Il faudra attendre, une, trois, peut-être même cinq saisons avant de déterminer qui de l'Avalanche du Colorado, des Panthers de la Floride ou du Lightning de Tampa Bay aura eu la main la plus heureuse avec les trois premières sélections du repêchage 2013.

Remarquez que le gagnant pourrait se trouver au sein des 27 autres formations. À Columbus ou à Calgary, alors que les Blue Jackets et les Flames ont profité de trois sélections chacun en première ronde? À Montréal où, comme l'explique mon collègue Marc Antoine Godin, le Canadien a comblé bien des lacunes sur les plans de la robustesse et de la relève devant le filet?

On verra!

Misez toutefois sur Nashville où les Predators célèbrent encore ce matin la sélection du défenseur américain Seth Jones avec la quatrième sélection.

Dans leurs rêves les plus fous, les Predators ne pouvaient imaginer Jones au sein de leur organisation. Il fallait voir le visage illuminé du pourtant très flegmatique DG David Poile pour comprendre à quel point il savourait cette sélection-surprise. Il donnait l'impression d'être prêt à oublier les six autres rondes pour rentrer illico à Nashville afin d'offrir à Jones ses premières bottes et son premier chapeau de cow-boy. Remarquez que le natif du Texas en a peut-être déjà une collection...

Il est encore tôt pour dire que Jones, qui devait être premier ou deuxième de classe, remplacera un jour Ryan Suter que les Predators ont perdu sur le marché des joueurs autonomes - il a suivi Zach Parise au Minnesota après avoir accepté les 98 millions pour 13 ans que lui offrait le Wild - l'été dernier. Mais le jeune défenseur deviendra sans l'ombre d'un doute un complice de premier plan du capitaine Shea Weber à la ligne bleue des Predators.

Il est trop tôt aussi pour dire si Jones fera regretter à l'Avalanche, aux Panthers et au Lightning leur décision de lui préférer Nathan MacKinnon, Alexander Barkov et Jonathan Drouin. Surtout que ces trois joueurs semblent des valeurs tout aussi sûres à l'attaque que Jones l'est à la ligne bleue.

Mais quand on regarde les besoins évidents de ces trois équipes en défense, il est clair qu'elles ont tout misé sur l'attaque en tournant le dos à un arrière comme il en passe rarement au repêchage. Un beau risque. Un gros risque. Un risque sans doute calculé.

Coup fourré des Devils

S'il est trop tôt pour déterminer lequel des 30 clubs a eu la main la plus heureuse avec les jeunes qui frapperont demain ou après-demain à la porte de leur vestiaire, les Devils sortent grands gagnants de ce repêchage.

Dans le cadre d'une transaction tout à l'avantage de son équipe, Lou Lamoriello a obtenu le gardien Cory Schneider des Canucks en retour de la neuvième sélection du repêchage de dimanche. Vancouver en a profité pour réclamer le joueur de centre Bo Horvat.

On dit énormément de bien de l'Ontarien de 18 ans qui occupait le 15e rang sur la liste des candidats de la cuvée 2013. Grand bien lui fasse. Mais il aura fort à faire pour combler la perte de Schneider. Surtout si Roberto Luongo, qui avait déjà la tête dans 29 autres villes de la LNH, n'arrive pas à oublier le fait que les Canucks ont répété cent fois plutôt qu'une depuis un an vouloir se débarrasser de lui et de son contrat... sans jamais y arriver.

Contrairement au Lightning qui a «allongé» des millions pour racheter le contrat de Vincent Lecavalier et lui offrir la possibilité de relancer sa carrière ailleurs, les Canucks n'ont pas eu ce courage financier. Ou cette folie, c'est selon.

Et voilà qu'ils demandent à Luongo, de la bouche du propriétaire qui s'est rendu chez lui en Floride dimanche, d'effacer la dernière année comme on efface un mauvais rêve. De reprendre son rôle de no 1 qu'on lui avait arraché et de dire merci.

Bon! Luongo n'a pas vraiment le choix. À cause de son «maudit contrat», comme il l'a décrit après être demeuré à Vancouver à la date limite des transactions, il est difficile de l'échanger.

C'est pour ça que Schneider est au paradis, ou presque, avec les Devils au New Jersey - où il devra être l'adjoint de Martin Brodeur au moins un an - et que Luongo est toujours en enfer à Vancouver.

Et bien que son avenir financier et celui de ses héritiers soient assurés pour toujours, Luongo pourrait difficilement tourner le dos à ce contrat qui l'assure de plus de 40 millions pour les 9 prochaines années et rester à la maison en attendant une transaction.

D'ici au dénouement de ce vaudeville, l'épineux dossier de Luongo continue à soulever questions et inquiétudes dans la gestion des opérations hockey des Canucks et de leur directeur général. Toutefois, Mike Gillis n'est peut-être pas le seul responsable. Il se peut qu'il ait les mains liées par un propriétaire qui en mène très - et trop - large. Ça expliquerait bien des choses...

Les yeux sur Phoenix

Maintenant que le repêchage est passé et que la présence des joueurs de la LNH aux Jeux de Sotchi semble acquise, le dossier des Coyotes de Phoenix devrait se régler aujourd'hui.

Je dis bien devrait, car le conseil municipal doit accepter, ou refuser, le contrat liant la Ville de Glendale aux propriétaires éventuels, le groupe Renaissance Sports and Entertainment (RSE).

Tous ceux qui s'accrochent au possible retour des Nordiques dans la LNH dès l'an prochain espèrent que Glendale tournera le dos à RSE une fois pour toutes. Et que devant cet autre refus, le commissaire Gary Bettman n'aura d'autre choix que de déménager les Coyotes à Québec.

Mais voilà que Mike Smith a donné plus de poids encore à la possibilité que ce déménagement se termine plutôt à Seattle. Le gardien a indiqué avoir accepté les paramètres du contrat de 6 ans (plus de 34 millions) que lui ont offert les Coyotes après avoir obtenu la certitude qu'il évoluera à Phoenix ou à Seattle, et non à Québec, l'an prochain.