Premier gros coup de coeur de la saison d'automne: la comédie Mauvais karma d'Isabelle Langlois qui met en vedette un savoureux trio d'actrices composé de Julie Le Breton, Anick Lemay et Hélène Bourgeois-Leclerc.

Mauvais karma, c'est rigolo, c'est rapide, c'est vif et c'est diablement efficace. Les fans de Rumeurs renoueront avec l'écriture moderne et punchée d'Isabelle Langlois, qui a pondu les délicieux dialogues d'Esther, Benoît et Hélène avant de tomber au combat, après six saisons à l'antenne, complètement épuisée et lessivée.

Pour Mauvais karma, la scénariste a de nouveau du pep dans le stylo et a tricoté une comédie bien de son temps, portée avec beaucoup de panache par les trois héroïnes dissemblables. Trois copines d'enfance, maintenant dans la fin trentaine, dont les vies ont dérivé après le cégep. Bref, elles ne se fréquentent plus depuis 18 ans.

Sans perdre une seule seconde, le premier épisode, qui durera exceptionnellement une heure, nous transporte à l'enterrement de Jean-François (Benoît Gouin), le mari si parfait de Nathalie (Hélène Bourgeois-Leclerc). Nathalie, c'est un peu la «nounoune» du groupe, celle qui croit au bonheur avec un grand B et qui vit dans son propre conte de fées.

Par un curieux hasard, que vous découvrirez le mercredi 8 septembre à 21 h, les deux anciennes meilleures amies de Nathalie se pointent au salon mortuaire. Il s'agit de Kim (Julie Le Breton), une célibataire, chasseuse de tête de profession, ambitieuse, directe et un brin alcoolique. Une amazone en stilettos qui fume des pétards et qui écume les bars. Et il y a Sarah, une comptable plus beige que drabe, plate comme la pluie, insomniaque phobique et mariée «à un vieux débris» de 64 ans, joué par Raymond Bouchard.

L'arrivée d'Isabitch (Marilyse Bourke) près du cercueil déclenchera une série d'événements burlesques (ne posez pas de questions ici) qui conduira les trois filles au poste de police. C'est par le biais de leurs interrogatoires, menés par le sergent-détective Rajotte (Rémi-Pierre Paquin) que nous découvrons leur passé coloré. «J'ai l'air d'une vieille pute sur le crystal meth», lance Kim (Julie Le Breton) quand elle aperçoit sa photo «officielle» de cellule. Ça vous donne un aperçu du style piquant de Mauvais karma.

Le personnage de Sarah est le plus étonnant du trio. Anick Lemay, qui la campe avec beaucoup de finesse, est méconnaissable dans ses robes austères et son sourire de femme médicamentée. Pourtant, au fil des épisodes, cette Sarah calme et soporifique sera envahie par un volcan de pulsions incontrôlables, qui mettront son vieux couple en péril.

Car Mauvais karma, c'est ça: les vies «parfaites» des trois amies prennent une solide débarque. Pour Kim la tigresse, c'est un congédiement brutal. Habituée à empiler «du gros cash», la petite matrone frappe un mur financier.

Et pour Nathalie, c'est la mort de son homme idéal - dans un accident d'auto - qui la secouera et qui lui fera réaliser que son époux était tout sauf idéal. Bémol ici: en se glissant dans la peau de la naïve Nathalie, Hélène Bourgeois-Leclerc emprunte quelques inflexions et tics du personnage de Josée qu'elle a longtemps interprété dans Annie et ses hommes. Rien de scandaleux, toutefois.

Parlant de Nathalie, elle «héritera» aussi de la fille de son conjoint, Violette (Marianne Verville, la Aurélie Laflamme des bouquins), une pétillante ado de 15 ans. Violette a bien failli aboutir chez sa grand-mère Angèle en Floride, une aînée trop bronzée, trop maquillée, trop bardée de colliers et trop nicotinée que joue une Louise Latraverse méconnaissable. Malheureusement, cette Angèle ne fait qu'apparaître le temps de deux épisodes et disparaît par la suite. Elle ressurgira peut-être dans la deuxième saison, que développe présentement Isabelle Langlois.

En demi-heures, Mauvais karma file à la vitesse de l'éclair. Le générique d'ouverture est fort joli. C'est un peu plus tard dans la saison qu'une des têtes d'affiche de Rumeurs, Geneviève Brouillette, y fera son entrée dans les vêtements d'une pie-grièche, qui empoisonnera la vie de Sarah.

Pour ce Mauvais karma, Isabelle Langlois exploite une de ses grandes forces d'auteure, soit celle de créer des personnages féminins très forts. Dans un scénario d'Isabelle Langlois, les protagonistes sont à la fois flamboyantes et timides, fortes et vulnérables, drôles et intelligentes, comiques et rationnelles, bref, des créatures complexes qui révèlent leurs facettes une à une. C'est ce qui fait que ce Mauvais karma est très bon, finalement. Et qu'on y reviendra.