Dans la vie de tous les jours, 15 ans, c'est long. La preuve: lorsque Lindy Ruff a été nommé 15e entraîneur-chef des Sabres de Buffalo, le 21 juillet 1997, la nouvelle ne s'était pas propagée aux quatre coins de la planète hockey grâce à Twitter, comme ce fut le cas hier après-midi après son congédiement. L'annonce de sa nomination avait suivi les canaux habituels: les fils de presse et le bouche à oreille.

Dans le quotidien de la LNH, 15 ans, c'est une éternité, comme le confirment les 170 congédiements dont Ruff a été témoin au cours de son règne. Tenez: il y a eu neuf changements d'entraîneur-chef chez le Canadien au cours de ces 15 années. Neuf!

Après deux victoires en début de saison, les Sabres n'affichent que quatre gains (4-10-1) à leurs 15 derniers matchs.

Non seulement les Sabres perdaient trop souvent, mais le désespoir s'est installé dans le vestiaire. La sortie émotive du gardien Ryan Miller, qui a mis en cause l'engagement de tous les membres de son équipe après la défaite de 2-1 à Winnipeg lundi, a rendu périlleuse la situation de Ruff derrière le banc.

Sans oublier qu'après avoir promis une Coupe Stanley et «investi» près 150 millions en contrats divers, le propriétaire Terry Pegula commence certainement à perdre patience en attendant un retour sur son investissement qui semble de plus en plus improbable.

Pour toutes ces raisons, Ruff se réveille chez lui à Buffalo, ce matin, tandis que ses joueurs et son successeur, Ron Rolston, se réveillent à Toronto où ils croiseront les Leafs dès ce soir.

Pominville surpris

En dépit des nombreuses raisons qui militaient en faveur du congédiement de Lindy Ruff, le directeur général Darcy Regier, le président du club Ted Black et même le propriétaire Terry Pegula ont balayé toutes les rumeurs d'un revers de main au cours des dernières semaines.

Ils ont changé d'idée hier seulement. D'où la stupéfaction de Jason Pominville, qui a été renversé par la nouvelle, et surtout par la façon dont lui et ses coéquipiers l'ont apprise.

«Lindy a dirigé l'entraînement, il a donné ses directives avant le départ pour Toronto. Il avait le plein contrôle du club et des gars. Nos résultats ne le démontrent pas, mais on jouait vraiment mieux depuis quelques matchs. Quand il est entré dans l'autobus, Lindy est resté debout en avant et nous a remerciés pour toutes les années passées ensemble. Il est ensuite descendu et c'est quand je l'ai vu marcher vers sa voiture que j'ai réalisé ce qui arrivait. Nous sommes tous allés le rejoindre pour lui serrer la main. Pour le remercier. C'est le seul coach que j'ai connu. Et c'est un excellent coach», m'a raconté Pominville, joint à Toronto.

Les Sabres ont donc voyagé en orphelins. Leur nouvel entraîneur Ron Rolston s'est rendu à Toronto en soirée, en compagnie du directeur général Darcy Regier.

«On ne sait pas à quoi s'attendre. On ne le connaît pas du tout. On en saura plus lors d'une réunion d'équipe prévue plus tard [hier] soir», a ajouté Pominville.

Entraîneurs en sursis

Qui est Ron Rolston? L'entraîneur de 46 ans est dans sa deuxième année derrière le banc des Amerks de Rochester (club-école des Sabres), après avoir fait carrière dans les rangs universitaires américains. Il est surtout connu à titre de frère aîné de l'attaquant Brian Rolston, qui a roulé sa bosse pendant 17 saisons dans la LNH.

Ron Rolston se retrouve dans la même position inconfortable que Randy Cunneyworth l'an dernier avec le Canadien. Il n'a pas la moindre expérience dans la LNH. Pas la moindre crédibilité. Pas la moindre autorité. Avec le titre d'entraîneur intérimaire qui lui pend comme un sabre au-dessus de la tête, il n'a que 31 matchs pour faire ses preuves et s'offrir une chance d'obtenir un contrat pour l'an prochain. Méchant contrat!

Si la situation de Rolston est inconfortable, le congédiement de Lindy Ruff rendra plus périlleuse la situation de quelques entraîneurs-chefs autour de la LNH.

En raison de la saison écourtée et du manque de candidats disponibles, les Flyers, les Capitals, les Rangers et les autres équipes qui déçoivent en ce début de saison affichaient une patience compréhensible.

Maintenant que Lindy Ruff est disponible, Peter Laviolette, Adam Oates et John Tortorella ont une raison de plus d'être inquiets.

Les Foreurs en santé

Si les Éperviers de Sorel effectuent un retour dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) l'automne prochain, ce n'est pas à Val-d'Or que François Beauchemin, Marc-André Fleury et leurs associés mettront la main sur l'équipe qu'ils déménageront ensuite. Car, bien qu'ils vivotaient depuis quelques années, au point où la Ville a décidé de couper les vivres qui les maintenaient en vie, de nouveaux propriétaires ont depuis renfloué le club. Acquis en juillet dernier par un groupe composé de sociétés, d'hommes d'affaires et d'une branche du Grand Conseil des Cris, les Foreurs sont sortis de la petite misère dans laquelle ils patinaient. «Un engagement avec la Ville interdit tout déménagement des Foreurs pour cinq ans. Cet engagement n'est toutefois qu'une formalité. Car nous n'avons pas acheté les Foreurs pour les vendre, mais parce qu'ils occupent une place importante dans notre communauté. Et nous voulons qu'ils occupent cette place pour 20 ans. Non! Pour toujours», m'a assuré Daniel Massé, l'un des 10 proprios.

M. Massé était déçu et peiné de voir que son club était associé aux Titans d'Acadie-Bathurst et au Rocket de l'Île-du-Prince-Édouard au sein des parents pauvres de la LHJMQ. «Notre région est prospère et notre équipe de hockey le sera aussi. Il y a un grand potentiel que nous tentons de mieux exploiter. On aimerait avoir plus de spectateurs dans les gradins, mais ça s'améliore. Et lorsque nous gagnerons en séries, nous serons en mesure de le prouver aux gens de Montréal», a plaidé M. Massé, en réclamant qu'un correctif soit apporté. C'est fait...