Levez la main si vous avez déjà a) enguirlandé une incompétente préposée au service à la clientèle d'une grande compagnie de téléphone, b) hurlé d'impatience pendant qu'une voix pseudo rassurante roucoulait que «ce délai est bien involontaire», ou c) crié que vous alliez dénoncer (nom de cette même boîte de télécommunications) à l'Office de la protection du consommateur tellement elle traitait ses clients comme du bétail.

Moi, je coche toutes ces réponses. Sérieusement. L'exécrable service après-vente qu'offrent trop d'entreprises québécoises est une vraie plaie. Parler à un être humain, dans ce dédale téléphonique kafkaïen, s'avère aussi compliqué que le texte sous-jacent de Destinées. Et quand une «vraie» personne décroche enfin, zap! elle nous catapulte vers un autre département, doté d'un autre système de reconnaissance vocale, où il faut tout reprendre du début. Au secours.

Dans un reportage fort éclairant diffusé hier soir, et que vous pouvez visionner en ligne au www.radio-canada.ca, l'équipe de La facture de Radio-Canada a révélé que le service à la clientèle de certains géants des télécommunications sert aussi à vendre des produits dérivés et d'autres cossins. Le but? Faire gonfler votre facture et amortir les coûts liés au maintien d'un coûteux centre d'appels.

En entrevue avec Pierre Craig, trois ex-employés de Bell et Vidéotron témoignent à visage découvert de ce qui grésille au bout de la ligne. «C'est juste vendre qui est important», dit l'un d'eux. Ils engagent des vendeurs, renchérit l'autre. La meilleure citation du document de La facture? «C'est pas payant, en tant qu'employé, un client qui chiale, puis qui est trop compliqué à comprendre.»

Chez Bell, des agents du service à la clientèle empochent même des commissions quand il réussissent à hausser le montant total de votre état de compte mensuel. Vous appelez pour signaler un problème technique ou réclamer de l'aide? Oubliez ça. L'agent vous propose une panoplie de nouveaux services - non sollicités, bien sûr - dans une conversation ne devant surtout pas dépasser 15 minutes. Sinon, toujours selon La facture, une lumière rouge clignote et le préposé se prépare à vous couper le sifflet. Quand ça devient compliqué, le but, «c'est de se débarrasser de vous», souffle un de ces ex-employés au soutien technique.

Heureusement, les choses s'améliorent. Dans sa plus récente pub télé, en ondes depuis le 28 septembre, Vidéotron martèle son nouveau slogan: «le pouvoir de parler à un humain rapidement».

C'est la pub où un baby-boomer, planté devant son ordi, manque de s'étouffer en entendant une voix humaine lui répondre au téléphone. Très drôle, très efficace, très bien tournée.

Chez Bell, le porte-parole qui a parlé à La facture, Jacques Bouchard, a quitté l'entreprise. Sa remplaçante, Claire Fiset, disait hier que dans le rapport annuel de 2008, le grand patron de Bell Canada, George Cope, souhaite faire du «service à la clientèle sa priorité numéro un». On verra bien.

Toujours dans le milieu du travail, mais à Télé-Québec cette fois-ci, ne ratez pas la série documentaire Un monde sans pitié, dont la première tranche d'une série de trois a été diffusée lundi à 21 h. Oui, en même temps que La galère et Lance et compte. Une case horaire un peu suicidaire, mais bon.

Ce documentaire, imaginé par Marie-Josée Cardinal et réalisé par Marie-Julie Dallaire, pose la question qui tue: pourquoi le travail gruge-t-il autant d'espace dans notre vie personnelle?

Sommes-nous vraiment plus libres alors que nous trimballons nos bureaux à la maison et que nos cellulaires vibrent à toute heure du jour? Pourquoi la construction de notre identité se forge-t-elle uniquement autour de notre boulot?

Après avoir goûté à ce Monde sans pitié, on a le goût de savourer notre lunch partout sauf devant l'ordinateur, on songe à tirer le BlackBerry par la fenêtre de la voiture et on pense à fermer notre compte Twitter pour de bon. Libérez-nous de la techno!

La télé en chiffres

Gros jeudi de télévision pour TVA. À 20 h, Dieu merci! a intéressé 1 461 000 téléspectateurs et les débuts du Gentleman ont rivé 1 194 000 fans devant leur poste. À Radio-Canada, Enquête (412 000) et 3600 secondes d'extase (375 000) n'ont pas fait le poids.

Vendredi, l'émission spéciale de Paquet voleur, où des vedettes s'amusaient avec Véronique Cloutier, a récolté une audience de 749 000 amateurs. Kampaï a attiré 516 000 curieux.

Dimanche soir, pas de gros bouleversements dans l'ordre télévisuel mondial, malgré les correctifs apportés par TVA. Le banquier de Julie Snyder a glissé sous la barre des 2 millions, mais demeure l'émission la plus populaire avec ses 1 990 000 fans. Occupation double 6 a réuni 1 618 000 personnes devant leur télé, tandis que 1 267 000 autres fréquentaient Tout le monde en parle. Tout de suite avant, Découverte a rallié 682 000 téléspectateurs et Et dieu créa Laflaque est monté à 703 000 personnes.