C'était particulièrement agressant dans la première mouture de La collection: le prêt-à-ploguer de tous les commanditaires qui défilaient entre les coups de ciseaux des apprentis designers.

Pour la deuxième saison de cette téléréalité animée par la rousse Chantal Lacroix, qui démarre ce soir à 21 h sur les ondes de TVA, fini les capsules de Garnier Nutrisse ou les exclamations peu subtiles sur le mascara Lash Stiletto de Maybelline. Le rythme a été accéléré sur une musique plus rock et l'éclairage a été braqué sur les couturiers et non plus sur ceux qui cousent, dans les coulisses, le montage financier de cette Collection.

Dix candidats, dont l'âge oscille entre 23 et 46 ans, s'assoiront ce soir dans l'atelier La Baie (bien sûr, le grand magasin finance encore ce Project Runway québécois) dans l'espoir de rafler un juteux chèque de 100 000 $. Nouveauté cette année: un vrai couple a été sélectionné, soit Simon, 28 ans, et son copain José-Manuel, 24 ans. Les deux ont déjà collaboré avec Denis Gagnon. Leur relation s'effilochera-t-elle sous nos yeux?

Le personnage le plus coloré de la troupe s'appelle Cluc - c'est son nom d'artiste, comme Madonna et Lady Gaga, a-t-il fait remarquer - et il balance des phrases comme: «La robe, c'était trop quétaine, ça faisait Priscilla poupoune.» Vous reconnaîtrez Luko, 39 ans, à son petit chapeau noir et à son style de création «trash-chic». Flavie, 23 ans, aime tellement la mode qu'elle s'est fait tatouer des ciseaux, du fil et une aiguille sur le bras droit.

Martin, 28 ans, croit que son hétérosexualité lui donnera un coup de pouce (car il connaît bien la femme avec un grand F). Et Zena, 26, qui a déjà participé à la téléréalité Mission Fashion Lebanon, s'exprime dans un franglais parfois difficile à décrypter. Le casting a été bien effectué et l'on démêle rapidement toutes ces nouvelles têtes savamment décoiffées ou décolorées.

Le premier mandat des designers consiste à créer une robe de soirée pour une demoiselle qui rencontre son cavalier pour la première fois. Une blind date, finalement. Pas beaucoup de drame ou de larmes autour de la machine à coudre, mais le montage est efficace, le suspense grimpe et on se laisse embobiner par le jeu des prédictions. La robe gagnante, qui a fait l'unanimité chez les chroniqueurs hier, est franchement jolie. On verrait bien une Cameron Diaz la porter.

Les trois juges de La collection restent les mêmes, soit la designer Marie Saint Pierre, le styliste Dick Walsh et l'animatrice Isabelle Racicot. Ils critiquent sévèrement les vêtements, sans sombrer dans la méchanceté gratuite ou la bitcherie violente. C'est ce qu'on aime: à bas la complaisance.

Toutes les semaines, une vedette, dont Charles Lafortune, Herby Moreau, Éric Salvail et Geneviève Borne, protégera le participant dont la création l'a fait flancher. Et toutes les semaines, un des apprentis remballera son kit de couture après le défilé fatidique.

Le premier épisode se terminera malheureusement avant l'annonce de la coupe finale, ce qui est très frustrant pour le téléspectateur qui vient de s'enfiler 60 minutes de contenu sans connaître le dénouement. Occupation double nous joue le même mauvais tour année après année.

Au printemps 2009, environ 828 000 fans se sont scotchés à La collection. Le grand gagnant, Patrice Soku, a vendu ses pièces chez La Baie et la finaliste Mélissa Nepton fait encore craquer les fashionistas.

À l'animation, Chantal Lacroix, qui porte des créations québécoises comme Tavan & Mitto ou Andy The Anh, est empathique, souriante et peut-être trop discrète. On aurait aimé la sentir plus présente dans les défis. Maintenant, «cue» Antoinette, ça commence dans trois, deux, un.

Photo: Alain Roberge, La Presse

L'animatrice Chantal Lacroix, entourée des designers qui participent à La collection.