Depuis que Marc Bergevin l'a sorti de Chicago pour lui confier le mandat de relancer Carey Price et de confirmer sa place parmi l'élite des gardiens de la LNH, Stéphane Waite consacre le plus clair de son temps à rassurer les partisans du Canadien.

À la banque, à l'épicerie, partout où il passe et est déjà reconnu, Waite doit répondre aux mêmes questions. Il doit dissiper les mêmes doutes: Carey est-il vraiment bon? Mérite-t-il le gros contrat que Marc Bergevin lui a accordé et son statut de pierre angulaire de l'équipe?

«Je suis le gars le moins inquiet de la Terre. Carey est un des meilleurs gardiens de la ligue. C'est vrai qu'il y a beaucoup de sceptiques. Ces sceptiques oublient simplement à quel point Carey est bon. Et mon «goaler» va le prouver», m'a lancé avec un rire confiant le nouvel entraîneur des gardiens du Canadien.

Contrairement à «son» gardien qui a fait une entrée remarquée à bord de son «pick-up» juché sur des roues plus hautes que la majorité des voitures qui le devançaient ou le suivaient devant le chalet du club de golf Laval-sur-le-Lac, où le Tricolore tenait le tournoi annuel qui donne le coup d'envoi à la saison, Stéphane Waite manquait à l'appel hier.

Escale à Mégantic

Le nouveau parrain de Carey Price - et de Peter Budaj, il ne faudrait pas l'oublier - aurait pu profiter du tournoi de golf pour venir rassurer les journalistes comme il le fait avec les fans depuis son embauche.

Waite avait d'autres personnes à rassurer. À gâter. Il avait un rendez-vous qu'il était hors de question de rater.

Armé de la Coupe Stanley qu'il a soulevée pour la deuxième fois en quatre ans, en juin dernier, avec les Blackhawks de Chicago, Stéphane Waite a quitté Sherbrooke en matinée pour se rendre chez ses voisins toujours éprouvés de Lac-Mégantic.

Très discret dans son rôle d'entraîneur, plus réservé encore dans sa vie personnelle, Stéphane Waite n'aurait jamais osé effectuer cette visite si sa présence n'avait pas été sollicitée. Mais aussitôt convaincu que cette visite servirait la cause des jeunes et moins jeunes de la place, Waite s'est empressé de l'accepter.

«C'était vraiment plaisant de voir les gens s'approcher de la coupe, de se photographier les uns les autres, de sourire, de rire... et parler de hockey», me racontait Waite qui était de retour à Sherbrooke en fin d'après-midi.

S'il s'est bien gardé de soulever la coupe à bout de bras par respect pour des victimes dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées, Stéphane Waite s'est plié volontiers à son rôle de grand défenseur de Carey Price.

«On a passé deux bonnes heures au centre commercial, et personne n'a parlé de la tragédie. Les gens de Mégantic qui ont organisé la visite m'avaient justement convaincu en insistant sur l'importance de vivre autre chose. De parler d'autre chose. Pendant ces deux heures, les gens de Mégantic étaient encore des victimes. Mais les côtés ''amateur de hockey'' et ''fan du Canadien'' ont pris le dessus. L'objectif de les sortir un peu de leur dure réalité a donc été atteint. C'était vraiment touchant.»

Cette préoccupation - pour ne pas dire cette fixation - des partisans en ce qui concerne Carey Price et son travail devant le filet est loin d'effrayer le nouveau membre de l'état-major du CH.

«Je m'y attendais. Bon! Je ne croyais pas que ce serait aussi soutenu, aussi intense si je considère qu'en 10 ans à Chicago, j'ai été apostrophé quelques fois dans des bars par des fans des Hawks, mais jamais à l'épicerie ou à la banque. Ça démontre simplement à quel point le Canadien et ses joueurs sont populaires. À quel point ils ont le succès de l'équipe à coeur.»

Des paroles aux actes

S'il se plaît à défendre Carey Price depuis deux mois, Stéphane Waite a bien hâte d'enfin croiser son gardien. Le maître a parlé à son élève à quelques reprises déjà, mais il ne l'a pas encore rencontré dans le vestiaire. Il ne l'a pas encore épaulé sur la patinoire.

«Le travail commence la semaine prochaine. On aura en masse de temps pour faire connaissance et travailler avant le début de la saison. On ne brusquera rien. De toute façon, il n'y a rien à brusquer. Ce n'est pas comme s'il fallait tout recommencer. Mon gardien est déjà l'un des bons de la ligue. Ça va très bien aller», a conclu Waite sur le ton rassurant qui le caractérise.

Avant de s'occuper de Carey Price et de rassurer pour de bon - si c'est possible - les fans du Tricolore, Stéphane Waite entendait bien profiter pleinement de ses dernières heures avec la Coupe Stanley.

«Ce sera mon tour ce soir. J'ai la coupe jusqu'à minuit. Avec les membres de ma famille et des amis proches, on va la fêter comme il se doit», m'a lancé Waite avant que je puisse lui demander combien de temps il lui faudrait pour aider Carey Price à guider le Canadien jusqu'à la Coupe Stanley, comme l'ont fait ses derniers élèves Corey Crawford et Antti Niemi à Chicago.

Pas sûr qu'il m'aurait répondu. Mais je suis convaincu qu'il se serait fait rassurant. C'est un bon début...