Deux heures de bla-bla électoral sans pause publicitaire, ça peut être très rasoir. Pour une rare fois, je priais secrètement pour le retour des réclames de vins de dépanneur ou d'épilateur facial, question d'avaler deux cachets de Tylenol extra forts et d'épousseter tous ces chiffres que les chefs ont jetés, pêle-mêle, sur la belle table fleurdelisée.

Ouf. Cette deuxième édition de 110 % électoral, dans un décor de salon mortuaire, a été très bruyante. Trop bruyante, même. Après 20 minutes, le trio se crêpait le chignon si fort que Stéphan Bureau a dû les sermonner: «donnons-nous une petite pause». Et tandis que les flammèches lézardaient le studio, la langue du modérateur a fourchée: il s'est adressé au premier ministre en l'appelant Mme Charest. Oups!

 

C'est à peu près le seul faux pas commis par Stéphan Bureau, qui a élégamment dirigé le trafic dans cette cacophonie de cour d'école, où les trois chefs s'interrompaient à qui mieux-mieux.

La formule assise décoince ce type d'émission de télé. Par contre, Pauline Marois, constamment perchée sur le bout de sa chaise, m'a paru bien éloignée de l'action. Pourquoi l'animateur n'a-t-il pas été installé au centre du trio, plutôt qu'à la gauche de Jean Charest? Sans doute une question technique de positionnement des caméras.

Qu'avez-vous retenu de ce débat échevelé? Malheureusement, les trucs superficiels. Côté vestimentaire, pas de faux pas. Ou presque. Les trois ténors ont enfilé des tenues dignes du plus chic des enterrements. Et Mario Dumont ne portait pas -dieu merci- sa perruque blonde, mais plutôt une hideuse cravate ocre, qui lui conférait un air de croque-mort du 450.

Comme dans Les Invincibles, Pauline Marois s'est efficacement métamorphosée en Pauline-la-pas-fine et a distribué des claques à la volée. Dans sa première intervention, la chef du Parti québécois a abattu la carte «Caisse de dépôt». Paf. «L'élection d'abord, la vérité plus tard», a-t-elle enchaîné, martelant le mot fiasco et implorant M. Charest de larguer sa cassette.

La virulence des attaques n'a pas diminué. Sommes-nous mieux informés, ce matin, en prévision du scrutin? Pas certain.

Tactik, le verdict

Alors, c'est amusant Tactik, la nouvelle quotidienne qui remplacera Ramdam cet hiver? Oui, beaucoup. Après avoir visionné trois épisodes de cette nouvelle série hier, mes doutes ont pris le chemin de la corbeillle: Tactik vise dans le mille avec son environnement aux couleurs vitaminées, ses jeunes comédiens qui jouent juste et la belle lumière qui entre dans les décors à pleines fenêtres. En bonus, plusieurs scènes ont été tournées à l'extérieur, ce qui nous sort des studios en carton très foncé de Ramdam. En fait, la facture visuelle très dynamique de Tactik ressemble beaucoup à celle de (feu) Rumeurs.

Imaginée par Vincent Bolduc et Alex Veilleux, la quotidienne tourne autour de l'intello Théo St-Cyr, la parfaite Dalie Desmarais-Rondeau et le sportif Samuel Langevin, trois préados qui aboutissent dans la même équipe de soccer, soit l'Épik de Valmont (une banlieue fictive plutôt cossue).

Théo (Benjamin Chouinard) habite dans un grand loft avec son papa comédien Jeff (Vincent Bolduc), un éternel ado. Un peu «nouvel âge», les parents de Dalie (Frédérique Dufort), incarnés par Guy Jodoin et Valérie Blais, l'encouragent dans l'apprentissage de la flûte traversière et du violon, tandis que Samuel (Pier-Luc Funk) vit avec sa mère adoptive Suzanne, jouée par Micheline Bernard, une apicultrice qui élève aussi des vers de terre.

Ajoutez le coach de l'Épik, Reda Baptise (Frédéric Pierre), l'amie un peu fofolle Béa ainsi que la rebelle Rose et voilà une bonne partie de cette attachante distribution. Tactik vise les 9 à 12 ans, donc plus jeune que Ramdam, mais plaira à toute la famille, c'est clair. De la télé intelligente, divertissante et rafraîchissante. La série démarre le lundi 5 janvier à 18 h 30.

Le temps passe, Sophie!

Enfin! Le saut dans le temps de quatre mois a fouetté la charmante Sophie Paquin (Suzanne Clément) et injecté une décharge qui a électrifié toute la distribution de la série. Vraiment, l'épisode de lundi soir, vu par 572 000 téléspectateurs, a été délicieusement compliqué avec l'accouchement hâtif de Marie-Christine, Estelle qui sacre le feu sur le plateau de son émission, Mélissa qui mijote sa revanche et, scénario catastrophe! Sophie découvre qu'elle craque pour le fils de sa chipie de voisine, Ruth Rothstein. Voilà l'état dans lequel on aime notre Sophie: avec de la broue dans le toupet et non en train de piocher dans un contenant de Häagen-Dazs enroulée dans une grosse couette.