Ce n'est pas l'an prochain que Michel Therrien et ses homologues de la LNH pourront lancer une serviette sur la patinoire afin de réclamer la révision d'une décision des officiels. Ce ne sera pas dans deux ans non plus.

S'il n'en tient qu'à Colin Campbell, premier vice-président responsable des opérations hockey, la Ligue nationale ne suivra jamais l'exemple de la NFL qui accorde ce genre d'appel. «Les coachs pourront toujours lancer une serviette sur la patinoire s'ils le veulent», a ironisé Campbell.

Il est toutefois possible que la LNH élargisse l'éventail de jeux révisés systématiquement dans la grande salle de contrôle de Toronto. Pour le moment, seuls les buts marqués sont révisés.

«On pourrait examiner plus en détail les pénalités de quatre minutes pour bâton élevé afin d'en assurer la pertinence. J'aimerais aussi qu'on puisse, à l'aide de caméras placées dans les bandes à chaque bout des lignes bleues, s'assurer que les hors-jeux sont bien décidés. Ça nous éviterait le genre de faux pas qui nous a fait mal paraître le mois dernier lors du match Predators-Avalanche au Colorado. Mais oubliez les révisions pour un tout ou un rien», a tranché Colin Campbell, à sa sortie de la réunion des directeurs généraux.

Pendant près de huit heures hier, Marc Bergevin, du Canadien, et ses homologues des 29 autres équipes de la LNH ont débattu de la situation actuelle et des moyens à prendre pour améliorer la qualité du jeu et la sécurité des joueurs. Répartis en trois groupes de 10, les directeurs généraux ont beaucoup débattu de la question. Mais ils ont accouché de bien peu de solutions concrètes susceptibles d'entrer en vigueur dès l'an prochain.

Deux exceptions: le port obligatoire de la visière et l'adoption d'un arrêt de jeu hâtif sur les dégagements refusés.

«On ne veut pas perdre des joueurs avec des blessures graves que le port de la visière pourrait éviter», a commenté le directeur général du Canadien. Comme tous ses homologues, Bergevin recommande l'adoption graduelle du port obligatoire de la visière.

«Les gars la portent dans les rangs juniors et elle est obligatoire dans la Ligue américaine. Je crois que nous sommes tous d'accord pour que tous les jeunes qui arrivent dans la ligue soient obligés de la porter et qu'on laisse à ceux qui sont déjà établis la décision de le faire ou non», a ajouté Bergevin.

Conseiller spécial de Donald Fehr à l'Association des joueurs de la LNH (NHLPA), Mathieu Schneider a indiqué que l'association sollicitera un vote au sein de ses quelque 700 membres. «Je me sens un peu hypocrite dans ce dossier, car bien que je sois en faveur du port obligatoire de la visière, je ne l'ai jamais portée. Selon nos derniers relevés, 73% de nos joueurs la portent. Nous verrons ce que les joueurs décideront», a indiqué Schneider.

Dégagements hybrides

S'il semble y avoir un terrain d'entente sur la question de la visière, l'adoption d'un arrêt de jeu hâtif sur les dégagements refusés est plus disputée.

Les directeurs généraux favorisent - vote de 20 contre 10 - l'adoption du dégagement hybride selon lequel un dégagement serait sifflé si le défenseur fonçant vers la rondelle dégagée devançait son poursuivant une fois rendu aux cercles de mise en jeu.

«Nous avons fait l'essai de ces dégagements hybrides dans la Ligue américaine, et ça nous semble concluant. Les joueurs préfèrent le statu quo ou l'adoption du règlement international alors que les dégagements sont sifflés dès que la rondelle traverse la ligne des buts», a indiqué Colin Campbell.

Comme le port de la visière et tous les autres sujets débattus hier, le dégagement hybride sera au centre des discussions du comité de compétition l'été prochain. Ce comité est composé de cinq dirigeants de la LNH et de cinq joueurs.

La Ligue nationale peut imposer ses décisions par le biais d'un vote des gouverneurs. Campbell a toutefois confirmé hier qu'il préférerait de beaucoup obtenir l'aval des joueurs pour apporter des changements.

Gardiens au régime

La baisse du nombre de buts marqués, l'équipement disproportionné des gardiens et la sécurité des joueurs ont aussi été abordés.

«Nous tenons bien sûr à assurer la sécurité des gardiens. En même temps, il est essentiel, à mes yeux, que l'équipement ne prenne pas le dessus sur le talent des gardiens en devenant un élément de tricherie», a indiqué Mathieu Schneider.

«Je ne suis pas un génie, mais quand une pièce d'équipement est appelée un «tricheur», ça devrait sonner une alarme», a indiqué le directeur général des Sharks de San Jose, Doug Wilson.

Cette pièce illégale couvre les genoux en dessous des jambières. En plus d'assurer une protection nécessaire, elle offre à des gardiens un avantage exagéré en raison de ses dimensions excessives. «L'équipement est là pour bien protéger les joueurs et non pour combler des espaces vides», a bien illustré Kay Whitmore, conseiller spécial de la LNH sur les questions touchant les gardiens.

«Les joueurs ne voient plus le blanc des mailles du filet quand ils foncent vers les gardiens. On leur demande donc de prendre le but d'assaut avec les conséquences que cela a sur les pénalités décernées pour les contacts avec les gardiens», a commenté Marc Bergevin, qui souhaite des changements.

Ces changements sont toutefois difficiles à implanter. Car les débats concernent la Ligue, les gardiens et aussi les manufacturiers qui doivent donner leur point de vue sur le bien-fondé des changements proposés.

Les questions reliées aux impacts avec les gardiens, aux mises en échec par-derrière et aux exagérations multipliées pour attirer des pénalités ont aussi été débattues.

«Les discussions sont très émotives sur ces sujets. On parle. On échange. Mais les consensus sont très difficiles à atteindre», a conclu Campbell qui a levé les yeux au ciel quand on lui a indiqué que son commentaire ne laissait rien augurer de bon quant à une meilleure constance dans la distribution des pénalités lors des matchs.

Toutes ces questions seront débattues à nouveau en finale de la Coupe Stanley afin d'établir des suggestions précises qui seront ensuite soumises au vote des gouverneurs.