La première année d'existence de V a été comme Le mur et Distraction: pas terrible, terrible. Très ordinaire et cheap même. La deuxième vie de V, qui a décollé fin août 2010, s'apparente plus à un épisode de Prozac: les effets bénéfiques s'installent doucement, même si la dose nécessite encore quelques ajustements.

Car avec sa grille taillée sur mesure pour les 18-49 ans, la propriété de Remstar ne se positionne plus du tout comme une station généraliste, mais bien comme une chaîne spécialisée (ce qui va à l'encontre de la licence que lui a accordée le CRTC, mais il s'agit d'un tout autre dossier).

V a caché ses nouvelles à 6h du matin, jeté aux ordures des trucs poussiéreux comme Y a plein de soleil et a assemblé une programmation dont tous les morceaux convergent vers un seul but: le divertissement.

Après plusieurs essais et erreurs, dont l'infâme Big Brother, l'imagerie visuelle léchée, jeune et hip de V se colle mieux aux produits qui y jouent comme Glee, Lie to me, Le mentaliste, 30 Rock ou Une femme exemplaire.

Et vous savez quoi? Les efforts du patron Maxime Rémillard s'enracinent chez les téléspectateurs. Dans la semaine du 4 au 10 octobre, V a récolté 6,6% parts de marché, contre 13,4% pour Radio-Canada et 27,2% pour TVA, ses deux grandes rivales. V surpasse toutefois RDS (4,7%), Super Écran (4,0%), Séries " (3,9%) et Télé-Québec (2,7%).

À 18h en semaine, le quiz Atomes crochus d'Alexandre Barrette, avec ses questions, comment dire, légères comme des bulles d'Aero, bat régulièrement Le Téléjournal de Patrice Roy. À 22h, c'est Un gars le soir de Jean-François Mercier qui chauffe les nouvelles livrées par Céline Galipeau. Rarement V a-t-il été un acteur aussi surprenant dans la course aux cotes d'écoute. Depuis quelques années, il séchait seul dans son coin.

Parlant d'Un gars le soir, la qualité varie énormément d'une émission à l'autre, tout dépendant des invités (le passage de la fille d'Yvon Deschamps a été complètement raté). Parfois, on entend dans le garage de Mercier des blagues vulgaires dignes du plus miteux des bars de consanguins. D'autres fois, on y rit de bon coeur, parce que les scripteurs abattent un boulot incroyable et que Jean-François Mercier livre ses gags avec aplomb.

Dans son décor testostéroné, l'humoriste ne se débrouille pas trop mal, même s'il s'accroche un peu trop souvent à ses cartons comme Guy A. Lepage. Un des problèmes majeurs? Jean-François Mercier sort souvent de son personnage de gros cave frustré à la voix haut perchée, surtout pendant les interviews, ce qui provoque des décalages. Qui anime? Le gros cave, Mercier ou un mélange des deux?

Reste qu'un des plus sérieux avantages d'Un gars le soir, c'est son positionnement. Pas le goût de revoir les infos du jour? Prenez rendez-vous au garage exploité par Mercier à 22h. Un bon exemple de contre-programmation efficace.

Ce qui n'est pas le cas de Prozac, beaucoup plus dramatique que comique, qui souffre de sa case malheureuse dans l'horaire de V. Coincée les mardis à 20h30, entre Bienvenue aux dames de Peter MacLeod (ha, ha, ha!) et Souper de clowns (ha, ha, ha!), l'oeuvre poignante de Karina Goma et Sophia Borovchyk ne cadre pas du tout dans ces «mardis de l'humour» moussés par V.

C'est dommage à écrire, mais la série Prozac aurait sans doute obtenu beaucoup plus de résonance si Radio-Canada l'avait achetée. Imaginez-la couplée avec C.A. ou Minuit le soir. Un combo du tonnerre.

Autre belle surprise de la rentrée: Un souper presque parfait, dont le concept aurait pu faire patate. Mais non: ça devient épicé quand les participants se poivrent et s'assaisonnent de commentaires salés. Au départ, les remarques d'André Ducharme m'agaçaient. On finit par s'y habituer et les trouver très rigolotes, finalement.

Au moins, le chipotage d'Un souper presque parfait nous fait presque oublier la banalité et l'ennui de Zéro à 1000$: l'échelle du talent. Mettons que sur une échelle de zéro à dix, cette émission ne scorerait elle-même pas très fort. Ouille. Au suivant!

Je lévite

Avec la marionnette de Denise Bombardier à Et Dieu créa Laflaque. La voix, la chevelure, le ton de voix, le discours, les vêtements, les opinions tranchées, tout y est reproduit parfaitement. Chapeau à Chapleau. Et à son interprète, Michèle Deslauriers.

Je l'évite

La comédienne de Virginie et de 4 et demi, Isabelle Brossard, vient de lancer un CD intitulé Reste encore. Pause ici. Entendez-vous ce bruit sourd? C'est le son de ce disque générique, sirupeux, sans saveur et aux textes d'une banalité navrante qui tombe dans l'oubli.