Dans la délicieusement superficielle série Nip/Tuck, Sean McNamara, 42 ans, frôle la crise cardiaque après avoir gobé un cachet d'ecstasy dans une fête arrosée de crystal et saupoudrée de cocaïne.

«Sean, tu es beaucoup trop vieux pour prendre ça. Il y a une limite d'âge pour ce genre de truc, comme pour une chanson de Fall Out Boy», lui crache son partenaire et meilleur ami, Christian Troy.

 

Une réplique joliment assassine, mais cruellement vraie dans notre société complètement obsédée par la jeunesse et où avoir 40 ans est en voie de devenir le nouveau 20 ans, si l'on se fie aux magazines féminins.

Telle une Carrie Bradshaw fixant le vide de son compte bancaire et de sa vie en général, je ne cessais de me questionner: à partir de quel âge ne faut-il plus se laisser aspirer par la culture pop, autant musicale que télévisuelle?

Pensez-y deux minutes: les frontières qui séparent les vieux des jeunes ne sont plus aussi clairement tracées qu'il y a dix ou même 20 ans. À partir de quand est-ce anormal pour un adulte de connaître les noms des trois frères Jonas? À 25 ans? À 30 ans? Ou à 40 ans peut-être?

Faudrait-il décréter un âge passé lequel les DVD de High School Musical ou de Gossip Girl deviendraient illisibles? Et jusqu'à quel âge est-il encore acceptable de se meubler en IKEA, du salon à la chambre à coucher?

Pas évident en cette époque où la culture de masse infantilise plus qu'elle ne responsabilise. Prenez un des sites web les plus populaires de l'heure: www.perezhilton.com. Le carrefour de tous les potins de la planète. Son créateur, Mario Lavandeira, 30 ans, y gribouille des insultes sur le visage des stars (pute! salope! droguée!) et dessine des pénis près de la bouche d'acteurs qu'il soupçonne d'être gais. Allo la maturité.

À 27 ans, Paris Hilton tourne présentement une téléréalité où elle se cherche une nouvelle best, pour reprendre l'expression forgée par Filles d'aujourd'hui. Même scénario pour Brody Jenner, 25 ans, le fils du médaillé olympique Bruce Jenner: il passe des jeunes adultes en audition et l'heureux élu pourra se joindre à son sélect cercle d'amis. Hélas! l'école secondaire, ses guerres de cliques et la ségrégation entre les cool et les nerds nous collent aux fesses très longtemps. Trop longtemps.

Dans Les Invincibles, P-A a 800$ à la caisse, mais plus de job, Carlos vend des BD dans une minuscule boutique et Rémi vit aux crochets de sa copine Vicky. Précisons ici que ces personnages n'ont pas 17 ans, mais bien la trentaine.

Dans le film Confessions of a Shopaholic, Becky Bloomwood, 25 ans, dilapide tout son fric dans des vêtements griffés, croule sous les dettes et étire sa marge de crédit au maximum. Peut-on la qualifier d'adulte?

Du temps de nos grands-parents, avoir des enfants enterrait la notion de jeunesse. Aujourd'hui, certains parents hipsters ressemblent à des pubs ambulantes pour American Apparel. Vaut-il mieux vieillir d'un coup à 18 ans, comme à l'époque des Filles de Caleb, ou attendre à 40 ans pour se sentir mononcle ou matante?

Je vous laisse avec ces interrogations philosophico-sociales. J'ai des épisodes de Hannah montana à rattraper.

Je lévite

Avec «Bégin rencontre Bégin». Vous avez raté ce succulent sketch de 3600 secondes d'extase? Retracez-le dans YouTube. Il s'y déniche facilement. Le faux Christian Bégin (Marc Labrèche, hilarant) rencontre le vrai Christian Bégin à la Buvette chez Simone. Les deux animateurs boivent du vino, portent des bracelets en cuir, mais ne partent pas en scooter. Chapeau pour l'autodérision.

Je l'évite

Les infopubs d'appareils d'exercice. Depuis le début de janvier, ces réclames pour des machines inutiles comme le CardioTwister ou le AbCoaster polluent les ondes télévisuelles. Pensez-vous vraiment qu'en ne suant aucune goutte, vous réussirez à vous sculpter une tablette d'abdos saillants? Rêvez mieux, dirait Daniel Bélanger.