Le téléroman ne véhicule - heureusement - plus cette image surannée et empoussiérée de mamies qui sirotent un «bon café» dans une cuisine en carton. Annie et ses hommes et Providence, deux téléromans extrêmement bien ficelés, ont démontré au fil des ans qu'ils s'apparentent beaucoup plus à des séries coûteuses qu'à Entre chien et loup ou La part des anges, mettons.

Avec Yamaska, le nouveau téléroman de TVA qui démarre lundi à 20 h, les talentueux créateurs Anne Boyer et Michel d'Astous poussent ce genre télévisuel encore plus loin en plaçant quatre jeunes hommes au centre de leur intrigue touffue et en nous racontant leur histoire tragique avec de multiples retours en arrière.Dans un téléroman dit traditionnel, c'est autour de la mère ou d'une figure féminine forte que pivotent les personnages. Pas dans Yamaska, qui tourne autour des frères Geoffroy et Théo Carpentier, ainsi que de leurs copains Olivier Brabant et Lambert Harrison, dont l'âge oscille entre 18 et 25 ans. Yamaska, c'est aussi la longue histoire d'amitié des pères de ces quatre cégépiens de Granby, campés par Normand d'Amour, Patrick Labbé et Denis Bernard.

Dans le premier épisode, le tandem Boyer-d'Astous amène très rapidement la scène qui chamboulera à jamais les vies des familles Carpentier (les dysfonctionnels), Brabant (les bohèmes) et Harrison (les bourgeois). Théo, Geoffroy, Oliver et Lambert festoient au chalet, sifflent quelques bières et décident de s'adonner au ski nautique en pleine nuit. Vous voyez débouler la suite: un horrible accident blesse grièvement deux d'entre eux. Théo hurle: «Fuck». Un des jeunes en mourra, mais son identité restera secrète pendant quelques épisodes.

Puis, un panneau «le matin de l'accident» apparaît et les auteurs revisitent chacune des familles dans les heures précédant la tragédie, une astuce scénaristique très payante. Qui a prêté le chalet? Qui conduisait le bateau? Pourquoi Geoffroy (Pascal Darilus) abandonne-t-il ses potes en plein party?

Les indices s'accumulent et nous découvrons que ces trois familles, en apparence unies et parfaites, cachent très mal leurs douloureux secrets. Chez les Carpentier, ça brasse en grande partie en raison du caractère explosif de la mère Réjanne, un fascinant personnage interprété par Élise Guilbault. Ça sent le prix Gémeaux ici. On prend des paris?

Violente, manipulatrice, à la fois enjôleuse, charmeuse et tranchante comme un couteau, Réjanne rentre d'une cure de trois mois pour traiter un grave problème d'agressivité. Son fils Théo (François Arnaud, vu dans Les grandes chaleurs et J'ai tué ma mère) ne lui adresse plus la parole et a même fui chez son ami Olivier. Pourquoi? Mystère. «Je n'accepterai jamais qu'on me vole mon gars», sifflera Réjanne au père d'Olivier, joué par Patrick Labbé. Théo laissera même sous-entendre que sa maman a déjà sorti «son gun» pour régler des conflits.

Chez les Harrison, riches propriétaires d'une pépinière, le vernis craque aussi. Obsédée par son boulot, Julie (Chantal Fontaine) néglige son mari William (Normand d'Amour). Leur fille Ingrid (Roxane Gaudette Loiseau), une adolescente volage très consciente de ses charmes, vit dans l'ombre de Lambert-son-frère-parfait. Bref, les tensions bouillent. Et une adultère se profile assez clairement, merci.

Pour l'instant, les tourments épargnent la maison des Brabant, où vivent la grand-mère Marthe (Patricia Nolin), le papa Étienne (Patrick Labbé) et le fils Olivier (Émile Mailhiot). Mais où se cachait donc la mère Hélène (Anne-Marie Cadieux) le soir de l'accident de son fils unique?

Chacun des épisodes de Yamaska possède un narrateur différent, ce qui colore le récit d'agréable façon. La réalisation, moderne et efficace, appuie solidement les textes et l'ajout de nombreuses scènes extérieures, comme dans Providence, procure à Yamaska des airs de série à 600 000 $ l'heure.

Quant aux pièces musicales entendues dans le téléroman, elles ont été enregistrées par artistes du Festival de la chanson de Granby. Belle vitrine pour la relève. Si le reste de Yamaska est aussi bon que les deux premiers épisodes montrés hier aux chroniqueurs télé, on y reviendra, c'est certain.

Des chiffres et des lettres

Résultat du premier affrontement entre La galère et Lance et compte: le grand duel lundi soir? Avec leurs 720 000 téléspectateurs, les filles de la SRC ont été éclipsées par les gars de TVA (1 232 000 fans). À RDS, le match du Canadien a captivé 428 000 amateurs. Sur les ondes de TVA, La classe de 5e de Charles Lafortune a scoré à 1 141 000 téléspectateurs. À 18 h, La guerre des clans de V (285 000) a légèrement dépassé Le téléjournal de Radio-Canada (262 000). Les Parent (924 000) et L'auberge du chien noir (1 102 000) ont aussi décroché de grosses audiences.

Photo: François Roy, La Presse

Adam Kosh, Chantal Fontaine, François Arnaud et Pascal Darilus font partie de la distribution de Yamaska.