Premier indice que les coutures de La collection s'effilochaient et menaçaient de céder? La chaîne TVA, pourtant très habile dans son autopromotion, n'a pas organisé de visionnement de presse pour cette téléréalité animée par la dynamique et attachante Chantal Lacroix.

Deuxième indice? Malgré des demandes répétées depuis la semaine dernière, le vrai réseau - parce que TVA, c'est vrai - n'a pas acheminé de copie du premier épisode aux journalistes-qui-couvrent-la-télévision. Efficace stratégie pour contenir le mauvais buzz qui grondait autour de ce Project Runway de la mode québécoise.

Pour votre info, les attachés de presse enverraient un DVD par courrier à vélo jusqu'à Ivujivik pour que vous écriviez sur une de leurs nouveautés télévisuelles. Pas cette fois-ci. Pourtant, ce n'est pas un fiasco vestimentaire qui attendait les 566 000 téléspectateurs de La collection mercredi soir, mais bien un défilé de prêt-à-apporter de marques connues ou, si vous préférez, une haute mouture de commanditaires.

C'est dommage. Car La collection marche sur la même passerelle que Ma maison Rona, où les pubs s'insèrent sans subtilité dans le contenu de l'émission, fort bien ficelée, soit dit en passant. Action! Les designers jouent du ciseau pour un contrat avec La Baie d'une valeur de 100 000$! Les magasins La Baie vendront aussi les créations du designer gagnant! Vous magasinerez aujourd'hui chez Home Depot! Telio offre gracieusement tous les tissus de La collection! N'oubliez pas que le mascara Lash Stiletto de Maybelline allonge vos cils de façon provocante, tout en leur donnant une texture naturelle, et que pour une blondeur lumineuse comme celle de Chantal, quoi de mieux que Garnier Nutrisse Cream?

Voilà pour les considérations commerciales (sans oublier Listerine), auxquelles s'ajoutent celles inhérentes à la convergence: Chantal Lacroix enfilera la robe gagnante au gala Artis demain soir. Mais avant le choix final, suspense, les beautés du Banquier paraderont dans les tenues confectionnées par les dix designers devant nos trois juges.

D'accord, récession oblige, les réseaux grattent présentement les fonds de tiroir, mais cette agaçante surabondance de plogues nous empêche d'embarquer à fond dans les défis que relèvent les dix apprentis designers (ou dézaïgneurs, comme on entend trop souvent à la télé).

Sinon, La collection n'est pas que cousue de fil commandité. Certains participants, dont Geneviève et Mathieu, ont des personnalités plus flamboyantes, qui n'ont malheureusement pas explosé à la caméra. Mis à part un pouce légèrement brûlé et une minuscule tache de sang sur un bout de tissu, aucun drame, aucune chicane n'ont ébranlé le processus de création. Voilà pourquoi toute la tension a été ajoutée artificiellement au montage. Et ça paraît.

Aux États-Unis, ce type d'émission avec des juges intraitables et méchants remporte beaucoup de succès. Chez nous? Mettons que Dick Walsh, avec des vannes comme «on dirait le Club Med en flip-flops» ou «c'est un peu toutoune», détonne aux côtés de la gentille et souriante Chantal Lacroix. Et le Québec aimera-t-il qu'une Marie Saint Pierre trempe ses aiguilles dans le venin?

Qu'un juge jette crûment la réalité au visage d'un participant de téléréalité, sans l'insulter, le démolir ou l'humilier, ne me dérange pas. Au contraire. Mais le tissu qui sépare la critique de la vacherie est très mince. Attention aux déchirures.

Je lévite

Avec les écouteurs Bose réducteurs de bruit. Oui, ils coûtent une petite fortune (plus de 200$), mais rendent l'écoute de la musique supra agréable en transmettant des basses profondes et des sons d'une clarté impeccable. Bref, deux petits nuages qui enveloppent vos oreilles.

Je l'évite

Le grand départ de Claude Meunier en DVD. Une cascade de clichés en un temps record: meilleur ami gai, femme dépressive accro aux pilules, adolescente lesbienne suicidaire, belle-mère cool, épouse hystérique, etc. Point positif: des acteurs brillants, dont Marc Messier, rattrapent ce film et le tirent vers le haut. Point négatif: le rôle unidimensionnel défendu par Guylaine Tremblay ne rend pas justice à son immense talent.

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