Avis d'intérêt public numéro 682: si vous n'avez pas visionné les finales de Mirador et de Trauma cette semaine, les deux séries prestigieuses de l'hiver radio-canadien, ou que vous prévoyez les rattraper sur Tou.tv ce week-end, arrachez cette chronique et on se retrouve plus tard à la section des mots fléchés, d'accord?

Super. Attaquons d'abord Mirador, qui a été bouclée de façon très habile avec la quasi-implosion du cabinet familial, la réconciliation de nos Caïn et Abel des relations publiques et un scoop bien juteux pour la féroce journaliste d'enquête de L'Observateur Lydia Derecho (Geneviève Rochette).

 

Ce personnage de reporter aux dents longues, baveuse et frondeuse, a un peu redoré le blason de notre profession, souvent malmenée à la télévision. Enfin une journaliste qui n'est pas complètement ivre à 16h et qui, croyez-le ou non, publie des papiers fouillés sur des sujets explosifs. Note à moi-même: relire ce paragraphe quand je devrai couvrir les péripéties à l'intérieur de la maison de Big Brother. À chacun ses combats et ses méthodes pour déterrer la Vérité avec un grand V.

La finale de Mirador, mercredi soir, a racheté certains épisodes plus ou moins bien fignolés de cette première saison. Je pense à celui de l'entraîneur de hockey filmé par un prostitué, par exemple. Ou à cet autre avec l'oncle de Véronique (Pascale Bussières), un écrivain qui avait déjà collaboré avec la Stasi. Pas les plus palpitants du lot, mettons.

Les auteurs Daniel Thibault et Isabelle Pelletier fignolent actuellement la structure qui tiendra Mirador 2 l'an prochain. Un conseil? Poursuivre sur la lancée des deux derniers épisodes, qui ont été haletants et bourrés de suspense. Un attentat, un vaste complot pharmaceutique, une enquête corsée, une fausse-couche et une scène poignante aux soins intensifs: que demander de plus?

Comme fan de télé, j'adore quand un auteur - même s'il boucle son histoire en 60 minutes - jette tout de même des éléments mystérieux dans le décor, ce qui accroche le téléspectateur au récit et le force à se creuser les méninges. Dans Mirador, le volet de la double (ou de la triple) vie de Mylène (Évelyne Brochu) a joliment été tissé sur plusieurs épisodes. Même chose avec les magouilles de Richard Racine (Gilles Renaud) dans le dos de ses fils Luc et Philippe.

Il manquait peut-être un grand bouleversement dans la vie de Chantale (Catherine Trudeau) pour que les adieux de Mirador soient encore meilleurs.

Chez Trauma, dans le dixième et dernier épisode diffusé mardi soir, la série a pris fin sur une magnifique version du Bon Dieu de Jacques Brel, interprétée avec beaucoup de sensibilité par Ariane Moffatt.

Et Fabienne Larouche a adroitement mis la table pour la suite de son drame médical: Julie Lemieux (Isabel Richer), opérée par son amoureux, survivra-t-elle à son saignement sentinelle? Sans doute. En espérant que l'intervention l'empêche de retourner aussi souvent dans son enfance, s'il vous plaît.

Avec ses superbes images, dont celles, sublimes, de Montréal, Trauma a étincelé dans nos salons. Il aurait cependant fallu que Fabienne Larouche décongèle le personnel de Saint-Arsène pour l'humaniser, le rendre plus chaleureux. Toutes les fois où un employé de l'hôpital affichait un air empathique, il lançait une phrase plaquée comme: «Les cadeaux de ceux qui sont partis, c'est comme des morceaux de vie qui arrêtent le temps», ce qui anéantissait son capital de charisme.

Maintenant, pour Trauma 2, on espère des gros cas médico-éthiques, moins de séminaires de psychanalyse, plus d'adrénaline de salle d'urgence et des opérations abracadabrantes. Stat! Allez, stat!

Je lévite

Avec Flash Delirium de MGMT. Enfin, du nouveau matériel à dévorer de ce duo de Brooklyn. On aime encore Kids, Time to Pretend et Electric Feel, mais on commence à se lasser sérieusement. Ah oui, leur CD Congratulations sort le 13 avril.

Je l'évite

L'infopub pour le EZ Cracker. Sérieusement, y a-t-il quelqu'un qui a acheté ce ridicule bidule en plastique servant à casser des oeufs, je répète, à casser des oeufs sans faire de dégât? Un peu de sérieux, quand même.