C'est - encore - un gros tabou. L'argent. Les chèques de paie. Le nombre de zéros qui s'alignent dans un compte bancaire. Faites le test: demandez à votre coiffeuse ou à la belle-mère combien elle empoche par année. Malaise. Inconfort. Embarras.

Règle générale, vous obtiendrez des réponses comme: bah, euh, juste assez pour payer l'Hydro, le Bell et un panier d'épicerie chez Maxi. Pour tout le reste, il y a MasterCard.

En programmant l'automne prochain Devine combien je gagne?, la version québécoise du jeu britannique Win My Wage, TQS s'attaque à cette indiscrétion suprême, source d'une kyrielle de ragots de bureau. Chaque semaine, sur un grand plateau chauffé par l'humoriste Martin Cloutier (la moitié plus costaude du tandem Dominic et Martin), un concurrent tentera de deviner lequel parmi les 10 salariés plantés devant lui encaisse le revenu annuel le plus élevé.

Pour compliquer la partie, ces 10 salariés porteront les mêmes vêtements et resteront muets pendant 60 minutes. Ils ne répondront aux questions de l'animateur qu'à l'aide de boutons: un oui allumera une lumière verte et un non, une rouge.

Voici concrètement comment ce jeu télévisé fonctionnera. Au début de chacune des émissions de Devine combien je gagne?, un tableau électronique affichera, dans l'ordre décroissant, les vrais salaires (attestés par une déclaration de revenus, le bon vieux T4) des 10 personnes mystère.

Martin Cloutier balancera la première question: êtes-vous allés en Europe l'an dernier? Oui ou non. Avez-vous joué au bingo en 2008? Oui ou non. Consultez-vous votre relevé bancaire tous les jours sur le web? Oui ou non.

En analysant les réponses, et en se fiant à son instinct, le concurrent tentera d'éliminer les salariés les plus pauvres un à un. C'est ici que le concept, qui chatouillera plusieurs préjugés et idées préconçues, se corse joyeusement. Une chirurgienne-orthopédiste débordée n'a peut-être pas eu le temps de visiter Paris, Londres ou Madrid. À l'inverse, un cueilleur de fraises ou un caissier chez Couche-Tard scrute peut-être ses finances quotidiennement pour s'assurer que les chèques ne rebondissent pas.

Comme au Banquier, le salaire de la personne écartée disparaîtra du grand tableau électronique. Quand il ne restera que trois salariés, le joueur tranchera: lequel du trio récolte le plus d'argent?

Si le participant devine correctement, il gagne le salaire de cette personne. S'il se trompe, il repart bredouille. Comme à Paquet voleur.

«C'est un jeu d'intuition et de chance», constate l'animateur Martin Cloutier, 39 ans, qui hérite de son premier contrat en solo, sans son fidèle complice, Dominic Sillon. N'ayez crainte: le tandem humoristique ne se dissoudra pas avec l'éclosion de la deuxième carrière de Martin Cloutier. «Nous ne sommes pas mariés, Dominic et moi, blague Martin Cloutier. Notre tournée vient d'arrêter après quatre ans et Énergie a renouvelé notre contrat pour l'automne. Tout va bien.»

Martin Cloutier se définit comme un maniaque de quiz: Le cercle, Ultimatum, Tous pour un, il les a tous dévorés. «Je crois en la vérité. Je vais animer en me mettant dans la peau des participants. Si le concurrent est tendu, je serai tendu. Si le concurrent est drôle, je vais rire avec lui. Ça fait 16 ans que je mets la table pour que Dominic (Sillon) punche. Je connais ça», détaille-t-il.

Le producteur de Devine combien je gagne?, Michel Bissonnette, de Zone3, enchaîne: «Martin est capable d'improviser. Il va être bon dans la répartie avec les joueurs.»

Entre 2000 et 2003, Dominic et Martin ont joué dans une sitcom à TQS, avant d'apparaître, à l'automne 2004, dans C'est mon show, qui a remplacé Fun noir. «C'est à TQS que j'ai appris à faire de la télé. C'est mon alma mater. Je n'ai posé qu'une condition: je veux que ça soit big. Je ne veux pas que les participants gagnent juste 400 $. Je veux que tout ait l'air big», confie Martin Cloutier. TQS recueille présentement les inscriptions sur son site web.

Dans cette même filière salariale, la téléréalité Someone's Gotta Go du réseau Fox, un croisement entre Survivor et The Office, sème présentement la controverse avant son entrée en ondes. Le concept? Des PME en difficulté, comptant moins de 20 employés, s'apprêtent à sabrer dans leurs dépenses, récession oblige. Le rebondissement? Cette fois-ci, ce n'est pas le patron qui coupera les têtes, mais bien les employés, qui désigneront eux-même celui ou celle devant ramasser son 4 % et quitter avec ses boîtes. Un exercice très cruel.

Bref, c'est tout le contraire de The Apprentice, où les candidats se chamaillent pour une promotion. Pour «faciliter» le choix des gens à licencier, le patron ouvrira tous les livres de l'entreprise: listes de paie, états financiers, dossiers personnels, etc. Donc, oui, chacun des employés connaîtra exactement combien son voisin de bureau gagne, primes incluses. Que voulez-vous: Someone's Gotta Go. Quelqu'un doit sacrer son camp. Imaginez maintenant l'état de dévastation dans lequel baigneront ces PME une fois les caméras éteintes. L'horreur au bureau, quoi.

Fin de Fréquence libre

Comme je l'écrivais fin mars, Fréquence libre disparaît des ondes et ne réapparaîtra pas à la Première Chaîne (95,1) cet automne. C'est bel et bien fini. Terminé. Fin des émissions. Au micro depuis octobre 2008, en remplacement de Monique Giroux, déménagée sur Espace Musique, l'animateur Philippe Fehmiu a confirmé la nouvelle hier: «Fréquence libre arrête le 19 juin.»

C'est un secret de Polichinelle dans les couloirs de la grande tour: la direction du 95,1 FM souhaite diffuser un contenu entièrement axé sur l'actualité et les affaires publiques entre 6 h et 18 h, les heures de grande écoute. Selon nos sources, une émission sur la santé et le mieux-vivre remplacerait Fréquence libre au retour du congé estival. Une équipe planche présentement sur le concept et sur le choix de l'animateur ou de l'animatrice.

 

Photo: Radio-Canada

Martin Cloutier, du tandem Dominic et Martin, animera Devine combien je gagne? à TQS.