Avec une étoile aussi brillante et magnétique que Céline Dion, le gala de l'ADISQ a éclipsé hier les gros canons de TVA et permis à Radio-Canada de triompher dans l'impitoyable guerre du dimanche soir. Ça surchauffe dans les chaumières du Québec.

Au final, les trois heures et demie de la fête de la musique ont été regardées par 1 661 000 téléspectateurs. Une moyenne très costaude. Il s'agit des meilleures cotes d'écoute du gala l'ADISQ depuis 2004, où Guy A. Lepage avait, dans un geste maintenant célèbre, «garroché» le Félix de Richard Desjardins en direction des coulisses. Bang en arrière-scène! Et re-bang aux audimètres (1 818 000).«C'est un succès éclatant autant pour Radio-Canada et l'ADISQ que pour tous les artistes qui se sont illustrés», se félicite le directeur des relations publiques de la SRC, Marc Pichette.

L'an dernier, la cérémonie orchestrée par l'ADISQ a été suivie par 1 131 000 fans. En 2006, son audience a été chiffrée à 1 281 000 fidèles, battue de justesse par le gala de Loft Story 3 (1 289 000 téléspectateurs). Autres temps, autres moeurs. Les lofteurs de la cinquième mouture de cette téléréalité ne pèsent plus très lourd dans la balance télévisuelle (seulement 733 000 accros dimanche). En 2005, le gala de Star Académie (2 214 000) avait complètement aplati les Félix (971 000).

Sans la présence électrique de la diva de Charlemagne, pas certain que Radio-Canada se péterait les bretelles aussi bruyamment ce matin. Entre 19 h 30 et 20 h 30, Louis-José Houde et Julie Snyder ont été à égalité, avec un léger avantage de 23 000 personnes pour la démone de TVA. Entre 21 h 30 et 22 h, quand l'hommage à Céline Dion a décollé, les chiffres de la SRC ont explosé à 2 037 000 téléspectateurs. Ceux de TVA ont dégringolé à 782 000. Le voilà ce fameux effet magique de Céline Dion.

Malgré les jolis résultats BBM, Radio-Canada a brisé sa promesse d'offrir des galas courts, punchés et sans flafla. Oui, la cérémonie soufflait ses 30 bougies, oui l'interprète de Pour que tu m'aimes encore y assistait et le Centre Bell vibrait sous les cris de 10 000 fans. Reste qu'en moyenne, l'animateur-humoriste n'a décerné qu'un trophée toutes les 15 minutes. Une cadence trop lente: 13 Félix en trois heures et demie, ça use le moral.

«Compte tenu des circonstances, c'était très justifié d'avoir un gala plus long que d'habitude», nuance Marc Pichette de la SRC.

À la mi-septembre, l'efficace gala des Gémeaux de Véronique Cloutier n'a duré 2 h 30, pour une audience de 1 436 000 téléspectateurs. Et sans Céline Dion dans les gradins. Mais, bon. Outre Le banquier (1 624 000), TVA a décroché deux autres émissions millionnaires, soit Dieu, merci! (1 438 000) et La cour des grands (1 116 000).

Pour clore le chapitre de l'ADISQ, j'aurais bien aimé entendre un pot-pourri des meilleures chansons de Céline Dion pendant l'hommage grandiose qui lui a été rendu. Mais je comprends la réticence: chanter du Céline devant Céline, c'est assez casse-gueule comme opération.

Chapeau à Louis-José Houde qui a osé rire du "vieux jus de serviette" contenu dans les sachets de St-Hubert servant à s'essuyer les doigts. Rigoler du commanditaire principal, ça prend du culot (on sentait ici l'influence de François Avard).

Dernière observation: la caméra de Radio-Canada a souvent balayé le président de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, assis à côté de Céline Dion et René Angélil au parterre du Centre Bell. Le grand manitou des services français de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, n'a pas eu droit à autant de gros plans.

Un peu de samedi

Marc Labrèche était en super forme, samedi soir, pour un autre délirant 3600 secondes d'extase. C'est devenu une coutume, il a renfilé les chics habits de la frrringante ministrrre des frrrinances, Monique Jérrrôme-Forrrget, roucoulante amatrice d'hippodromes. Hilarant.

Dans la peau d'Elizabeth May qui massacrait la Dictée des Amériques, Labrèche a été savoureux. Et la citation à retenir? «Papa rotait en fa dièse. Et que dire de tante Jocelyne? Une canne de bines et elle te proutait un Ave Maria à faire pleurer les anges. Oui, elle était à la fois vieille fille et orgue d'église», a glissé Marc Labrèche pour expliquer ses talents innés de musicien.