Enflammés par les succès - enivrants, il faut l'admettre - de leurs favoris, inquiétés par les récentes transactions conclues par les Penguins et par la riposte anticipée des Bruins, plusieurs partisans du Canadien somment leur directeur général de ne pas rester les bras croisés. De bouger d'ici mercredi pour renforcer son équipe et mousser les chances du Canadien de prolonger jusqu'à l'été la saison de rêve sur laquelle il surfe actuellement.

Cette frénésie des partisans est bien normale. Mais peu importe ce que Bergevin fera d'ici l'interdiction de conclure des transactions, personne ne pourra l'accuser d'être demeuré les bras croisés. En effet, les grandes décisions, celles qui ont propulsé son équipe de la cave à la tête du classement dans l'Est, Bergevin les a déjà prises.

Le renvoi de Scott Gomez demeurera le tournant de la saison du Canadien. Cette décision a donné le ton dès la première seconde du camp d'entraînement.

L'ouverture, non seulement des portes du vestiaire, mais de l'alignement partant, aux jeunes Galchenyuk et Gallagher a insufflé un vent de renouveau et d'espoir.

La fermeté administrative affichée dans la renégociation du contrat de P.K. Subban a assis un peu plus l'autorité et le leadership du directeur général et de l'équipe d'entraîneurs qu'il avait mise en place. Une équipe dirigée, on ne le dira jamais assez, avec doigté et fermeté par Michel Therrien.

La transaction qui a permis d'adoucir l'atmosphère dans le vestiaire, de sauver des millions et de multiplier la récolte offensive en larguant Erik Cole - 3 buts et un différentiel de -7 en 13 matchs - à Dallas au profit de Michael Ryder, qui a maintenant 14 points (7 buts) en 14 rencontres depuis son retour à Montréal, est un coup d'éclat, qui pourrait se classer parmi les meilleures transactions de l'année.

Ajoutez la décision de réclamer Jeff Halpern au ballottage et d'offrir aux jeunes Tinordi, Dumont, Pateryn et maintenant Beaulieu de venir goûter à la LNH et donner un aperçu de ce qu'ils ont à offrir ou qu'ils ont encore à apprendre, et vous avez une longue liste de décisions qui permettra de rabrouer quiconque accuserait Bergevin d'être demeuré les bras croisés.

Prêt à tout

Ça ne veut pas dire de fumer un gros cigare en se frottant la «bedaine» d'aise et de regarder le train passer d'ici mercredi.

Ça non!

C'est d'ailleurs pour cette saison que Bergevin, en fin de semaine, a soumis le nom de Tomas Kaberle au ballottage. Pas plus fou que vous ou que les 29 autres directeurs généraux de la LNH, Bergevin ne s'attendait certainement pas à ce que son défenseur trop cher payé pour être aimé, ou simplement courtisé, ne soit réclamé.

Mais en le soumettant au ballottage, Bergevin pourra le renvoyer à Hamilton si jamais il a besoin d'une place dans la liste des 23 joueurs dont le Canadien, comme les autres équipes de la LNH, peut avoir à sa disposition en saison.

Kaberle n'ira pas jouer à Hamilton. Il ne sortira sans doute même pas de Montréal. Mais il libérera une place le cas échéant.

En passant, une fois l'interdiction de transiger tombée, Bergevin, comme tous ses homologues, pourra alors garder avec le grand club autant de joueurs qu'il le voudra. Pourvu que la masse de tous les salaires respecte le plafond de 70,2 millions. Ce qui donne un jeu d'un peu moins de 4 millions au Tricolore pour le moment...

Défenseur ou attaquant?

Le fait que Bergevin a fait une place pour accueillir un joueur d'ici mercredi laisse croire qu'il bougera avant l'heure de tombée.

D'ici là, Bergevin et les membres de l'état-major du Canadien se poseront des questions.

L'explosion de P.K. Subban, l'énergie contagieuse de Brendan Gallagher, le courage insufflé par Brandon Prust, les performances de Carey Price lorsqu'il s'impose devant son filet comme il l'a fait samedi en repoussant les 34 tirs des Rangers, le leadership tranquille, mais efficace, de Tomas Plekanec, d'Andrei Markov et du capitaine Brian Gionta sont-ils suffisants pour permettre au Canadien de rivaliser avec les Penguins et les Bruins d'ici la fin de la saison et en séries éliminatoires?

Ces munitions sont-elles assez puissantes pour les surprendre en embuscade ou les battre dans une longue guerre d'usure, une fois en séries éliminatoires? Pour éviter de se faire surprendre par un adversaire plus physique, comme les Sénateurs ou les Maple Leafs, en première ronde?

Cet arsenal pourrait-il permettre de se rendre jusqu'à la Coupe Stanley?

Marc Bergevin a trois jours pour trouver les réponses.

Je ne sais pas ce que le Canadien fera d'ici mercredi. Je demeure toutefois convaincu que Bergevin n'hypothéquera pas un choix de qualité (première ou deuxième ronde) au prochain repêchage, un Beaulieu, un Tinordi, un Bournival pour un joueur de location.

Ryane Clowe est un très bon leader. J'adorerais voir Jaromir Jagr dans l'uniforme du Canadien. Mais assureraient-ils vraiment le Tricolore de succès plus retentissants que ceux obtenus depuis le début de la saison?

Pas sûr. Pas sûr du tout.

C'est pour cette raison que je crois que le Canadien misera plutôt sur une police d'assurance. Sur un défenseur col bleu capable de prendre la relève dans différentes situations, en fonction des besoins du moment et des blessures qui pourraient survenir. Loin de moi l'intention de partir ou d'entretenir des rumeurs. Mais Ladislav Smid, des Oilers, serait en plein le genre de défenseur que je reluquerais. Plus encore que son coéquipier Ryan Whitney. Pour ce que ça vaut, Craig MacTavish, ancien défenseur, entraîneur-chef et aujourd'hui vice-président aux opérations hockey chez les Oilers, était un spectateur attentif au match Rangers-Canadien samedi soir. On saura d'ici mercredi si MacTavish était à Montréal pour les Rangers, le Canadien, les hot-dogs du Centre Bell ou une poutine sur la «Main».

En passant, les prochaines heures seront marquées par des tas de rumeurs. Des rumeurs plus folles les unes que les autres. Comment y voir clair? En les analysant des deux côtés. N'importe quel DG voudrait avoir Sidney Crosby en échange de Jeff Halpern. Mais aucun ne voudrait Halpern pour Crosby... même blessé! Quand c'est trop beau pour être vrai, ce n'est qu'une folle rumeur. Une autre. Ou un poisson d'avril!