Question: ici, vos marathons de séries télé en DVD se déroulent-ils en anglais ou en français? Si vous préférez entendre parler des «Autres» plutôt que des «Others» dans Perdus, le choix qui s'offre à vous ratatine dramatiquement: à peine 13,8 % des coffrets DVD d'émissions américaines qui ont été commercialisés en 2009 au Québec renfermaient une piste sonore en français.

C'est une légère augmentation par rapport à 2008 (10,8 %) et 2007 (11,7 %), mais c'est tout de même nettement insuffisant. «C'est pathétique», tranche Mathieu Daoust, rédacteur en chef du webzine dvdenfrancais.com, qui compile ce type de statistiques depuis quelques années.

Le problème, c'est que rien n'oblige les studios américains à offrir aux consommateurs québécois les versions françaises de ces séries populaires, qui ont pourtant presque toutes été doublées. Par exemple, le Dr Gregory House s'exprime dans un français international sur les ondes de TVA depuis plusieurs saisons déjà, mais jamais sur un support DVD. Les coffrets en français de House n'ont jamais été distribués au Québec. En France, oui. Mais pas ici.

Même situation pour Mad Men: la version française existe, car Télé-Québec l'a achetée, mais impossible de se la procurer chez nous. C'est absurde. Pourquoi? D'abord, sachez que nos grands réseaux bouclent des ententes d'exclusivité quand ils mettent la patte sur Perdus ou Beautés désespérées. Conséquence? Ils bloquent ainsi une fenêtre pendant laquelle la version française de la série ne peut atterrir sur les tablettes des grands magasins comme Archambault ou HMV. «Oui, c'est un point de négociation. On veut la primeur», confirme la porte-parole de la SRC, Nathalie Moreau.

De son côté, TVA affirme ne pas exiger systématiquement de fenêtre d'exclusivité quand elle achète Les héros, un autre produit qui demeure mystérieusement unilingue anglophone en format DVD. «Les studios américains sont très pressés de sortir leurs DVD dès que la diffusion en anglais est terminée. Ils n'attendent pas le doublage en français», constate la porte-parole de TVA, Nicole Tardif.

Hier, personne à la Régie du cinéma du Québec n'a répondu aux appels de La Presse. Même silence à l'Office de la langue française (OLF).

Dernier truc: si les Warner, Paramount, Fox, Sony ou Buena Vista décident d'inclure la bande française dans les coffrets, ils doivent refaire un boîtier bilingue, ce qui implique des coûts supplémentaires pas toujours rentables pour des séries moins canon que Dre Grey: leçons d'anatomie ou Sexe à New York. Donc, si ça rapporte des sous aux studios, vous pourrez dévorer vos coffrets en français. Sinon, c'est rien du tout. Ne trouvez-vous pas que ça sent un peu le mépris et l'indifférence envers les téléphiles francophones?

TLMEP domine

Sans grande surprise, c'est l'émission spéciale de Tout le monde en parle qui a raflé les cotes d'écoute les plus juteuses le soir du 31 décembre: 1 806 000 téléspectateurs ont trinqué avec Guy A. Lepage et Dany Turcotte sur les 12 coups de minuit. La SRC a ainsi devancé TVA et son Dieu, merci, l'année est finie (1 663 000). De son côté, Infoman a attiré 1 122 000 curieux comparativement à 773 000 pour Gérard D. Laflaque. L'an dernier, la première diffusion du Bye Bye de Louis Morissette et Véronique Cloutier avait rivé 2 668 000 personnes devant leur téléviseur.