Si la qualité du jeu des quatre comédiens principaux et le bel équilibre comique-dramatique se maintiennent à ce qu'on a pu voir dans les deux premiers épisodes, cette quatrième saison de C.A., qui décolle à la SRC le lundi 4 janvier à 21 h 30, risque d'être la meilleure du lot. Voilà, c'est écrit.

Ce joli constat s'imposait hier après le visionnement de presse de ce dernier conseil d'administration: oui, c'est franchement drôle, mais c'est aussi très poignant. La série coquine, un brin superficielle et froide dans ses premiers balbutiements en 2006, a pris beaucoup de maturité, de sensibilité et de profondeur. Si le troisième chapitre vous a charmés l'an dernier, le quatrième vous ravira davantage. Du moins, c'est ce qui se dessine.Sans sacrifier les répliques assassines, toujours aussi rigolotes et efficaces, l'auteur Louis Morissette poursuit l'exploration du côté sombre de Jean-Michel, Sarah, Yannick et Maude sans toutefois nous assommer avec leur pathétisme. Rapidement, vous verrez que nos quatre mousquetaires des relations amoureuses, tous dans la mi-trentaine, en arrachent. Vraiment beaucoup.

Le premier épisode s'ouvre avec le premier anniversaire d'Alexia, la fille de Sarah (Isabelle Blais) et Martin (Alexandre Goyette), un couple - le plus stable de toute l'histoire de C.A. - qui se désagrège sous nos yeux. Car Sarah, plus contrôlante que jamais, écarte systématiquement Martin de tout ce qui entoure l'éducation de la gamine. Et elle ne prend plus soin d'elle. Du tout. Dans une scène formidable, tournée dans le vestiaire d'un gym, Maude (Sophie Bourgeois) lancera à Sarah une première vacherie à propos de son laisser-aller: «Je pense que t'as les Jackson Five dans tes bobettes.»

C'est d'ailleurs Maude qui secouera le plus Sarah, obnubilée par son rôle de maman: «Femme ou mère? Tu suces ou tu fais des lunchs? Tu es laquelle?» Évidemment, C.A. ne s'appellerait pas C.A. sans quelques phrases un peu crues, non?

Le personnage le plus triste, le plus détestable du quatuor demeure Jean-Michel (Louis Morissette). Sans emploi et accro à la cocaïne, il quête encore de l'amour auprès de filles de 19 ans. Avec des résultats catastrophiques. «Tu dois toujours te faire dire que tu ressembles à Julie Masse», souffle-t-il à une jeune amazone de moins de 20 ans accoudée au bar. «À qui?» lui répond-elle. «À Julie Masse, la femme de Corey Hart», enchaîne Jean-Michel. «C'est qui, ça, Corey Hart?» conclut la belle blonde. Bang, dans les dents.

Du côté de Yannick (Antoine Bertrand), il vit avec sa nouvelle copine, Valérie (Sylvie De Morais, Sacha dans Yamaska), mais leur relation se complique sous la couette. Plombé par des problèmes érectiles, ou souffrant de «Speedy Jean-Guy» selon Jean-Michel, Yannick perd toute sa confiance au lit, ce qui l'amènera à visiter des établissements, disons, un peu glauques.

Quant à Maude, lavée par son ex-copain Raphaël (Stéphane Gagnon), elle fréquente un gars presque trop parfait (Patrice Godin), qui refuse de coucher avec elle. «Il a l'air d'aimer la vitrine, mais il est difficile à faire entrer dans le magasin», se plaint-elle. Attendez de voir pourquoi et comment Maude larguera Monsieur Perfection. Un moment comique enrobé d'une profonde tristesse, qui démontre toute la complexité de cette femme brisée.

C.A. 4, c'est ça: une écriture moderne collée sur la réalité de plusieurs adultes de 20 à 40 ans. À la réalisation, signée Nicolas Monette, petit changement: les personnages s'adressent plus souvent à la caméra pendant les scènes-signatures, où ils revoient un événement auquel ils n'ont pas assisté.

Radio-Canada commanderait bien une cinquième saison de C.A. à Louis Morissette. «Aidez-nous à le convaincre», a même blagué la directrice de la télévision française de Radio-Canada, Louise Lantagne. Rien à faire, l'auteur et comédien a fermé la porte. «J'ai peur de la redite. Je ne veux pas spinner dans le beurre», note Louis Morissette, qui planche encore sur sa série Plan B avec Jean-François Asselin, créateur de François en série.

Comment le quatuor nous quittera-t-il au 13e épisode, après quatre années de tricotage et d'exploration de chantier? «On ne finit pas ça dramatique. On ne finit pas ça positif. On finit ça réaliste», souligne Louis Morissette.

La petite vie cartonne

Décidément, les téléspectateurs québécois s'ennuyaient beaucoup de Moman, Popa, Creton et Raynald Paré: le documentaire sur les 15 ans de La petite vie a attiré 1 435 000 fans mardi soir. Ce qui est de très bon augure pour l'émission spéciale de Noël, que Radio-Canada a logée dans sa case la plus prestigieuse, celle de Tout le monde en parle, dimanche prochain à 20 h.

Photo: fournie par Novem

Le premier épisode de C.A. 4 s'ouvre avec le premier anniversaire d'Alexia, la fille de Sarah (Isabelle Blais) et Martin (Alexandre Goyette), un couple qui se désagrège sous nos yeux.