This Is It s'adresse aux fans de Michael Jackson. Aux purs et durs. Si vous aimez un peu Thriller à l'Halloween et tolérez Billie Jean dans les mariages, question de danser un «bon continental», vous allez trouver ce film-testament de 1h50 plutôt rasoir et assommant.

Car This Is It, sobre courtepointe musicale, ne raboute que des extraits de répétition du mégaspectacle que le Roi de la pop, 50 ans, prévoyait donner 50 fois à l'aréna O2 de Londres. Pas d'entrevue avec le chanteur pailleté, pas d'apparition-surprise de ses trois gamins, que des segments enregistrés dans un amphithéâtre vide de Los Angeles devant une poignée de danseurs qui vénèrent la star gantée comme s'il s'agissait de l'incarnation d'Allah.

Pour un admirateur de Jackson, c'est du bonbon que d'avoir accès à ces images exclusives, dont certaines ont été tournées quelques heures avant sa mort, survenue le 25 juin dernier. Par contre, on ressort du cinéma englué d'un sentiment doux amer, car This Is It nous montre un Michael Jackson qui tourbillonne avec grâce, fluidité et agilité sur scène. Et sa voix, étonnamment ronde, ne casse pas après 30 secondes de chant. Tout un contraste avec l'image de squelette décharné, de star en déclin ou de mort-vivant émacié que les tabloïds placardaient à la une depuis des lunes.

Le film de Kenny Ortega (High School Musical) confirme plutôt que le champion du «moonwalk» n'était pas complètement fini et que le chanteur aurait probablement obtenu le triomphe après lequel il courait depuis tant d'années. La séquence bâtie autour de Thriller, rebrassée à la sauce Tim Burton, est époustouflante. Sur Human Nature, l'artiste s'époumone comme à la belle époque, tenant toutes ses notes - parfois très aiguës - jusqu'à la fin. L'icône de la musique urbaine brille aussi sur Beat It et Black or White.

Bien sûr, Jackson ne pète pas le feu du début à la fin de This Is It. Mais comme aucune date n'a été accolée à la centaine d'extraits qui forment le film, il faut se fier à l'apparence physique de la pop star - ainsi qu'à ses vêtements, malheureusement tous horribles - pour juger de son état de santé. Dans son kit de skinny jeans orange porté avec des souliers en cuir vernis, Michael Jackson se démène comme une Madonna batifolant dans la fontaine de Jouvence. On en conclut donc qu'il amorçait son marathon de répétitions, quelque part en avril 2009. Et bien honnêtement, il n'a aucunement l'air d'un zombie accro au Propofol.

Dans son pantalon Ed Hardy, que ses jambes allumettes ne remplissent qu'à moitié, MJ n'en mène pas large, ce qui nous le situe probablement en fin de parcours. Là, il ressemble à Skeletor moulé dans un veston cintré de Thierry Mugler.

Étrangement, This Is It est un show de coulisses qui se déroule à 90% sur une scène. Les 10% restants, une des parties les plus fascinantes du documentaire, comprennent les interactions de Jackson avec les membres de son équipe, qui révèlent un artiste humble, méticuleux et perfectionniste. Quand il se plaint du volume trop fort dans ses oreillettes, jamais il n'explose ou ne pique de crise de diva.

Si vous avez le goût de fredonner les plus grands succès de Michael, de taper du pied et d'admirer la star américaine sous son meilleur jour, vous ne regretterez pas votre ticket d'entrée pour This Is It. Pour tout le reste, il y a MasterCard, non?

Je lévite

Avec la chanson Tik Tok de Ke$ha. C'est de la pop sucrée, hyper accrocheuse, manufacturée par une jeune Américaine de 22 ans qui allie la personnalité de Pink, la voix d'Avril Lavigne et la dégaine de Britney Spears.

Je l'évite

La pièce Cache-cache de Maxime Landry. Premier extrait du nouvel album Vox Pop du champion de Star Académie 4, Cache-cache sonne comme n'importe quelle autre ballade sirupeuse qui dégouline chez Rock-Détente et Rythme-FM. Zéro originalité. Ah, oui, c'est Lynda Lemay qui l'a composée.

Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca