Question bien gonflée et rebondie, ici: la chirurgie plastique chez les vedettes de notre star-système québécois, jusqu'à quel point c'est élégant et approprié d'en débattre à la télévision ou dans les journaux?

Faut-il l'évoquer uniquement quand la transformation physique nous paraît à ce point extrême qu'elle dérange l'écoute de notre programme favori? Le simple fait de discuter d'un choix aussi personnel que celui d'une star de se faire remonter/étirer/paralyser le visage relève-t-il du potinage, du domaine public ou de l'indiscrétion? Délicat débat. Car l'acte comme tel de modifier son apparence est privé, mais ses conséquences sont publiques, surtout quand il y a de l'abus ou des ratages.

Et la prolifération récente des émissions basées sur les archives comme Les enfants de la télé et Fidèles au poste n'aide aucunement les artistes à garder dans le placard leurs secrets de scalpel. Lors de la première de Fidèles au poste d'Éric Salvail, les animatrices Mélanie Maynard et Chantal Lacroix, en voyant des images d'elles à leurs débuts au petit écran, ont admis spontanément avoir subi des rhinoplasties. «C'est mon ancien nez», a même rigolé Mélanie Maynard, en blaguant que TVA, ce n'était pas si vrai que ça, finalement.

Les téléspectateurs ne sont pas dupes: forcément, ils comparent les avant-après et en déduisent que certaines opérations - peu subtiles - ont été pratiquées. Mais très rarement, les vedettes n'admettent d'elles-mêmes ces améliorations cosmétiques, pourtant de plus en plus communes et de plus en plus visibles.

Mercredi dernier, devant 1 211 000 téléphiles, une controverse sur la chirurgie plastique a secoué le plateau des Enfants de la télé à Radio-Canada. Environ à la moitié de l'émission, Véronique Cloutier a présenté un clip où Sébastien Benoit, à la barre du magazine culturel Tam-Tam en 2001, interviewait Anne-Marie Losique «avant qu'Anne-Marie Losique ne devienne Anne-Marie Losique». Comprendre: avant les seins gonflés, les lèvres soufflées, les pommettes brillantes, etc. L'extrait roule et, effectivement, Anne-Marie Losique y apparaît totalement différente d'aujourd'hui.

De retour en studio, Sébastien Benoit s'exclame: «Moi, je veux juste dire quelque chose. Anne-Marie Losique de même (en 2001), elle est cute. Quessé qu'il s'est passé?» s'est emporté l'animateur de Pyramide.

Piquée au vif, Suzanne Lévesque, qui a déjà confié aux Francs-Tireurs être passée sous le bistouri, a sifflé: «Je n'aime pas voir des gars se pomper comme ça sur le dos des femmes, quand les femmes le font (NDLR: la chirurgie) parce qu'il y a une telle pression qui est exercée sur leur dos. Il y a une pression sur les femmes pour des critères de beauté, pour des exigences de beauté. Quand j'entends des hommes se moquer de ça, je serais gênée un peu, si j'étais un homme, de faire ça. Je me sentirais mal à l'aise.»

Au rayon du malaise, c'en est tout un gros qui a flotté dans le studio de la SRC, ce qui a toutefois donné un moment de télévision fort captivant. Antoine Bertrand a tenté de dissiper le malaise, mais a ajouté qu'«Anne-Marie Losique était 1000 fois plus jolie avant qu'après». Véronique Cloutier a tenté de comprendre et de nuancer la position de Suzanne Lévesque, qui a tenu son bout. «Il y a une limite des fois qu'on va dépasser. C'est là que je suis un peu mal», a conclu Sébastien Benoit, visiblement ébranlé par la tournure de la discussion.

Selon la sexologue et auteure Jocelyne Robert, la remarque de Sébastien Benoit ne se voulait pas une attaque. «Il est temps que les gens, et des hommes surtout, disent que ça ne plaît pas à tout le monde, la chirurgie esthétique», explique-t-elle au bout du fil.

Celle qui a signé l'ouvrage Les femmes vintage ajoute: «Oui, il faut qu'on parle publiquement de chirurgie. C'est une question qui est beaucoup plus large que le simple choix personnel. C'est une question politique et sociale. On est un peu frileux là-dessus au Québec. Dans les coulisses, ça se parle, on chuchote qui a eu quoi. Il y a des femmes que je vois à la télé et je me dis: «Ça n'a pas de bon sens.» L'important, c'est de ne pas personnaliser le débat.»

C'est injuste, mais rarement la greffe de cheveux d'un animateur québécois ou son usage excessif de Botox ne provoquera de controverse. Dans 99 % des cas, on scrute les femmes, on analyse leur corps et on commente leur visage ridé ou lisse. «On les relève davantage, parce qu'il y a plus de femmes qui y ont recours. Et la dérive, elle est aussi du côté des femmes», note la sexologue Jocelyne Robert.

Comme le disait Dominique Bertrand, un peu de Botox ici et là pour corriger quelques pattes d'oie, pas de problème. Mais quand les injections se pratiquent à grands coups de chaudière, c'est là que ça devient agaçant et importunant pour le téléspectateur. Surtout en haute définition.

Gros lot au Banquier

La compétition a été féroce entre Le banquier de Julie Snyder et Occupation double de Pierre-Yves Lord pour le titre d'émission la plus regardée du dimanche soir. Score final: 1 769 000 fans pour le jeu des valises contre 1 703 000 accros pour le jeu où les célibataires se prennent pour des valises. Chez Guy A. Lepage, la fréquentation a été chiffrée à 1 216 000 fidèles.