Lorsqu'Alex Kovalev a mis le cap sur sa Russie natale. au printemps 2011, rares sont ceux qui croyaient le revoir un jour dans la LNH. De fait, on croyait Kovi mûre pour une retraite qu'il repoussait depuis déjà trop longtemps.

Après une expérience difficile, voire désolante, avec les Sénateurs - où il s'était retrouvé après avoir tourné le dos au contrat de deux ans que lui offrait Bob Gainey, alors directeur général du Canadien - , l'artiste semblait à bout d'inspiration.

Loin de faire contrepoids à ses longs passages à vide, ses 32 buts et 76 points en 131 matchs à Ottawa n'avaient convaincu personne. À l'exception, bien sûr, de ceux qui le croyaient fini.

Une fin de saison et une élimination rapide avec les Penguins, à Pittsburgh, où il a connu les meilleurs moments de sa carrière, semblaient lui avoir donné l'occasion de finalement boucler la boucle.

Eh bien, non!

Dix-neuf mois après son dernier match avec les Penguins, revoici Kovalev dans la LNH. Il a salué ce retour avec une soirée d'un but et deux passes samedi contre les Hurricanes de la Caroline. Après une escale à Ottawa, hier, Kovalev sera de retour au Centre Bell ce soir.

Premier surpris

Kovi aura 40 ans le 24 février. À l'exception du regard fatigué qu'il affichait, hier, dans le vestiaire après l'entraînement matinal de sa nouvelle équipe, à la Place Banque Scotia, l'artiste ne faisait pas son âge. Ou si peu.

On venait de le voir sourire à plusieurs reprises sur la patinoire. Il multipliait les feintes et les tirs, alors que les mèches blondes de sa chevelure encore abondante s'évadaient de son casque.

Pourquoi revenir dans la LNH, où il n'a rien à prouver et beaucoup à perdre, si ce retour se transforme en acharnement?

«Pour l'amour du hockey», m'a répondu l'artiste, entouré de journalistes dans le vestiaire des Panthers, hier midi.

«J'aime ce sport. J'aime être sur la patinoire. J'aime prolonger les entraînements pour travailler. Pour m'amuser. Je n'ai rien à prouver, c'est vrai. Mais le plaisir de jouer, l'attrait de la victoire, le désir de soulever la Coupe Stanley sont toujours présents. Ça demeure des sources de motivation importantes.»

Si vous êtes surpris de revoir Kovalev dans la LNH, il assure l'être lui aussi. «Je n'aurais jamais cru que je reviendrais. Cette équipe m'a offert de tenter ma chance. Je compte bien la récompenser avec des performances», a assuré Kovi. Il refuse de perdre du temps et ce qui lui reste d'énergie à ressasser les moments difficiles qu'il a vécus à Ottawa et aussi à Montréal, où les choses n'ont pas toujours été roses pour lui et l'équipe qu'il n'a pas su guider vers le succès.

Dans le vestiaire des Sénateurs, quelques joueurs se disaient surpris du retour dans l'action de leur ancien coéquipier. Jason Spezza n'était pas de ce groupe. «Quand tu as la chance de profiter d'un talent aussi exceptionnel, de mains aussi magiques, tu peux réaliser de grandes choses. Kovi est toujours dangereux. Même à son âge, même après son absence, il fera chèrement payer n'importe quel joueur qui le prendra à la légère», a souligné le leader offensif des Sénateurs.

Les prochains mois détermineront si l'enthousiasme de Spezza est justifié... ou exagéré.

Car au-delà de sa sortie de trois points lors de son premier match, samedi, Kovalev s'est contenté d'un petit but et de six points en 22 rencontres avec Atlant, l'an dernier, dans la KHL.

Guider Huberdeau

Alex Kovalev pourra récompenser les Panthers en leur offrant des buts, des points, des victoires. Il pourra aussi le faire en parrainant le jeune Jonathan Huberdeau.

Il en a d'ailleurs fait la preuve en contribuant au premier but du Québécois, samedi.

«Ce jeune joueur est rempli de talent. Il joue du hockey efficace. Il est facile de le suivre, de le compléter et c'est un défi certainement intéressant que d'avoir à le guider à son entrée dans la Ligue», a commenté Kovalev.

Quant à Huberdeau, il est encore impressionné par ce parrain débarqué par surprise dans son trio. «C'est un grand joueur. Il m'a beaucoup aidé lors de mon premier match. Tu sais, lors de ma première présence, je n'ai même pas touché à la rondelle. Lors de la deuxième, il m'a offert une passe qui m'a permis de marquer ce but que je n'oublierai jamais.»

Un rêve de jeunesse

Les choses vont vite pour Huberdeau, qui tentait de freiner l'enthousiasme qu'il affichait dès hier à l'idée de jouer à Montréal, au Centre Bell, ce soir.

«J'ai un match important à disputer ce soir [hier, contre les Sénateurs]. En fait, ils sont tous importants. Mais demain [ce soir], ce sera vraiment spécial. Je vais réaliser un rêve de jeunesse», a expliqué Huberdeau, qui a assisté à deux ou trois matchs du Tricolore au Centre Bell au cours de sa jeunesse.

Cette première visite sera spéciale pour toute la famille Huberdeau. Une famille qui a multiplié les déplacements au cours des derniers jours afin de ne rien manquer des premiers coups de patin du premier choix des Panthers [troisième sélection] au repêchage de 2011.

«Toute la famille était à Fort Lauderdale samedi. Ils sont rentrés en avion dimanche à Montréal. Il feront le voyage en voiture pour être ici ce soir [hier] et bien sûr au Centre Bell demain [aujourd'hui]. C'est le fun pour tout le monde...»