C'est un site web un peu trash et exécré par les stars de Hollywood - TMZ.com - qui a claironné en premier la mort de Michael Jackson dans l'après-midi du 25 juin. Une publication traditionnelle comme le Los Angeles Times, véritable bible de l'industrie du divertissement, a mis beaucoup plus de temps à contacter des sources assez fiables pour confirmer le décès du roi de la pop.

Entre l'annonce de TMZ, spécialisé dans la manchette artistique, et celle du LA Times, il y a eu un gros flottement de 30 minutes, où l'intelligentsia médiatique a marché sur des oeufs. Pouvait-on vraiment se fier aux infos collectées par TMZ, ni plus ni moins qu'un tabloïd web alimenté par des paparazzis affamés aux méthodes de travail, comment dire, peu conventionnelles? Bonne question.

 

Car avant d'apprendre la mort d'une vedette planétaire comme MJ à ses lecteurs, auditeurs ou internautes, une entreprise de presse doit être certaine à 4000% de la véracité, de la solidité et de l'authenticité des faits. C'est le genre de nouvelle impossible à corriger élégamment une fois qu'elle a été catapultée publiquement: «Contrairement à ce que nous écrivions hier, Michael Jackson n'est pas vraiment mort. Il est vivant! Yé! Ah oui, nos excuses à tous les fans qui se sont étouffés dans leur café ce matin et qui ont pleuré pour absolument rien.» Bonjour la crédibilité par la suite.

Ce scoop mondial de TMZ a ravivé ce débat qui commence à dater un peu: assistons-nous au triomphe des nouveaux médias sur les vieux? Personnellement, et il s'agit sans doute d'un vieux réflexe de l'ère pré-Twitter, j'ai attendu qu'un journal reconnu comme le LA Times certifie la nouvelle avant de croire la même info relayée par TMZ.

Pourtant, depuis sa mise en ligne en décembre 2005, TMZ.com a débusqué une série de scoops qui n'ont jamais été démentis par la suite et qui ont autant alimenté les Us Weekly que le New York Times. C'est TMZ qui a placardé en ligne les photos troublantes de la popstar Rihanna couverte d'ecchymoses après une dispute avec son ex, le chanteur Chris Brown. C'est aussi TMZ qui a rendu public un message téléphonique hargneux où le comédien Alec Baldwin insultait sa fille de 11 ans. C'est encore TMZ qui a filmé l'arrestation d'un Mel Gibson en état d'ébriété qui déblatérait des propos antisémites. Toutes ces histoires exclusives ont abondamment été commentées. Partout.

Sous un aspect moins reluisant, c'est ce même TMZ qui génère des millions de clics en bourrant ses pages de vidéos insignifiantes et de photos mal cadrées de la sainte trinité des starlettes hollywoodiennes: Paris Hilton, Lindsay Lohan et Britney Spears. Normal, direz-vous. TMZ signifie Thirty Mile Zone, un rayon de 48,3 kilomètres qui part de l'intersection des boulevards Beverly et La Cienega, à Los Angeles, et qui balaie l'habitat naturel de toutes les célébrités, soit les bars, boutiques et restos branchés.

Plus sérieusement, cette fameuse zone des 30 milles - la TMZ - qui a été délimitée dans les années 60, couvre le territoire où les conventions collectives de l'industrie du cinéma et de la télévision s'appliquent. C'est l'épicentre de Hollywood.

Ce territoire, TMZ le patrouille jour et nuit, sans relâche, avec son escadron de photographes et cameramans. Si le roi du potin Perez Hilton ne sort pratiquement jamais de chez lui pour nourrir son site, TMZ fait exactement le contraire. Ses vidéojournalistes, souvent amateurs et inexpérimentés, se postent là où les reporters dits sérieux se pointent très rarement: à la sortie des discothèques, à la porte des aéroports et même devant les maisons privées des stars. Bref, ils traquent leurs sujets sans merci. Inutile de vous préciser que les relationnistes les détestent.

Une émission ahurissante

Depuis septembre 2007, vous pouvez voir les méthodes de travail des employés de TMZ dans une émission quotidienne de 30 minutes, qui passe tous les soirs à Fox (22h30). Le concept? Très simple. Une caméra hyper nerveuse filme la rencontre où les paparazzis déballent leurs prises du jour, toujours prises sous leur plus mauvais jour. Selon Nielsen, l'émission de télé TMZ attire un fort contingent de 18-34 ans, une tranche que les médias traditionnels s'arrachent.

Au petit écran, mettons que TMZ ne redore pas son image controversée. L'émission est ahurissante, criarde et nage dans une épaisse soupe d'infotainment. Au premier plan, toujours planté devant un grand tableau, le gars qui mâchouille la paille de son gobelet en plastique, c'est Harvey Levin, 57 ans, le grand patron du site. Ancien avocat recyclé en journaliste, Levin a longtemps oeuvré pour Celebrity Justice. Ses compétiteurs l'accusent régulièrement de payer pour des infos exclusives, ce qu'il dément avec plus ou moins de vigueur.

Des millions d'internautes et de téléphages s'abreuvent à TMZ, une propriété du conglomérat Time Warner, qui possède aussi CNN, de même que les magazines Time, People et Entertainment Weekly. Et malgré leur parenté d'entreprise, CNN n'a pas cité TMZ et a attendu que le Los Angeles Times valide la mort de Jackson avant de la relayer en ondes. Comme quoi, TMZ suscite encore suspicion et méfiance. Bienvenue dans le 2.0.

Je lévite

Avec Cake Boss sur TLC. Une téléréalité sucrée tournée dans une pâtisserie familiale - et italienne - du New Jersey. Au menu: crises de larmes, immenses gâteaux en forme d'animaux préhistoriques, accents comme dans Les Soprano et autres prises de bec. C'est délicieux.

Je l'évite

Le vin Ed Hardy. Après avoir habillé tous les joueurs du Canadien et les lofteurs de TQS, Christian Audigier, créateur de Ed Hardy, fabrique maintenant du gino, euh, excusez le lapsus, du vino. Pourra-t-on en acheter ailleurs que dans les bars du boulevard Saint-Laurent et ceux du DIX30?

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