Gwen Stefani n'est pas qu'une "fille toute jolie et petite qui vit en captivité" (voir Just A Girl, extraite de l'album Tragic Kingdom). Au contraire. C'est une bête de scène. C'est une artiste bourrée de talent qui s'abreuve chez Takashi Murakami, qui glorifie la culture hollywoodienne des années 30, qui digère toutes les influences pop du jour et les recrache dans des univers éclatés où s'entrelacent la mode tokyoïte, le bindi et quelques touches rétro-futuristes des années 60.

Mercredi soir, sur la scène du Centre Bell, la blonde Californienne - qui fêtera ses 40 ans à l'automne - a rebrassé ses vieux succès époque No Doubt en compagnie de ses potes d'Anaheim, ville phare du célèbre OC (pour Orange County). Dose vivifiante de nostalgie. Comme en 1999, la garçonne Gwen a ressorti ses bottines d'armée, ses couettes peroxydées et torsadées ainsi que sa célèbre camisole blanche coupée, qui dévoile encore et toujours les abdos de fer de cette maman de deux adorables gamins.

Pendant 90 minutes, la foule bigarrée a ondulé au rythme des Don't Speak, Just A Girl, Spiderwebs, Hella Good, Hey Baby, Ex-Girlfriend, Sunday Morning et Simple Kind of Life.

Entourée de No Doubt, Gwen Stefani bouge différemment et dégage une énergie plus masculine, plus brute, que lorsqu'elle navigue dans son univers à elle, très rose bonbon sucré, très Alice au pays des merveilles sur l'acide. Il existe deux Gwen: la rockeuse moins glamour et la diva flamboyante de la pop. Choisissez votre préférée. Personnellement, je préfère le travail en solo de Miss Stefani.

Car le ska-punk-pop de No Doubt, c'est amusant, mais ça devient lassant après 90 minutes de trompettes, de trombones et de pas de danse saccadés. Sérieusement, certaines pièces inconnues de la formation californienne m'ont rappelé l'existence de Vénus 3 et c'est précisément ce genre de mauvais souvenir qui nous hante encore aujourd'hui. Alors passons.

Visuellement, la nouvelle tournée de No Doubt ne révolutionne pas le genre avec sa scène d'un blanc immaculé qui évoque le mobilier de la famille Jetson. Très joli, très pur, sans toutefois le wow! et le oumph! qui coupe le souffle.

Côté costumes, le blanc domine chez tous les musiciens et Gwen, pourtant accro aux tendances, ne se change que deux fois pendant toute la soirée. Par contre, l'énergie et la fougue de la chanteuse traverseraient un mur de briques. Rien à dire là-dessus.

À l'autre bout du spectre, la Gwen Stefani affranchie de No Doubt - et ultra pailletée - a électrifié le Centre Bell en mai 2007 pour faire mousser sa deuxième galette, The Sweet Escape.

Quel spectacle ludique, les amis, qui témoignait d'une démarche artistique fouillée et innovatrice. Quel carnaval de couleurs vives, de sons et de créativité bouillonnante.

La belle blonde platine exhibait ses tenues complètement pétées, tout en nous balançant des bombes comme Hollaback Girl, Wind It Up, Rich Girl et Now That You Got It. Ce soir-là, devant plus de 13 000 fans, soit 4000 de plus que pour No Doubt mercredi, le plafond du Centre Bell a décollé pour atterrir à Saint-Constant, quelques kilomètres plus loin.

Dans les textes de ses chansons, Gwen Stefani cite les designers Yohji Yamamoto, Rei Kawakubo (créateur de la collection Comme des garçons) et John Galliano, et nomme des marques japonaises comme A Bathing Ape et Hysteric Glamour.

Elle sauce ensuite ses chansons dans des sonorités des années 80, y ajoute des tambours de majorettes et échantillonne même La mélodie du bonheur. Toutes ces influences bigarrées pourraient former une pizza indigeste. Mais non. Gwen Stefani a l'intelligence de bien les incorporer, les fusionner et les entrelacer, comme ses collègues Madonna et Lady GaGa le font tout aussi habilement.

Maintenant, chère Gwen, What You Waiting For? pour nous pondre un nouveau CD? Vraiment, on aurait tous bien besoin d'une Sweet Escape. Fin des jeux de mots stupides, maintenant.

Je lévite

Avec Waking Up in Vegas de Katy Perry. Décidément, cette chanteuse américaine de 24 ans produit des petits bijoux de pop accrocheuse, qui distillent des doux parfums d'été et de soleil. Dansant.

Je l'évite

Summer Girl de Stereos. Quand un artiste essaie volontairement et peu subtilement de décrocher le titre de "chanson de l'été 2009", nous, on le flushe. Ennuyant.