C'est le moment de l'année où les vacances montrent enfin le bout de leur nez et, en état de panique comme Saskia Thuot devant un gallon de Sico presque vide, vous sentez poindre, quelque part au fond de votre poitrine, le syndrome estival le plus répandu, celui du «faudrait tellement que...»

Cette maladie contagieuse d'été doit son nom à la phrase toute simple qui le fait éclore année après année toujours quelque part à la mi-juillet: bon, j'ai deux semaines complètement libres devant moi, faudrait tellement que je... (insérez ici une activité quelconque) .

Les intentions cachées derrière ce syndrome répandu sont toujours très louables, mais exercent une pression inutile sur le corps et l'esprit du vacancier. Résultat: croulant sous les obligations imaginaires, bang bang, l'estivalier craque et échoue près d'un plan d'eau. Et il ne bouge que pour rafraîchir son cocktail fruité à base de Prosecco. La sainte paix, quoi.

Les rechutes nous guettent toujours, par contre. O.K. là, faudrait tellement que j'invite X et Y à souper pour les épater avec un menu huit services comme dans un resto de Normand Laprise. (Désolé, mais c'est évident que cette soirée se transformera en 385-5555 avec de la Bud Lime achetée au dépanneur à 22h55 ou avec des recettes de Tostitos glanées chez Nicolas à Canal Vie.)

Faudrait tellement que je découvre pourquoi Anne Robillard vend autant de bouquins au Québec et en France. (Mauvais exemple ici: tenez-vous véritablement à le savoir? C'est ce que je pensais. Laissons les anges et les chevaliers se reposer, d'accord.)

Faudrait tellement que je lise la pile de magazines que j'ai empilés sur la table de chevet depuis septembre. (Non, faudrait pas. De toute façon, les dix trucs du Clin d'oeil pour combattre la peau sèche du pli de coude ne vous seront d'aucune utilité aujourd'hui, on s'entend là-dessus.)

Faudrait tellement que je me tape l'intégrale des Soprano, des Tudor ou de Rome en DVD. (Bonne idée, mais n'oubliez pas que Call-TV satisfait amplement quand notre cerveau a la consistance d'une sloche à saveur de Winchire wacheur.)

Faudrait tellement que je repeigne mon salon et que j'installe des rideaux dans la grande fenêtre. (finalement, Le mariage des meubles, L'espace d'un été, Bye Bye Maison et Des idées de grandeur, ça se regarde trrrès bien dans un salon non repeint et bien éclairé.)

Faudrait tellement que je me rende au Patriote de Sainte-Agathe pour voir Michel Forget dans la pièce de théâtre d'été À la Clémentine. (Hmm, oui, peut-être, mais il y a aussi Rihanna au Centre Bell et Osheaga au parc Jean-Drapeau, pas mal plus accessibles en métro.)

Faudrait tellement que je fasse le grand ménage dans mes amis Facebook. (En même temps, il y a tellement de ces amis que l'on conserve uniquement pour les espionner ou pour rire de leurs photos de mariage thématique qu'il serait dommage de les effacer.)

Sur ces belles paroles dignes d'une chanson de Miley Cyrus, je vous abandonne lâchement en vous souhaitant un sapré bel été, chers lecteurs. On se retrouve début août, même heure, même poste. En attendant, faudrait tellement que je refasse le plein d'idées et de sujets pour vous divertir tout l'automne.

Je lévite

Avec le CD Sex Dreams&Denim Jeans de Uffie. Après le gros succès de Pop The Glock, cette artiste électro-pop qui a inspiré Ke$ha a beaucoup trop tardé avant de lancer son premier effort solo. N'empêche. C'est un CD parfait pour un voyage sur la route en direction d'une plage - frigorifiée - de la côte est américaine.

Je l'évite

Le nouvel album Maya de M.I.A. Ce n'est ni mauvais, ni rasoir, ni raté, mais ça n'accote pas Arular ou Kala, malheureusement. Et cette galette éclectique remplie de sons d'arcade ne renferme aucune bombe incendiaire comme Galang, Paper Planes, Boyz ou Bucky Done Gone. Bof.

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