La finale de La galère 2 nous a largués sur un immense point d'interrogation: Claude (Anne Casabonne) acquiescera-t-elle à la demande en mariage d'Antoine (Gabriel Sabourin) après qu'il lui eût susurré, au pied de l'autel, qu'ils s'épouseraient «juste pour le pire, parce que j'ai pu une clisse de cenne»?

Rapidement, vous connaîtrez la réponse dans le premier épisode de cette troisième saison de la série imaginée et coproduite par Renée-Claude Brazeau, que Radio-Canada lance lundi à 21 h. La première heure, très bien ficelée, file à la vitesse de l'éclair. La deuxième vasouille et se perd légèrement.

Parce que bien honnêtement, on a hâte que la pseudo-romance entre Stéphanie «grosse patate» Valois (Hélène Florent) et le premier ministre Marc (Denis Bernard) se règle. Le coeur en miettes depuis sa rupture, Stéphanie passe ses journées en snuggie à ne pas s'occuper des enfants de la maisonnée infestés de poux. «Je n'ai rien vu», leur répète-t-elle, trop paresseuse et déprimée pour épouiller ses jeunes.

Plus mère indigne que jamais, Stéphanie découvre une nouvelle technique (pharmaceutique) pour endormir sa marmaille, qu'elle mettra aussi en lock-out. Et quand sa fille découvre un carton de tampon dans la poubelle, alors qu'il aurait dû être mis au recyclage, Steph pète un câble: «Là, tu te calmes sur l'ostie d'environnement.»

Ce qui était ingénieux avec La galère 2, c'était l'entrelacement astucieux de segments hyper dramatiques (comme les idées noires de la jeune Fred) avec des situations plus rigolotes, qui allégeaient la tension dans la maison Baer. Pour l'instant, cette Galère 3 vogue un peu trop dans la légèreté et souffre du manque de profondeur de certaines intrigues.

On pense ici à Mimi (Brigitte Lafleur), enceinte d'un prêtre cool qui «ne laissera jamais sa femme, parce que sa femme, c'est Jésus», nous rappelle Mimi. La scénariste ne pourra pas étirer cette situation trop longtemps. Par contre, le comique reviendra au galop dans une scène malaisante au salon d'esthétique où Mimi refoulera des hauts le coeur quand une cliente lui réclamera un autre blanchiment de l'anus «parce qu'il a fonci».

Personnellement, je préfère la vilaine Claude en mode attaque plutôt qu'en victime. Pendant deux épisodes, Claude se lamente de la prétendue pauvreté d'Antoine et ne réglera son cas qu'à la fin du deuxième épisode. C'est un brin longuet, non?

Les scènes de coups bas entre Jacques (Jeff Boudreault) et Isabelle (Geneviève Rochette), impliqués l'un contre l'autre en campagne électorale, apportent beaucoup de rires. Encore ici, on cherche de la viande télévisuelle autour de l'os.

Heureusement, la plume de Renée-Claude Brazeau est toujours aussi actuelle et vive: «J'haïs les punchs, sauf quand il y a du rhum dedans», fait-elle dire à Claude, qui déteste qu'on lui fasse des surprises. Les meilleures répliques ont été mises dans la bouche de l'éditeur véreux de Steph, qui lui rappellera que les «romans de bonnes femmes, ça se vend comme des ab rollers». «Et faut battre le poêle quand le rond est à high!» lui précise-t-il.

Malgré des imperfections ici et là, je resterai fidèle à ces quatre galériennes attachantes. Car Steph, Claude, Isa et Mimi donnent encore le goût de se planter devant la télé pour voir sur quel courant elles dériveront. Peu de séries possèdent encore ce pouvoir d'attraction.

Dubois: le réalisateur s'en va

La téléréalité Dubois en réalité n'a pas cartonné dans les sondages BBM: 326 000 téléphiles l'ont visionnée mardi soir sur V. Et ça se comprend. Mettons que des scènes d'épicerie, rangée par rangée, et des bébés qui mangent des oeufs poivrés, ça ne divertit pas tellement.

Le réalisateur de Dubois en réalité, Charles Martel, partage cet avis: il a remis sa démission à ses patrons de la boîte Trio Orange il y a deux semaines, insatisfait de voir son travail être constamment défait par-dessus son épaule. «Il y a trop de chefs dans ce projet-là. Beaucoup trop de gens ont eu un droit de regard. Le show a été charcuté de partout», confie Charles Martel, joint hier par La Presse.

Au départ, le réalisateur voyait dans Dubois en réalité un truc plus scénarisé, un peu à l'image de The Osbournes. «Claude ne partageait pas cette opinion. Moi, j'aurais voulu montrer des choses qu'eux ne voulaient pas», note Charles Martel.

Le générique de l'émission comprend son nom, mais les versions que V présente ne sont pas celles bricolées par Charles Martel. «On voulait faire ça plus divertissant, avec moins de scènes où ça mange des oeufs», indique le réalisateur démissionnaire.

Voilà pourquoi cette téléréalité dégage de forts parfums d'infopub. Une seule fois avons-nous eu l'impression d'observer le «vrai» chanteur populaire dans son intimité, quand il a pété les plombs, à la toute fin de l'épisode, en constatant que quelqu'un «avait fucké son stock». Insérez ici un chapelet de sacres.

Sinon, Crystal Miller a l'air de lire des cartons tendus par un technicien et Claude Dubois s'adresse aux caméras en parlant «au tu» à quelqu'un que le téléspectateur ne voit jamais. Tu sais, tu vois, tu comprends? répète Claude Dubois. Non, pas vraiment.

Dans les premières secondes de Dubois en réalité, Crystal note que c'est son amoureux qui a tout à perdre - 50 ans de carrière - dans cette aventure. En sachant ce qui se trame en coulisses, on constate que le risque de perte est minime. Inexistant, même. Voilà à quoi sert le fameux «droit de regard» obtenu par Claude Dubois. Parfait pour son autopromotion. Mais décevant pour le téléspectateur.