Il y a deux semaines, lorsqu'il a battu les Bruins de Boston 2-1, au Centre Bell, le Canadien ne laissait poindre aucun doute: il était fin prêt pour les séries.

L'attaque à cinq avait fait payer aux Bruins leur seule pénalité écopée au cours du match. Soutenue par un Carey Price solide, la défense n'avait cédé qu'une fois devant la troupe de Claude Julien.

Si les séries commençaient ce soir, pas sûr que la victoire chambranlante de jeudi aux dépens du Lightning serait suffisante pour permettre au Tricolore et à ses fans d'amorcer la première ronde avec confiance. Peu importe l'adversaire.

Cette victoire a permis de souffler un peu. Elle a permis à Michel Therrien de passer chez Ménick pour une coupe de cheveux au lieu de passer la journée dans son bureau à découper le match de la veille. Mais il faudra plus pour retrouver le sentiment de confiance qu'insufflait le Canadien il y a deux semaines à peine.

Une performance convaincante, ce soir, face à Alexander Ovechkin et ses Capitals revigorerait le niveau de confiance des fans qui ne reverront pas leurs favoris au Centre Bell avant le premier match des séries.

Si, en plus de bien jouer, le Canadien trouve le moyen de gagner, il essuiera les dernières traces du dégât provoqué par sa récente et inquiétante séquence de trois revers.

S'il se fait surclasser?

Il faudra ressortir les essuie-tout en espérant que les trois derniers matchs - au New Jersey, à Winnipeg et à Toronto - n'en rajoutent pas. Car si le Canadien termine sa saison la tête basse et les épaules rondes plutôt que la tête haute et le torse bombé, les essuie-tout ne suffiront plus. Il faudra sortir les «moppes» pour essuyer les pleurs. Enfouir des bouchons dans nos oreilles pour éviter de sombrer dans la folie en raison des grincements de dents!

C'est ça, Montréal! Tu es le meilleur une journée et bon à rien le lendemain. Même après tant d'années, on dirait qu'il est impossible de s'habituer à ces fluctuations d'humeur que même des surdoses des plus puissantes hormones écoulées sur le marché noir ne pourraient égaler.

Diaz de retour

Ne pariez pas les remboursements d'impôts que vous attendez là-dessus: tout indique que Raphael Diaz sera en uniforme ce soir face aux Capitals.

Ce retour au jeu fera le plus grand bien à la défense du Canadien. Une défense fatiguée, poreuse, lente, et qui est loin d'avoir aidé des gardiens qui en auraient eu grand besoin au cours de la dernière semaine.

De tous les défenseurs en uniforme, Andrei Markov semble le plus fatigué. Le qualificatif épuisé serait même plus adéquat. Parce qu'il a perdu un brin ou deux, peut-être trois, de sa vitesse, Markov doit compter sur son expérience et son anticipation pour compenser. La fatigue ne mine pas seulement ses déplacements, mais ses prises de décision également. Vulnérable depuis plus d'un mois maintenant, Markov l'est davantage depuis qu'Alexei Emelin ne lui sert plus de filet.

Markov s'est rebiffé la semaine dernière lorsque les journalistes lui ont suggéré qu'un répit de quelques matchs servirait sa cause et celle de l'équipe. Pourtant, ce serait certainement un plus.

L'ennui, et il est de taille, c'est que Michel Therrien doit respecter son vétéran et ménager ses susceptibilités. Mais bien honnêtement, peut-il se permettre de se passer de lui?

Défense vulnérable

Le Canadien est toujours premier de sa division, deuxième de son association. Des résultats qui témoignent de tout ce qu'il a fait de bien au cours de la saison en maximisant les performances des joueurs et de l'équipe.

Les trois défaites gênantes de la semaine dernière et le vent d'optimisme soulevé par le retour anticipé de Raphael Diaz démontrent toutefois sa vulnérabilité. Surtout en défense.

Malgré toutes ses belles qualités, Diaz n'est pas un candidat au trophée Norris. Il ne le sera jamais.

Mais en reprenant sa place, le Suisse repoussera Davis Drewiske là où il devrait être: sur la galerie de presse, prêt à venir donner un coup de main si le besoin se fait sentir et non sur le banc à attendre un tour régulier.

Avec Diaz de retour, Francis Bouillon n'aura pas à doubler son temps d'utilisation en jouant avec Andrei Markov et Yannick Weber comme il l'a fait en première période. Une double tâche que le valeureux défenseur ne refusera jamais. Mais une double tâche qui ne lui permettra jamais de jouer à la hauteur de ses capacités.

Sans être un grand défenseur, Diaz replacera ses coéquipiers dans des rôles et des temps d'utilisation à leur mesure.

Il ne compensera pas le manque à gagner physique attribuable à la perte d'Emelin, mais il revigorera une attaque à cinq qui en a bien besoin.

Ce n'est pas moi qui «coache», mais si j'en avais l'occasion, je m'assurerais dès ce soir de partager le temps entre Diaz et Markov d'un côté et de garder P.K. Subban pour la durée de l'attaque massive de l'autre côté.

Et Galchenyuk...

J'offrirais aussi à Alex Galchenyuk des présences en avantage numérique. Pas une petite présence en compagnie d'Eller et de Gallagher comme ce fut le cas jeudi. Mais si Ryder, Pacioretty, Bourque ou Gionta m'en donnait l'occasion en se traînant les feutres, j'enverrais illico Galchenyuk à leur place pour profiter de sa fougue et de son talent. Pour le récompenser aussi.

Car si je suis toujours d'accord avec la philosophie des petits pas imposée par le tandem Therrien-Bergevin depuis le début de la saison, je crois qu'il est maintenant évident que Galchenuyk mérite plus d'implication. Surtout en attaque à cinq.

De fait, avec six buts et huit points à ses huit derniers matchs, on ne peut plus seulement parler de récompense à offrir au jeune de 19 ans. Mais à une production dont l'équipe serait bien folle de se passer.

On verra!