Dans un monde idéal, les 30 équipes de la Ligue nationale (LNH) seraient réparties en deux associations comptant chacune 15 clubs et non 16 dans l'Est et 14 dans l'Ouest.

Dans un monde idéal, les Panthers de la Floride et le Lightning de Tampa Bay n'auraient pas à survoler les huit villes où les équipes de la division «Atlantique» sont établies, pour visiter leurs adversaires de la section Nord-Est dont ils font partie.

Dans un monde idéal, les Nordiques joueraient encore à Québec et deux clubs se partageraient le marché faste de Toronto.

Mais voilà: les 30 équipes de la LNH ne patinent pas encore dans un monde idéal. Ça viendra. Tout comme le retour des Nordiques, la naissance d'un club à Markhamet l'interdiction des bagarres et des mises en échec par-derrière.

D'ici là, la Ligue nationale a obtenu un sage compromis dans le cadre du réaménagement des divisions que les gouverneurs ont entériné hier.

Ce réaménagement axé sur une meilleure répartition géographique des équipes entrera en vigueur dès l'an prochain. Il sera en rodage pour les trois prochaines saisons. Des correctifs seront ensuite apportés au besoin, dans l'éventualité de transferts d'équipes ou d'une expansion. «Rien n'indique que nous irons dans cette direction au cours des trois prochaines années», a plusieurs fois répété Gary Bettman lors de la conférence téléphonique au cours de laquelle la LNH a officialisé son réaménagement.

Detroit et Columbus à l'Est

Le plan n'est pas parfait. C'est pour cette raison qu'il n'a pas obtenu l'aval unanime des gouverneurs. Mais il est très bon. D'où son approbation qui a largement dépassé la majorité des deux tiers requise pour compléter pareil changement.

«Nous sommes ravis de revenir dans l'Est. Là où nous devons être: avec Toronto, Montréal et Boston», a lancé le directeur général des Red Wings de Detroit, Ken Holland.

«C'était une simple question de gros bon sens, a ajouté le nouveau président et responsable des opérations hockey des Blue Jackets de Columbus, John Davidson. Le fait d'être confinés dans l'Ouest minait nos chances de rejoindre nos fans à la télé, surtout les plus jeunes autour de qui nous voulons bâtir l'avenir. Plusieurs de nos parties commençaient lorsqu'ils étaient déjà au lit. Sans oublier les contraintes de fatigue que les déplacements prolongés et les sauts répétés de fuseaux horaires entraînaient chez nos joueurs.»

La Floride dans le Nord-Est

Detroit rejoint donc Boston, Buffalo, Ottawa, Montréal et Toronto, sans oublier les deux clubs de la Floride. Quant aux Blue Jackets, ils seront greffés aux équipes de la grande région atlantique: les trois clubs de New York (Devils, Islanders, Rangers), Philadelphie, Washington, Caroline et Pittsburgh.

L'isolement géographique des deux équipes de la Floride représente l'un des accrocs du plan adopté hier. La présence assurée de milliers de «snow birds» dans les gradins de Tampa et de Sunrise lors des escales du Canadien et des autres clubs descendus du Nord a certainement contribué à apaiser le malaise des propriétaires du Lightning et des Panthers.

«Il s'agit de l'un des compromis que nous avons dû trouver. Contrairement aux autres regroupements, celui-ci n'est pas idéal sur le plan géographique, mais il maintient des rivalités déjà établies. Sur le plan des affaires, les deux équipes de la Floride sauront en profiter, et nous les assurons de notre appui dans l'élaboration de leur calendrier pour minimiser les contrecoups des déplacements», a plaidé le commissaire Gary Bettman.

Dans le Midwest, les Stars de Dallas crient victoire.

«Les gens ne le réalisent pas, mais une envolée entre Dallas et Winnipeg est plus courte qu'une envolée vers Phoenix», a lancé Jim Lites, président des Stars.

Bien qu'ils se retrouvent orphelins au sein de leur division, les Jets de Winnipeg sont heureux. «Nous aurions bien sûr aimé avoir une rivalité de division avec un autre club canadien. Le nouveau calendrier nous assure malgré tout des visites régulières à Edmonton et à Calgary et d'une visite annuelle du Canadien, des Leafs et des Sénateurs, tout en réduisant de beaucoup nos coûts de déplacement. Autant en argent qu'en temps et en fatigue. Il s'agit d'un compromis dont nous sortons gagnants», a plaidé Mark Chipman, gouverneur des Jets.

Winnipeg évoluera dans une division complétée par Dallas, Chicago, Colorado, Minnesota, Nashville et St. Louis.

Anaheim, Calgary, Edmonton, Los Angeles, Phoenix, San Jose et Vancouver joueront au sein de l'Association de l'Ouest.

Calendrier et séries

Comment se déroulera la prochaine saison?

Tous les clubs disputeront 82 matchs. Le déséquilibre compliquera toutefois la tâche du responsable du calendrier qui aura tout un casse-tête à régler.

Le Canadien jouera cinq fois contre deux de ses rivaux de division: trois matchs au Centre Bell contre l'un, trois à l'étranger contre l'autre. Il jouera quatre fois contre les cinq autres clubs de sa division. À ces 30 parties intra-division, s'ajouteront trois rencontres contre les équipes de la division rivale (24 matchs). Le Tricolore complètera sa saison avec deux rencontres - l'une à l'étranger, l'autre au Centre Bell - contre toutes les équipes de l'Association adverse.

Dans l'Ouest, la répartition sera bien sûr différente. Les équipes joueront cinq fois contre cinq rivaux de division et quatre fois contre l'autre club. Ils affronteront trois fois leurs rivaux de l'autre division, sans oublier les deux matchs contre chaque club de l'Est.

Les séries?

Les équipes qui termineront aux trois premiers rangs de chacune des quatre divisions accéderont aux séries. Aux six équipes de chaque association s'ajouteront les deux équipes aux meilleurs dossiers. Cela pourrait se traduire par la présence en séries de cinq équipes d'une division et de trois seulement de l'autre.

Ces huit équipes se croiseront selon le principe actuel de un contre huit, deux contre sept, ainsi de suite.

L'équipe qui aura maintenu le meilleur dossier dans son association jouera contre la plus faible.

Les champions de chaque association se croiseront ensuite en finale de la Coupe Stanley.

Bien qu'il sera mathématiquement plus facile d'accéder aux séries dans l'Est que dans l'Ouest, la LNH a établi que ce favoritisme apparent sera plus théorique que réel.

On verra au fil des ans.

Quant aux noms à donner aux quatre divisions, plusieurs observateurs ont déjà suggéré de les coiffer des noms d'illustres anciens joueurs de la LNH.

Une bien belle idée. Mais il serait surprenant que les Bruins acceptent de jouer dans la division Béliveau et que le Canadien accepte de jouer dans la division Orr. Que les Rangers acceptent de jouer dans la division Lemieux ou Bossy.

Beaux débats en perspective...

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Pour plus de détails sur le plan de réaménagement des divisions de la LNH, consultez le blogue de François Gagnon à l'adresse: https://blogues.lapresse.ca/gagnon/