Qu'ont en commun Carey Price, Marc-André Fleury et Roberto Luongo? Oui, je sais, ils gardent les buts du Canadien, des Penguins de Pittsburgh et des Canucks de Vancouver.

Mais encore?

Je vous offre un choix de réponses.

a) Le baromètre de leurs performances en saison régulière a oscillé entre ordinaires, décevantes et pas à la hauteur de leur réputation et des contrats faramineux dont ils profitent.

b) Ils étaient tous les trois loin de l'action lorsque leur club a été éliminé ou est passé en deuxième ronde des séries.

c) Ils sont, selon plusieurs, les trois candidats de tête pour le poste de gardien numéro un du Canada lors des prochains Jeux olympiques d'hiver à Sotchi, dans moins d'un an.

d) Toutes ces réponses.

Si vous avez encerclé la lettre «d», vous avez raison. Et à 10 mois du prochain tournoi olympique, c'est loin d'être rassurant de savoir que la défense du filet des champions olympiques en titre pourrait être confiée à ce tiercé loin d'être gagnant.

Du moins, pour l'instant.

Exagérés par ses détracteurs, les ennuis de Carey Price sont tout de même évidents. Sa moyenne de 3,26 buts accordés par match et son efficacité de 89,4% contre les Sénateurs d'Ottawa en première ronde soulèvent bien des doutes. Comme il l'a lui-même admis lors de la dernière rencontre avec les journalistes, samedi, Price doit hisser son rendement et la qualité de ses performances à la hauteur de sa réputation. Pour l'instant, en effet, c'est sa réputation qui lui vaudra une invitation au camp de sélection d'Équipe Canada, l'été prochain.

Dans le cas de Fleury, c'est encore pire. Victime de 40 buts à ses 10 derniers matchs de séries éliminatoires, Fleury affiche, dans les séries en cours, une moyenne de 3,4 buts accordés par match et une efficacité de 89,1%, malgré un jeu blanc signé lors du premier duel contre les Islanders de New York.

Ça fait peur.

Et les Penguins auraient tout intérêt à amorcer la deuxième ronde contre les Sénateurs avec son adjoint Tomas Vokoun, qui a été sensationnel en relève à Fleury contre les Islanders.

Luongo présente de meilleures statistiques. Ou de moins pires, car il n'a pas suffisamment impressionné la direction des Canucks, avec ses 2,57 buts accordés par partie et son efficacité de 91,5%, pour garder Cory Schneider sur le banc et éviter d'être donné au plus offrant au cours des prochaines semaines ou des prochains mois.

Brodeur en renfort

Les performances de Price, Fleury et Luongo sont inquiétantes. C'est vrai. Mais parce que les performances des gardiens dans la LNH d'aujourd'hui fluctuent d'une façon étourdissante d'une saison à une autre, d'un mois à un autre, même d'une sortie à une autre, il est possible que, même s'ils ont été de très ordinaires à carrément mauvais ce printemps, ces trois gardiens retournent au sommet de la LNH l'hiver prochain.

On verra!

Mais si Price, Fleury ou Luongo s'enlisent à nouveau, qui donc prendra la relève?

Cam Ward a des qualités indéniables, mais les blessures le minent depuis deux ans davantage que les statistiques ordinaires et les controverses minent les trois principaux candidats.

James Reimer, des Maple Leafs? Soyons sérieux! Braden Holtby, des Caps? Mike Smith, des Coyotes de Phoenix? Pas vraiment...

Corey Crawford, qui domine tous les joueurs masqués depuis le début des séries - 1,32 but accordé par match et 95% d'efficacité -, semble le candidat tout désigné. En plus, le gardien des Hawks sauverait l'honneur du Québec.

Crawford pourrait avoir un appui de taille sur ce front. Malgré ses 41 ans et le fait qu'il en sera l'an prochain à sa 20e saison dans la LNH, le toujours solide Martin Brodeur pourrait servir la cause du hockey canadien une fois encore. Et pas juste à titre de police d'assurance.

Au-delà des exploits passés en carrière, des réputations et des alliés sur lesquels il fait toujours bon compter au sein de Hockey Canada, les performances du moment devraient guider le choix des gardiens, comme de leurs coéquipiers attaquants et défenseurs.

Il ne reste qu'à souhaiter qu'au moins un gardien canadien survole la mêlée l'an prochain et s'empare du job de gardien numéro un.

Avantage États-Unis

Si le Canada semble vulnérable devant le filet à 10 mois des Jeux de Sotchi, les Américains, eux, n'ont jamais semblé si forts.

Malgré la débarque de Ryan Miller, qui est passé à un but en prolongation d'une médaille d'or olympique à Vancouver en 2010, les États-Unis ont encore l'embarras du choix.

Champion en titre de la Coupe Stanley, Jonathan Quick, après des cadeaux offerts aux Blues de St. Louis lors des deux premiers matchs des séries, est redevenu la muraille qui a permis aux Kings de Los Angeles de soulever le précieux trophée il y a un an. De la façon dont il joue, Quick pourrait les aider à récidiver.

Le king des Kings n'est pas seul. Craig Anderson vient d'envoyer en vacances hâtives le Canadien de Montréal et ses partisans. Miller est toujours un gardien de premier plan. Mais s'il ne se replace pas l'an prochain, les Américains pourraient facilement le remplacer en faisant appel à Jimmy Howard, des Red Wings de Detroit.

Les Finlandais compteront sur Niemi, sur Rask, sur Rinne. Les Russes sur Bobrovsky et n'importe qui d'autre que Bryzgalov. Les Suédois sur Lundqvist, les Tchèques sur Pavelec et Vokoun, les Suisses sur Hiller et les Slovaques, sur Halak.

Le Canada n'est pas à la queue de tous ces pays. Mais il n'est plus tout en haut comme il l'a si souvent été. Pour ne pas dire toujours, ou à peu près. De fait, c'est la première fois de l'histoire du trophée Vézina que les trois finalistes dans la course au gardien de l'année dans la LNH sont d'outre-Atlantique.

Il lui reste 10 mois pour trouver les trois gardiens qui lui permettront d'y retourner.