Lorsque Jonathan Toews et les Blackhawks défileront dans les rues de Chicago vendredi avec, à bout de bras, la Coupe Stanley, ils pourront donner rendez-vous à leurs partisans en vue du défilé de l'an prochain...

Pas question d'assurer que les Hawks seront les premiers depuis les Red Wings de Detroit - en 1997 et 1998 - à remporter la Coupe deux années consécutives. Ça non! Mais on peut lancer avec une confiance frisant l'arrogance qu'ils partiront favoris pour se rendre jusqu'au bout encore l'an prochain.

En 2010, lorsque les Hawks ont battu les Flyers de Philadelphie pour rapatrier la Coupe Stanley dans la Ville des vents après une disette datant de 1961, le Tout-Chicago était en liesse.

Mais lors du grand défilé, l'état-major fêtait avec une retenue certaine. Il savait que les conséquences de cette victoire seraient lourdes à porter. Qu'une fois la fête passée, il faudrait se résigner à démembrer l'équipe afin de respecter les paramètres financiers régissant la nouvelle LNH.

Le costaud et prolifique défenseur Dustin Byfuglien a alors été sacrifié. Tout comme le gardien Antti Niemi et les attaquants Kris Versteeg et Andrew Ladd, un joueur de soutien solide qui est aujourd'hui capitaine des Jets de Winnipeg.

Vrai que la purge a épargné le dynamique duo d'attaquants formé par Jonathan Toews et Patrick Kane. Vrai aussi que Marian Hossa n'a pas été touché, tout comme les deux piliers à la ligne bleue: Duncan Keith et Brent Seabrook. Mais bien qu'ils soient demeurés solides, les Hawks étaient devenus bien malgré eux un brin vulnérables. Ils ont d'ailleurs été évincés des séries dès la première ronde les deux années suivantes, par les Canucks de Vancouver d'abord et les Coyotes de Phoenix ensuite.

Purge évitée

Cette année, le directeur général Stan Bowman, son papa et conseiller Scotty, et le reste de l'état-major pourront limiter leurs maux de tête aux conséquences des célébrations. Ils n'ont pas à craindre une purge similaire à celle de 2010.

Les Hawks peuvent compter sur leur extraordinaire noyau pour au moins les deux prochaines années, exception faite de Corey Crawford qui entreprendra la dernière année de son contrat.

Des changements seront apportés. C'est inévitable.

Héros obscur des séries, Bryan Bickell ne pouvait choisir meilleur moment pour surprendre la LNH au grand complet. Ses 9 buts et 17 points en 23 matchs, mais surtout le travail de mercenaire qu'il a accompli devant les gardiens adverses et le long des bandes en feront un joueur autonome recherché le 5 juillet prochain.

Confiné à la galerie de presse pas plus tard que l'an dernier durant les séries, Bickell a tenu tête aux Chara, Doughty et autres défenseurs robustes ou talentueux qui auraient normalement dû l'éclipser une main dans le dos. Tout ça pour un salaire de 600 000$.

Pas besoin d'être un génie du hockey, de la finance ou des deux pour comprendre que Bickell touchera une très forte hausse salariale.

Les Hawks ont déjà près de 63 millions d'investis en salaires en vue de la saison prochaine. Garder Bickell sera difficile. Ça deviendra impossible si des équipes - le Canadien serait du nombre - se lancent dans une folle surenchère pour l'attirer dans leur vestiaire.

Mais devant des demandes raisonnables, les Hawks pourraient garder l'attaquant. Ils n'auraient qu'à larguer quelques contrats inutiles - Steve Montador coûtera 2,75 millions l'an prochain et dans deux ans, sans avoir joué un seul match cette année avec le grand club - ou remplacer des vétérans intéressants comme le gardien Ray Emery, Michal Handzus ou Michal Rozsival par des jeunes qui leur poussent dans le dos.

En passant: dans la valse des transactions qui ont envoyé Jaromir Jagr à Boston, Jarome Iginla, Brenden Morrow et Douglas Murray à Pittsburgh, de même que tous les autres coups fumants réalisés à la date limite des échanges, qui diable avait prédit que l'acquisition de Handzus, avec ses 3 buts, 11 points et la qualité d'ensemble du jeu offert en 23 matchs éliminatoires, en retour d'un choix de quatrième ronde au prochain repêchage rapporterait, du moins à court terme, le plus de dividendes?

Avant de lever la main, permettez-moi de vous rappeler que ce n'est pas beau mentir!

Organisation phare

Même s'ils doivent se résigner à perdre Viktor Stalberg, Bickell, Handzus et quelques autres valeureux guerriers, les Hawks seront loin de patiner dans la vase comme ce fut le cas après leur dernière conquête.

Ça ne les assurera pas d'une deuxième Coupe Stanley de suite et d'une troisième en cinq ans. J'en conviens. Mais on pourrait certainement les retrouver au moins dans le carré d'as pour une quatrième fois en six ans. Ce qui confirmerait que les Blackhawks forment maintenant l'organisation phare dans la LNH.

Une organisation que toutes les autres voudront imiter. Une organisation dont les joueurs importants imposent le respect par leur stature en talent, fougue, vitesse et combativité bien plus que par leur stature physique. Car, c'est bien connu, la grandeur d'un joueur de hockey, comme celle d'un homme, est loin de se mesurer seulement en kilos et en centimètres.

Les Hawks viennent de le prouver en tenant tête à des Bruins gros, grands, forts et un peu salauds sur les bords tout en étant très bons sur le strict plan du hockey.

Si c'est bon pour les Hawks, ça devrait donc l'être pour tous les autres clubs de la LNH.

À commencer par le Canadien qui a certainement besoin de renfort au chapitre des joueurs de grande stature. Pourvu que cette stature dépasse les bien banals paramètres physiques.