les Soprano, c'était ça. Une conclusion bête et plate. Ç'a m'a pris des mois à m'en remettre et à pardonner aux auteurs d'avoir terni le chant du cygne de Carmela et Tony, deux personnages si bien campés. Même chose pour Minuit le soir. Bang, bang, pow, pow, c'est fini, on passe à un autre appel.

Ce qui m'amène à Lost/Perdus. Pratiquement un an trop tard, je sais, mais ne me tirez pas de roches.

Sorti à l'automne, le coffret de la sixième et ultime saison de Perdus a traîné entre ceux de The Good Wife, Modern Family et Mad Men. En temps normal, j'aurais sauté sur Perdus comme Amélie Grenier sur une vieille feuille de Bounce. Mais, non. Peur de l'engagement, peur d'être déçu et peur de ne plus rien comprendre après une jachère d'un an, ce n'est que tout récemment que Jack, Kate, le monstre de fumée et Jacob ont de nouveau illuminé mon écran plat.

Avertissement: si vous n'avez pas encore vu cet épisode, déchirez cette page et brûlez-la avec une chandelle Glade (ça chasse les mauvais esprits autant que les mauvaises odeurs, paraît-il). Bon. Verdict, maintenant? Bof. D'abord, cette sixième saison a été étirée inutilement. Vraiment, fallait-il bâtir un épisode au complet autour de Jacob-le-gentil, de son frère-pas-fin et de leur mère (Allison Janney) aux mauvais cheveux? La source de lumière jaune semblait tirée d'un film gnan-gnan pour enfants de Disney et la grotte, taillée dans du styromousse cheapo.

Heureusement, le dernier épisode, construit comme un film de plus de deux heures, a légèrement racheté la débâcle. En revoyant tous les personnages, même Libby et Boone, qui ont fait de Lost un des plus intéressants phénomènes de culture populaire des dernières années, j'ai étouffé plusieurs sanglots.

Comme dans une grande romance hollywoodienne, les couples de Lost se sont tous retrouvés à l'église, après de multiples sauts dans le futur et dans le passé. Les images de Sawyer et Juliet, Jin et Sun, Claire et Charlie, Desmond et Penelope, Jack et Kate et même Sayid et Shannon étaient éblouissantes, couchées sur une musique hyper mélo.

La théorie du purgatoire - tous les personnages ont donc péri dans l'écrasement initial - était finalement la bonne. Les âmes damnées se réfugiaient dans l'île mystérieuse en attendant le moment propice pour traverser vers un monde meilleur, le paradis.

Dans cet esprit de rédemption, les références au christianisme se sont multipliées comme les pains dans l'Évangile. Prenez et buvez-en tous: Jacob passe le calice à Jack, qui le refile à Hurley. Tout ce beau monde s'est aussi pardonné avant le dernier voyage.

Bien sûr, dans cette allégorie de la Bible, c'est Jack, avec son flanc perforé et ses stigmates, qui incarnait Jésus-Christ. Et Jack - ô surprise - s'est sacrifié pour sauver les siens. On croyait que ce bon vieux Jack périrait seul, mais Vincent-le-chien est venu l'accompagner des ses derniers soupirs. Super quétaine, mais drôlement efficace.

La scène finale cimentait le tout: obéissant à son père, Jack renoue avec ses disciples réunis au temple. Et comment s'appelait le père de Jack? Christian Shephard. Comme dans, en français, le berger des chrétiens. Fallait y penser.

Malheureusement, trop d'énigmes n'ont pas été résolues. Quelle était l'implication véritable d'Héloïse et de Widmore? Pourquoi les créateurs ont-ils autant insisté sur le projet Dharma, pour l'abandonner bêtement en cours de route? Où se cachaient Monsieur Eko, Ana Lucia, Michael, Walt et Danielle dans cette finale?

La série s'est terminée sur des images de débris d'avion et nous avons tous pensé qu'il s'agissait de l'appareil d'Ajira, qui venait de décoller. Eh bien non. ABC a simplement rajouté des plans du Oceanic 815 pour faciliter la transition vers le bulletin d'information. Rien de tout ça n'avait été imaginé par les producteurs. Ça ne faisait donc pas partie de l'histoire. Quel mauvais choix.

Dommage pour une série qui a été si touffue, complexe et prenante pendant six ans.

Je lévite

Avec la nouvelle pub du lait. Bye-bye les horribles marionnettes de film d'horreur fabriquées avec des bas de laine cotonneux. Rythmée par la magnifique chanson Une chance qu'on s'a de Jean-Pierre Ferland, cette réclame est empreinte de sensibilité, de tendresse et, oui, oui, de vrai réconfort. Et on aimerait bien posséder un de ces jolis tricots pour agripper nos tasses (brûlantes) de café au lait, les samedis soir de blizzard.

Je l'évite

La commandite de Léon dans Remise à neuf. Oui, le concept de ce nouveau quiz de V est charmant. Oui, l'animateur Pierre Hébert a beaucoup d'esprit et de répartie. Mais bon dieu que la plogue pour les meubles est tout sauf délicate. Le camion Léon, les deux livreurs de chez Léon, l'emballage des sofas avec du ruban jaune Léon, assez, c'est assez. Ce n'est pas une infopub que nous voulons regarder, mais un jeu-questionnaire.