Le temps obsède Madonna. Complètement. Dans 4 Minutes, sur fond de tic-tac, elle répète que les aiguilles de l'horloge tournent, tournent et tournent. Dans Give It 2Me, elle assure que «rien ne l'arrêtera». Surtout pas ses 50 ans bien sonnés.

Dans Hung Up, c'est le bruit du cadran qui indique que «le temps s'écoule lentement pour tous ceux qui attendent». Et Madonna, elle, n'attend jamais: elle recule les aiguilles de sa montre, devance toutes les modes et se réinvente en un battement de coeur (Heartbeat, quelqu'un?).

 

Le temps obsède Madonna, qu'elle défie en s'astreignant à un régime alimentaire draconien, à des séances d'entraînement militaires et probablement à quelques coups de scalpel ici et là. Regardez son corps musclé et veineux. Impressionnant. Regardez son visage figé dans une quelconque substance synthétique. Effrayant.

La tournée collante et sucrée de Madonna débarque à Montréal mercredi et jeudi au Centre Bell pour deux spectacles à guichets fermés. Comme en juin 2006, la reine de la pop s'amène avec toute sa cour, à l'exception de son roi, Guy Ritchie. La chanson Miles Away, extraite de sa dernière galette Hard Candy, mettait la table pour ce (prévisible) divorce: la Madone y déplore que son couple se porte mieux quand «6000 milles les séparent».

En spectacle à Toronto ce soir et demain, la Material Girl posera ses malles Louis Vuitton à l'ultrachic hôtel Saint-James lundi ou mardi. Avis aux paparazzis et chasseurs d'autographes. La quinquagénaire joggera-t-elle sur la montagne? Dans le Vieux-Port? Retournera-t-elle casser la croûte au Time Café du boulevard Saint-Laurent?

Sur la flamboyante scène du Centre Bell, la mère de Rocco et Lourdes interprétera une vingtaine de pièces, dont la moitié ont été extraites de son CD Hard Candy au son électro-pop. Le premier bloc comprend Candy Shop, Beat Goes On, Human Nature et Vogue. Dans le deuxième segment (Into the Groove, Heartbeat, Borderline, She's Not Me et Music), la chanteuse de Detroit offre une visibilité inouïe aux dessins et graffitis de l'artiste américain Keith Haring. Très joli.

En troisième partie, aux accents tziganes de l'Europe de l'Est (Devil Wouldn't Recognize Me, Spanish Lesson, Miles Away, La Isla Bonita et You Must Love Me), Madge ne cache pas son admiration pour le groupe gypsy-punk Gogol Bordello. D'ailleurs, la comédie Filth and Wisdom, qu'a réalisée la blonde chanteuse, met en vedette le chanteur de cette étrange formation, Eugene Hütz.

Dans la portion finale, tous aux abris! Madonna ressort sa Gibson et noie Ray of Light et Hung Up dans une mer de distorsion. Tristesse. Heureusement, elle conclut sa prestation avec l'énergique Give It 2Me, sautillant comme une puce, les bras levés au ciel.

Plus calculatrice qu'affectueuse et encore plus contrôlante qu'émotive. Madonna est probablement la star de la pop la plus froide sur une scène, invectivant constamment ses fans et pestant contre ceux qui osent la vénérer assis dans leurs fauteuils. Et vous savez quoi? Sa «Madgesté» donne toujours d'excellents spectacles. Mécaniques, bien sûr, mais diablement efficaces. La Material Girl trime. Et nous payons le prix de ses efforts.

Souvent, on a le goût de lui crier: ouvre ton coeur, Madonna. Car, oui, nous avons peut-être la clé de la serrure. Mais c'est elle qui tient solidement le cadenas.

Je lévite

Avec So What de Pink. Une pétillante chanson pop, barbouillée de sons rock, qui donne le goût de bondir sur une piste de danse, le poing dans les airs, en envoyant promener toute la planète.

Je l'évite

Les pubs de tacos Old El Paso. En connaissez-vous bien des familles de benêts qui suspendent une piñata au lustre de la salle à manger, qui accrochent d'horribles peintures de cactus aux murs et qui ont «mucho plaisir» en engouffrant des tacos dont la sauce dégouline sur leurs cuisses? Socorro!

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