Marc Bergevin débarquera en force demain, dans les bureaux de la LNH, à Toronto, où il retrouvera ses 29 homologues dans le cadre de la réunion annuelle des directeurs généraux.

L'équipe moribonde dont il a hérité le printemps dernier flirte avec le premier rang de l'Association de l'Est. Un bond remarquable et remarqué. Un bond attribuable, au moins en partie, à une série de bons coups de Bergevin qui, en moins de 12 mois, est passé du statut de recrue à celui de jeune directeur général rusé dont il vaudrait mieux se méfier.

Outre les discussions officielles dirigées par le commissaire Gary Bettman, les rencontres de directeurs généraux ouvrent souvent la porte à de nombreuses discussions parallèles. À deux semaines de la date limite des transactions (3 avril), ces discussions pourraient vite se transformer en négociations alors que des équipes cherchent à s'améliorer en vue du sprint final.

«Ça fait longtemps que les discussions sont commencées. On se parle pas mal plus souvent que vous le pensez. Ou qu'on vous le dit», lance en riant le DG du Canadien, avec qui je me suis entretenu hier.

Avec seulement huit points séparant - avant les matchs d'hier - l'équipe de troisième place dans l'Ouest de celle qui est toute dernière et le fait que plusieurs équipes jonglent encore avec leurs chances réelles d'accéder aux séries avant d'adopter leur plan d'action, ce sont plus les échos de rumeurs que ceux de réelles négociations qu'on entend dans les corridors, assure le DG du Canadien.

Iginla et les autres...

Cela dit, le nom de Jarome Iginla résonne aux quatre coins de la LNH dans le cadre de ces rumeurs associées aux gros joueurs de location qui pourraient renflouer une équipe d'ici le 3 avril.

S'il s'est refusé à tout commentaire portant sur un joueur ou un autre susceptible d'intéresser ou non son équipe, Marc Bergevin m'a assuré une chose. «Il n'est pas question d'hypothéquer l'avenir du Canadien pour mettre la main sur un joueur de location.»

À quelques heures du duel qui opposera le Tricolore aux Sabres de Buffalo, ce soir, au Centre Bell, le club de Bergevin affiche déjà 42 points. S'il maintient le rythme, le Canadien complétera la saison écourtée de 48 parties avec 72 points. Seulement six de moins que la récolte de l'an dernier... en 82 rencontres.

Alors que le rêve de participer aux séries éliminatoires a cédé le pas à celui d'une présence en finale de la Coupe Stanley, plusieurs partisans voudraient donc voir le Canadien se renforcer à la ligne bleue. Peut-être aussi au sein du quatrième trio.

Locations coûteuses

L'ennui pour Bergevin et les partisans de son club, c'est que les équipes qui offrent des joueurs de qualité demandent le gros prix. Le très gros prix.

À titre d'exemple, les Flames de Calgary ne demanderaient rien de moins qu'un premier choix au repêchage, un espoir de premier plan et un joueur établi dans la LNH en retour de leur capitaine.

C'est beaucoup. C'est énorme. Surtout que le passé récent démontre que ces locations dispendieuses ne rapportent pas toujours.

Le printemps dernier, les Predators de Nashville ont échangé un choix de première ronde pour mettre la main sur le gros joueur de centre Paul Gaustad, des Sabres. Ils ont aussi cédé un choix de deuxième ronde en plus de Blake Geoffrion et un autre de troisième ronde au Canadien pour Andrei Kostitsyn et Hal Gill.

Ces transactions visaient à maximiser les chances de victoires en séries et aussi, et surtout, les chances de garder à Nashville leurs deux défenseurs-vedettes Shea Weber et Ryan Suter.

Les Predators sont tombés en deuxième ronde. Paul Gaustad (un but, quatre points) évolue au sein d'un quatrième trio. Andrei Kostitsyn a passé l'hiver en Russie dans la KHL. Ryan Suter est parti pour le Minnesota et les 98 millions que lui offrait le Wild. Les Preds peuvent se consoler avec Hal Gill...

«La location de joueurs en fin de saison est un jeu dangereux. Personne ne veut faire de cadeau. Les prix sont élevés. Et dès qu'un club bouge, les prix montent en flèche. Il faut garder la tête froide. Respecter le plan établi. Et je suis convaincu que nos partisans, qui veulent nous voir gagner autant que nous voulons nous-mêmes gagner, ne seraient pas contents s'il fallait repartir à zéro l'an prochain. On a du succès. On a de bons jeunes avec nous. On a des prospects dans les mineures. On a des choix au repêchage. On a les outils pour bâtir solidement notre avenir. Et je n'hypothéquerai pas cet avenir», a répété Bergevin.

Arbitres, reprises, convention

Fort de la remontée de son équipe au classement et des bons coups qu'il a multipliés depuis son embauche en mai dernier, Marc Bergevin sera beaucoup plus à l'aise lorsque viendra le temps de prendre la parole pour défendre ses positions et celles de son équipe qu'il ne l'était, à New York, le printemps dernier, lors de sa première réunion au sommet.

«Quand tu t'assieds pour la première fois avec des Lou Lamoriello (Devils), Glen Sather (Rangers) ou David Poile (Predators) qui gravitent autour de cette table depuis 20 à 30 ans, tu prends ton trou. Tu écoutes plus que tu parles. Je vais encore écouter. Mais je parlerai plus que l'an dernier.»

De quoi sera-t-il question? Du travail sévèrement contesté des arbitres depuis le début de l'année. D'un bien-fondé d'accorder aux équipes le droit de contester certaines décisions par le biais de reprises vidéo. Des dessous de la nouvelle convention collective signée en janvier dernier. Sans oublier un coup d'oeil sur les Jeux de Sotchi, l'hiver prochain, et d'autres affaires courantes.

«Les arbitres ont un travail extrêmement difficile à accomplir. Il y a eu beaucoup d'accrocs en début de saison, mais je considère que ça se replace. Je suis toutefois favorable à l'idée des contestations. Ce n'est pas normal que je puisse profiter d'une reprise, que les journalistes et les partisans y aient droit aussi, mais que les arbitres soient gardés dans le noir.

«On verra mercredi [demain] ce que les autres DG en pensent.»