Vingt ans! Cela a fait 20 ans hier que le Canadien a gagné sa 24e et dernière Coupe Stanley. Vingt longues années - certaines ont même été très longues - depuis cette victoire de 4-1 aux dépens de Wayne Gretzky et des Kings de Los Angeles qui avait permis à Patrick Roy de compléter un parcours phénoménal en séries.

Victime d'un revers de 4-1 lors du premier face à face avec Gretzky, Roy avait ensuite aidé le Tricolore à balayer les Kings avec quatre gains de suite, dont trois en prolongation.

Ces trois victoires en temps supplémentaire avaient propulsé le gardien et ses coéquipiers vers une séquence record de 10 gains consécutifs en prolongation en séries... la même année.

Un record qui tient toujours.

Un record qui tiendra encore longtemps.

Un record que le Canadien avait amorcé aux dépens des Nordiques - il y a 20 ans, à Québec, on rêvait de Coupe Stanley et non d'un éventuel retour de la LNH -, qui avaient pourtant pris les devants 2-0 contre Roy et le Canadien en première ronde.

Juste d'y penser, ça fait encore mal... Car oui, à cette époque, comme tout Québécois qui se respectait, ou presque, j'étais un partisan des Bleus.

Visage québécois

Malgré tout son talent, tous ses arrêts et toutes ses victoires en prolongation, Patrick Roy n'a pas gagné la Coupe tout seul. Loin de là. À titre de valeureux capitaine, Guy Carbonneau donnait le ton sur la patinoire. Kirk Muller, Brian Bellows et Mike Keane agissaient à titre d'excellents seconds. Sans oublier les jeunes Vincent Damphousse, Éric Desjardins, Stephan Lebeau, Gilbert Dionne, Jean-Jacques Daigneault, Patrice Brisebois, Benoit Brunet et autres Mario Roberge qui donnaient au Canadien son visage traditionnel.

Un visage qu'il a perdu depuis.

Si Carbo donnait l'exemple sur la patinoire, Jacques Demers donnait le ton derrière le banc. Comment oublier le visage radieux de l'entraîneur brandissant pour la première - et seule - fois de sa carrière le précieux trophée sur la glace du Forum, que les partisans, qui attendaient cette 24e conquête depuis sept ans, faisaient vibrer.

Imaginez ce que ce sera lors de la 25e. Mais on se passera volontiers des émeutes qui avaient assombri cette 24e conquête.

Comment oublier aussi le sourire de Denis Savard qui, il y a 20 ans hier, soulevait la précieuse Coupe.

Débarqué à Montréal dans le cadre d'une transaction qui est loin d'avoir aidé la cause du Canadien - le turbulent, mais excellent Chris Chelios avait été donné aux Blackhawks -, Denis Savard n'avait participé qu'au premier match de la finale en raison d'une blessure. Jacques Demers l'avait toutefois assigné derrière le banc pour qu'il transmette son enthousiasme et son expérience à ses coéquipiers.

Libéré par le Canadien, Savard mettait le cap sur Tampa Bay à titre de joueur autonome quelques semaines plus tard. Chelios, que l'état-major du Tricolore croyait miné par des blessures aux genoux, a disputé 16 autres saisons, en plus de remporter la Coupe Stanley à deux reprises avec les Red Wings de Detroit...

Disette canadienne

S'il est vrai que le Canadien n'a pas soulevé la Coupe depuis 20 ans, il est tout aussi vrai qu'aucune autre équipe canadienne n'a pris la relève depuis.

Cette disette a alimenté bien des discussions et débats inutiles au cours des dernières semaines.

Est-ce que cette domination américaine démontre l'incapacité des équipes canadiennes à bien repêcher, à bien développer leurs joueurs, à courtiser des joueurs autonomes?

Est-ce que cette domination n'est pas simplement un reflet bêtement mathématique du fait que 77% des équipes de la LNH évoluent aux États-Unis, de sorte qu'elles ont 77% des chances de garder la Coupe?

Je penche vers la deuxième version.

Surtout qu'au-delà de cette disette de 20 ans, les Canucks de Vancouver se sont rendus en grande finale deux fois (1994 et 2011). Les Flames de Calgary (2004) et les Oilers d'Edmonton (2006) ont fait vibrer l'Alberta avec des duels en grande finale qu'ils ont perdus contre Tampa Bay et la Caroline, respectivement. Les Sénateurs, qui auraient pu, et peut-être dû, s'y rendre quelques fois ont atteint la finale en 2007. Finale qu'ils ont perdue aux mains des Ducks d'Anaheim.

Et qui sait si des Nordiques demeurés à Québec au lieu de s'exiler au Colorado n'auraient pas fait deux grands défilés sur la Grande-Allée plutôt qu'au centre-ville de Denver?

Bon! Le Canadien - exception faite de sa présence en finale d'association en 2010 - et plus encore les Maple Leafs n'ont rien fait, ou pas assez, pour aider la cause canadienne depuis 20 ans. Mais dans l'ensemble, on ne peut pas dire que les équipes canadiennes aient été ridiculisées au fil de ces deux décennies.

Cela dit, ce n'est pas cette année que cette tendance sera corrigée. Les Bruins et les Blackhawks se croiseront à compter de mercredi à Chicago.

Et si vous trouvez que c'est long, 20 ans sans Coupe Stanley, sachez qu'en 88 années dans la LNH, Boston (18 présences en grande finale, dont 6 victoires) et Chicago (10 présences, dont 4 victoires) se croiseront pour la toute première fois de l'histoire de la LNH.

Ça, c'est long!

Qui va gagner? La logique favorise les Hawks. Mais avec ce qu'ils ont accompli depuis leur remontée aux dépens des Leafs en première ronde, il est bien difficile de parier contre les Bruins et leur entraîneur-chef Claude Julien.

La nuit portant conseil, je m'offre 24 heures supplémentaires de réflexion avant d'avancer une prédiction pour cette grande finale historique.