Privés de travail et surtout de salaire durant le lock-out qui a limité à 48 matchs la saison 2012-2013, les arbitres complètent aujourd'hui leur première semaine d'activités.

Après une semaine, peut-on déterminer s'ils sont meilleurs, moins bons ou simplement fidèles à leur réputation?

À vous de choisir.

Ce qui est clair, c'est qu'à l'image de plusieurs joueurs qui sont demeurés inactifs pendant le conflit, plusieurs arbitres ont donné des signes d'essoufflement au cours des sept derniers jours.

L'absence de matchs préparatoires ne les a certainement pas aidés à aiguiser leur regard, leur jugement, la rapidité de leur prise de décisions comme celle de leur coup de patin.

L'absence de matchs préparatoires a aussi empêché les amateurs - certains joueurs et arbitres sont dans le même bateau - d'apprivoiser les nouveaux règlements mis en application cette saison. Car oui, il y a eu des changements.

Nouveaux règlements

Le changement le plus important permet à un défenseur ou à un joueur en repli défensif de faire un peu d'obstruction à l'endroit d'un adversaire pour protéger un coéquipier qui s'apprête à récupérer une rondelle dégagée dans un coin de la patinoire.

Ce changement était nécessaire pour réduire les risques de blessures en raison de la vitesse parfois dangereuse avec laquelle les arrières se faisaient épingler le long des bandes.

C'est aussi un changement difficile à gérer puisqu'il ouvre la porte à une évaluation de la situation de la part des officiels. Et qui dit jugement, dit fluctuation entre ce qui est toléré par un, mais condamné par un autre.

«Il faudra une période d'adaptation aux joueurs, aux arbitres et aux partisans. On est bien conscient de ça. Mais ce changement était nécessaire. Étant un ancien défenseur, je peux assurer que la sécurité des joueurs était parfois mise en péril depuis l'abolition pure et simple de l'obstruction», m'a indiqué Stéphane Quintal, l'un des deux adjoints - l'autre est Rob Blake - de Brendan Shanahan, le vice-président responsable des mesures disciplinaires dans la LNH.

Bien qu'une forme d'obstruction est tolérée depuis le début de l'année, il n'est pas permis de retenir ouvertement le chandail d'un adversaire ou d'utiliser le bâton tel un crochet comme c'était le cas dans les années 80 et 90.

«Nous avons établi les paramètres. Plusieurs bandes vidéo illustrant des actions tolérées ou non ont été produites au cours de l'été afin de clarifier les différentes situations», assurait Stéphane Quintal hier.

De plus, pour s'assurer que ce changement et tous les autres apportés soient rapidement compris et assimilés, Quintal et ses partenaires sont en lien direct avec les 30 équipes du circuit.

Quintal est associé aux Canadien, Bruins, Hurricanes, Panthers, Islanders, Jets et Sénateurs. Son patron, Shanahan, a les responsabilités des neuf autres équipes dans l'Est. Campé à Los Angeles, Rob Blake chaperonne les 15 clubs de l'Ouest.

«Nous suivons tous les matchs. Analysons tous les jeux controversés et entrons directement en contact avec les équipes lorsqu'on remarque des tendances. Et pas seulement lorsque des sanctions sont prises. Brendan (Shanahan) a contacté P.K. Subban à deux reprises l'an dernier pour l'aviser qu'il s'exposait à des suspensions parce qu'on avait décelé une habitude de servir des jambettes à des adversaires le long des bandes et une autre d'initier des échauffourées après les coups de sifflet. Le message a été compris», a illustré Quintal.

Accrochage vs comédie

D'autres changements: les joueurs de centre n'ont plus le droit de diriger la rondelle avec la main plutôt qu'avec la lame de leur bâton au cercle de mise en jeu. Les défenseurs - tous les joueurs en fait - n'ont plus le droit de feinter de pousser la rondelle vers la gauche avec la main en zone défensive pour ensuite la pousser vers la droite.

La sanction dans les deux cas: pénalité de deux minutes.

Les joueurs de centre ne pourront plus se laisser choir sur leur vis-à-vis une fois la rondelle tombée sur la patinoire. On a souvent vu des centres plus corpulents profiter de cet avantage pour effectuer de l'obstruction sur des plus petits. À moins que l'arbitre ne juge que le contact soit simultané et que les deux centres partagent également la responsabilité, le centre qui insistera trop sera chassé pour deux minutes.

L'utilisation d'une main libre par un joueur offensif pour empêcher un joueur défensif d'atteindre la rondelle a aussi fait l'objet d'une révision. En gros, si le porteur du disque utilise sa main libre pour pousser et non agripper un adversaire afin de protéger sa position, son geste sera toléré. S'il l'agrippe ou restreint son mouvement, il sera chassé.

Un coup de bâton fracassant celui d'un adversaire n'entraîne plus une pénalité automatique. Si l'arbitre juge le coup accidentel, il doit garder le bras baissé.

Inversement, un cinglage en direction des mains d'un adversaire sera puni même si les arbitres ne sont pas en mesure d'assurer que les mains de la victime ont bel et bien été touchées. L'intention sera punie dans ce cas, afin de réduire ces coups devenus plus fréquents au fil des dernières saisons.

Les comédiens seront aussi gardés à l'oeil. Non seulement les arbitres décerneront des pénalités mineures pour les hockeyeurs qui imiteront des joueurs de soccer habitués à feindre la mort avant de repartir en courant après une pause de 30 secondes et une gorgée d'eau, mais une deuxième pénalité mineure pourrait être régulièrement ajoutée.

Tant mieux!

Les juges de lignes devront eux aussi exercer plus de jugement dans leur décision sur les dégagements refusés. Plusieurs critères liés à la capacité réelle de compléter un jeu en zone neutre ont été ajoutés afin de réduire le nombre de dégagements refusés.

Des changements qui ne sont pas tous évidents et qui soulèveront parfois des questions derrière les bancs, dans les gradins et devant les télés.

Parlant de dégagements refusés, ce n'est pas cette année que la LNH adoptera les dégagements hybrides. Cette règle adoptée le printemps dernier à la réunion des directeurs généraux a été mise à l'essai avant les Fêtes dans la Ligue américaine. Les conclusions de l'essai seront débattues lors de la prochaine réunion des dirigeants de la LNH qui décideront d'aller de l'avant ou de rejeter ce principe.

Le dégagement hybride entraînait un coup de siffler hâtif dans le cas où un joueur offensif n'effectuait aucune tentative convaincante de devancer un défenseur dans la course visant à toucher le premier une rondelle dégagée à l'autre bout de la patinoire.