C'est très dommage. Une de nos grandes dames de la télé, Claire Lamarche, n'a pas réussi à boucler une entente avec TVA pour ramener ses célèbres Retrouvailles en ondes cet automne. L'émission de l'animatrice-vedette disparaît donc de la grille du «vrai» réseau après 12 ans d'existence. Pour de bon.

«S'il n'y a plus de place pour Les retrouvailles à TVA, j'imagine qu'il n'y a plus de place pour le genre de télévision que je fais», constate Claire Lamarche, jointe plus tôt cette semaine.

C'est très dommage, car, au petit écran, Claire Lamarche véhicule parfaitement les valeurs prônées par TVA: proximité, chaleur et convivialité. Alors, pourquoi laisser filer cette reine de l'émotion à la télévision, qui oeuvre à TVA depuis septembre 1990?

Essentiellement d'ordre budgétaire, les discussions ont été longues et ardues. TVA jette la pierre au contexte actuel «plus fragile économiquement». De son côté, Claire Lamarche estime avoir dépouillé ses Retrouvailles jusqu'à la moelle, notamment en comprimant son budget de production et en abandonnant les deux émissions spéciales Sur la route des retrouvailles.

Selon Claire Lamarche, notre Oprah québécoise, la dernière demande de TVA a cependant été de trop: le réseau ne souhaitait diffuser que deux émissions spéciales des Retrouvailles en 2009-2010 au lieu des quatre rendez-vous habituels. Voilà le détail qui a torpillé la relation entre l'animatrice de 64 ans et la station appartenant à Quebecor.

«Je n'étais pas capable d'accepter cette proposition de TVA. Notre effort de réduction était fait et je ne vois pas comment j'aurais pu garder mon enthousiasme des 12 dernières années. Il y a plein d'émissions qui coûtent beaucoup plus cher que la nôtre et qui gardent l'antenne. Et avec nos quatre émissions par année, on ne peut pas dire que l'on exagérait», souligne Claire Lamarche, déçue et estomaquée de ne plus travailler à TVA.

Elle enchaîne: «Nous avons toujours été très modestes dans nos demandes. Je ne me serais jamais attendue à ça. Les retrouvailles, c'était quasiment devenu un service public, c'était une institution.»

Même choc pour Stéphanie Couillard, fille de Claire Lamarche et productrice au contenu des Retrouvailles. «Nous ne sommes pas très gourmands. Notre décor n'a à peu près pas changé et nous avons conservé la même ouverture pendant sept ans», glisse-t-elle.

Avec tout le fric qui a été pompé dans Star Académie cet hiver, la question se pose: pourquoi TVA n'a-t-il pas été capable d'économiser quelques milliers dollars pour payer la mini-équipe de six personnes des Retrouvailles? Étrange. Car Claire Lamarche ne réclamait pas un hélicoptère privé ou une coûteuse performance de Lady Gaga pour doper ses cotes d'écoute (souvent millionnaires). Seulement du temps pour réunir des téléspectateurs que le destin a séparés.

«Les retrouvailles, c'est un processus qui est très long. On fait beaucoup de vérifications. On ne peut pas se tromper. Et nous faisons des suivis après toutes les émissions», explique Claire Lamarche.

À l'automne 2006, la populaire animatrice a goûté une première fois à la médecine de TVA, qui a débranché son émission hebdomadaire Faut voir clair. L'émission ne tirait qu'à 450 000 téléspectateurs dans les sondages BBM. Sa quotidienne éponyme, qui a pris fin au printemps 2002, a roulé pendant 12 ans à TVA, faisant pleuvoir une série de trophées MetroStar sur l'intervieweuse. Avant de faire le saut à TVA, elle a piloté Droit de parole à Télé-Québec pendant sept ans.

Avis aux intéressés: Claire Lamarche, en pleine forme, souhaite reprendre l'antenne rapidement. Est-ce que cette rubrique servira à réunir l'animatrice avec un futur employeur, comme dans un épisode des Retrouvailles? Vite, appelez notre grosse équipe de Columbo. Non, attendez, on reprend. Vite, appelez notre grosse équipe composée d'une personne, c'est-à-dire moi-même (c'est ça le journalisme multitâches 2.0).

«Moi, je veux continuer à faire de la télévision utile, qui a du sens», précise Claire Lamarche. Le message est lancé. Des preneurs?

 

Photo: André Pichette, archives La Presse

Claire Lamarche, en compagnie de Pierre Bruneau, au lancement de la programmation de TVA, en août 2006.