Sérieusement, la vie est fichtrement injuste. Dans Sexe à New York, Carrie Bradshaw ne pond qu'une seule chronique par semaine, et pas très étoffée d'ailleurs, mais esbroufe en Prada, trottine en Manolo et répand ses sacs de chez Saks dans un coquet appartement à la déco rustique.

Vendrait-elle de la dope (ou son corps filiforme) pour boucler ses fins de mois et son sac à main Hermès? Ce type de question me turlupine régulièrement quand je me branche sur la télé américaine, où les personnages, qui n'abattent pratiquement jamais de boulot, habitent de cossues McMaisons de banlieue (Beautés désespérées) ou se paient des penthouses cinq étoiles (Friends) avec des jobs de barrista. Comme dirait Arcadio dans Loft Story: non mais, tsé, hein, franchement.

 

Le site Careerbuilder.com a évalué ce qu'engrangeraient, dans la vraie vie, des personnages fictifs de séries comme Ugly Betty, Dexter, Boston Legal ou Grey's Anatomy. Les résultats déboulonnent plusieurs croyances et préjugés.

Commençons avec Meredith Grey, chirurgienne en apprentissage à l'hôpital Seattle Grace. Salaire médian aux États-Unis: 37000$. Est-ce suffisant pour se payer des Converse noirs et trois bouteilles de tequila par semaine? Bien sûr. Car Meredith habite la maison (libre d'hypothèque) de sa maman et la partage avec une ribambelle de colocs, dont Izzie et Alex.

La situation de Betty Suarez au magazine Mode se colle également à la réalité du marché du travail. Selon Careerbuilder.com, l'assistante d'un rédacteur en chef empoche annuellement 37810$. Et comme Betty n'a pas encore quitté le nid familial et qu'elle préfère les ponchos aux pompes de princesse, il lui reste assez de sous pour son traitement orthodontique et pour une paire de billets pour Wicked.

Dexter Morgan, expert en taches de sang pour la police de Miami et tueur en série dans ses temps libres, ne vit pas non plus dans l'extravagance (il porte toujours le même chandail gris, soit dit en passant): son salaire annuel tournerait autour de 47680$. Juste assez pour s'offrir le même kit de découpeur que Meredith Grey.

Ça se complique du côté de Lynette Scavo, qui encaissait, dans le feuilleton Desperate Housewives, environ 50 000$ par année comme conceptrice publicitaire. Travaillant pour elle, son mari, Tom, ne récoltait donc pas plus de billets verts. Est-ce assez pour faire vivre cinq enfants, s'offrir les services d'une nounou et entretenir un coquet bungalow de banlieue? Non. Prédiction: faillite et fermeture du resto exploité par le couple.

Dans En analyse, la psychanalyste Gina récolterait 180 000$ pour ses services de consultation, d'où la présence de meubles luxueux dans sa demeure.

À la télé québécoise, peu portée sur le luxe et l'opulence, les personnages qui ont mené un train de vie princier en comparaison de leur modeste emploi ont été plutôt rares, à l'exception, peut-être, d'Hélène Charbonneau de Rumeurs, dont la carte de crédit magique semblait se payer toute seule.

Quant à Carrie Bradshaw, je ne cesse de me demander: ses parents lui posteraient-ils de gros chèques juteux tous les mois? Ou a-t-elle déniché LE truc pour vendre des articles à 500$ le mot?

Je lévite

Avec le disque Youth Novels de Lykke Li. Une autre chanteuse scandinave? Tellement. Avec sa voix claire et limpide, Lykke Li, 22 ans, fait de la pop électro accrocheuse, tantôt tristounette (Little Bit), tantôt nappée de sauce rétro (excellente I'm Good, I'm Gone). Lykke Li nous arrive de Stockholm et, contrairement à un lit Aspelünd, pas besoin d'un manuel de 36 pages pour en apprécier les textures.

Je l'évite

Le premier CD de Suzie Villeneuve. Quelqu'un pourrait-il avertir la soeur jumelle d'Annie que 1992 n'est peut-être pas la meilleure époque où puiser ses inspirations musicales? Seigneur que c'est pénible à écouter. Et d'une banalité assommante. Vraiment, ce disque aurait pu «tomber à l'eau» sans que personne n'écrase une larme (de métal).