La Fondation du Canadien pour l'enfance offrira cet après-midi sa cinquième patinoire à des jeunes qui grandissent en milieux moins favorisés sur l'île de Montréal. Après les arrondissements de St-Michel, Montréal-Nord, Verdun et LaSalle, la Fondation s'installe au Parc de la confédération dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce. À un tir des poignets de l'aréna Doug Harvey.

En tous points semblables à la patinoire du Centre Bell, recouverte du logo du Tricolore, de lignes bleues et rouges, de cercles de mises en jeu, ceinturée de bandes et de bancs des joueurs, la glace réfrigérée et entretenue mécaniquement a accueilli ses premiers hockeyeurs à la mi-janvier.

En plus d'offrir la patinoire à un coût oscillant autour de 1,4 million, le Canadien remettra aussi à l'arrondissement qui assure l'entretien et le bon déroulement des activités 100 paires de patins, des casques et des bâtons offerts par Bauer-Nike pour intéresser davantage les jeunes au hockey.

Ancien président du Canadien et président du conseil d'administration de la Fondation, Pierre Boivin assure avoir atteint, voire dépassé, tous les objectifs établis par la Fondation lors du lancement du plan de cinq ans qui arrive à échéance aujourd'hui.

«L'idée derrière le programme Bleu-Blanc-Bouge était d'offrir à des jeunes qui n'en avaient pas, un lieu de rencontre pour faire du sport. Nos patinoires ne servent pas à la tenue de matchs de ligues de garages. Elles sont destinées aux jeunes des quartiers où nous les avons installées. Elles ont d'ailleurs accueilli près de 100 000 jeunes depuis que nous avons livré la première. C'est énorme. Une étude effectuée par l'UQAM - Groupe de recherche sur les espaces festifs (Gref) - confirme que les jeunes sont plus actifs, qu'ils ont tissé de nouvelles amitiés, qu'ils sont plus fiers de leur quartier depuis qu'il est équipé d'une de nos patinoires. Avec tous les jeunes qui immigrent à Montréal avec leur famille, nos patinoires leur donnent un moyen de découvrir le hockey ce qui facilite grandement leur intégration», m'a expliqué Pierre Boivin lors d'un entretien hier.

Influences positives

Au lieu de se regrouper dans les ruelles, les coins de rue et les coins noirs pour élaborer des plans qui les conduiront plus souvent dans le trouble que vers la bonne forme, les jeunes peuvent se donner rendez-vous à la patinoire qui se transforme en court de basketball une fois l'été arrivée.

C'est ça de gagné. Ça ne les immunise pas nécessairement tous des méfaits de la criminalité juvénile, mais les patinoires et le sport leur offrent au moins une alternative intéressante alors que les bandes forment un rempart qui les protègent un brin ou deux de l'influence négative.

Signe qui confirme la fierté de ces jeunes pour les infrastructures mises à leur disposition, un seul acte de vandalisme a été relevé au cours des quatre dernières années. J'espère que le dévoilement de cette statistique n'aura pas d'effet négatif...

Autre résultat positif : les enseignants des écoles de quartier voisines des quatre patinoires déjà en opération, ont également noté des améliorations sur le plan académique.

«Pour être bien honnête, l'aspect scolaire n'était pas dans nos cartons. C'est une preuve de plus qu'un esprit sain dans un corps sain entraine des répercussions positives à tous les niveaux. Si nos patinoires contribuent à garder des jeunes à l'école c'est une prime non négligeable», a ajouté Pierre Boivin qui sera au Parc de la confédération aujourd'hui.

Le Canadien sera bien sûr représenté par son propriétaire, Geoff Molson, son directeur général Marc Bergevin et quelques joueurs. Ces joueurs seront surtout entourés de jeunes du quartier dans le cadre de ce lancement officiel.

Où aller maintenant?

Maintenant que la première tranche de cinq ans est complétée, la Fondation s'attaque à une deuxième tranche de cinq ans. Une période au cours de laquelle le Canadien étendra le programme Bleu-Blanc-Bouge au reste du Québec.

Avec l'aide du programme Québec en forme mis de l'avant par la Fondation Chagnon, le Canadien ciblera des villes et des régions où il pourra maximiser le rendement de ses patinoires.

«Les critères sont simples. On vise des milieux défavorisés, où la population et les organismes sont prêts à se mobiliser et à travailler avec nous. Il est aussi primordial de nous établir dans des secteurs où on peut relever une forte densité de jeunes dans le besoin. C'est notre critère numéro un», m'a confirmé Pierre Boivin.

Bon an mal an, la Fondation remet près de 2,5 millions $ directement aux jeunes dans le besoin ou à différents organismes leur venant en aide. Ses revenus proviennent des commandites de Desjardins, Rio Tinto Alcan, des partisans dans le cadre des loteries et encans silencieux tenus lors des matchs au Centre Bell et du tournoi de golf annuel de l'équipe.

«L'appui de nos partenaires est essentiel. Mais la visibilité de la Fondation nous permet maintenant d'obtenir des dons directs de citoyens. C'est un phénomène nouveau et nous ne nous en plaindrons certainement pas», a convenu Pierre Boivin.

Chaque dollar est dépensé soigneusement. À titre d'exemple, Geneviève Paquette, directrice exécutive de la Fondation était ravie lorsqu'Alex Galchenyuk a décidé de porter le chandail 27 plutôt que le 94 qu'il reluquait. «On a encore des tuques achetées alors qu'Alex Kovalev était avec nous. Galchenyuk leur donne une nouvelle vie. Nos tuques font à nouveau des heureux et nous permettent de mettre la main sur des dollars précieux.»