Oubliez - du moins, essayez d'effacer - le Kaaamouraaassskaaa poussé par Geneviève Bujold, le scratch de Karine Vanasse ou ses poèmes impressionnistes sur la création cinématographique. La 12e Soirée des Jutra, dirigée par l'expert Patrice L'Écuyer, ne baignera pas dans des trucs expérimentaux, mais bien dans le glamour et l'émotion.

L'animateur, qui étrennera un tuxedo le soir du dimanche 28 mars, aime bien (et avec raison, d'ailleurs) que les finalistes d'un gala enfilent de jolis et chic vêtements pour un événement de coutume très pailleté. «Tu gagnes un prix et tu arrives sur la scène avec une chemise toute croche, ça ne marche pas. Si les gens à la maison voient que les artistes sont bien habillés, ils se disent: OK, c'est spécial pour eux autres aussi», note Patrice L'Écuyer, qui a déjà piloté le gala MétroStar et celui de La Presse, mais jamais les Jutra.

Une opinion sur la mode que partage le metteur en scène de cette fête du cinéma québécois, Yves Desgagnés. «Dans un gala, il n'y a rien de plus représentatif qu'une belle actrice dans une belle robe qui remporte un prix», constate-t-il. Et même si le tapis rouge d'ARTV disparaît, Patrice L'Écuyer insiste: «Les robes, vous allez les voir.» Message subtil, ici: Philippe Dubuc, Marie Saint Pierre, Denis Gagnon, Ève Gravel ou Andy Thê-Anh, c'est le temps de prêter/louer/refiler vos créations à des vedettes qui risquent de grimper sur le podium. Publicité gratuite.

Gros changement dans les Jutra ce printemps: le gala sort enfin du studio 42 de Radio-Canada, et de son ambiance de salon funéraire, pour s'installer à la TOHU, dans le nord de la ville. Un déménagement qui enchante Patrice L'Écuyer. «Le studio 42, c'est parfait pour les événements musicaux. Dès que c'est un événement parlé, comme un gala, c'est un cercueil. Et un gala au Palais des congrès, quand tu es assis à la quatrième table, l'animateur est gros comme ça et ça ne t'intéresse pas», note-t-il.

Et à la TOHU, qui n'a jamais hébergé de galas télévisés? «Ça va être soit extraordinaire, soit catastrophique», prédit Patrice L'Écuyer.

Environ 900 cinéphiles s'assoiront dans les gradins circulaires de la TOHU. Les organisateurs concoctent une cérémonie simple, «sans artifice, bébelle, patentes ou clowneries». «Ça ne m'intéresse pas vraiment, les grands numéros de production», ajoute Yves Desgagnés.

Contrairement à l'ADISQ, qui a renoncé à son prix-hommage cet automne, l'équipe des Jutra n'y songe pas encore. C'est le distributeur René Malo qui le recevra cette année. Entre vous et moi, le segment hommage est très rarement l'élément fort d'un gala artistique, à moins qu'il s'agisse d'une légende hyper connue du public qui est honorée. Mais, bon.

Au total, Patrice L'Écuyer et ses acolytes remettront 16 prix en ondes, dont 10 dans des catégories dites de métier. Évidemment, une portion de la soirée servira à saluer les disparus de la dernière année dont Marcel Simard, Gilles Carle et Pierre Falardeau.

Radio-Canada prévoit une soirée qui ne dépassera pas 2 h 30. De son côté, Patrice L'Écuyer aurait préféré raccourcir un brin: «Un gala, l'idéal, c'est deux heures», indique-t-il.

Dans la course aux statuettes dorées, les films suivants ont récolté des nominations multiples: Polytechnique, J'ai tué ma mère, Dédé à travers les brumes, 1981, Le jour avant le lendemain et Grande Ourse: la clé des possibles. Comme le processus de sélection des finalistes a été modifié en 2010, c'est un jury de 18 professionnels qui établit maintenant la liste des nommés après avoir visionné toutes les oeuvres, la grogne de l'an dernier s'est partiellement estompée.

Seul grincement: La donation de Bernard Émond, qui a été écarté des catégories de pointe (réalisation et meilleur film). «Il y a eu plus que cinq bons films. C'est certain que de très bons films ont été échappés. Pour certains, c'est La donation», philosophe la présidente de la Soirée des Jutra, Danielle Proulx, qui a milité pour ces changements structurels. «On a débattu fort. Je ne peux pas dire que j'étais majoritaire», remarque la comédienne.

La liste des finalistes a ensuite été envoyée à 7733 artisans de l'industrie du septième art. Le délégué général des Jutra, Henry Welsh, estime qu'environ 1000 de ces bulletins auront été dûment complétés, ce qui servira à couronner les gagnants.

Le mot de la fin? «Nous n'aurons pas à rougir devant aucun autre gala dans le monde», assure Patrice L'Écuyer.

Petit départ pour Musée Eden

Le nouveau thriller historique de la SRC, Musée Eden, n'a pas cartonné mardi soir pour sa première: 735 000 fans l'ont suivi, contre 899 000 pour La promesse à TVA. C'est Providence qui a raflé les honneurs de l'émission la plus populaire de la soirée avec 1 023 000 accros. Sur les ondes de RDS, le match du Canadien de Montréal contre les Rangers de New York a intéressé 575 000 amateurs.

 

Photo: Radio-Canada

Patrice L'Écuyer anime les Jutra.