Oui, la défaite de samedi a fait mal. Dans une saison de 48 matchs, toutes les défaites font mal, voire très mal.

Mais si la douleur persiste au lendemain du premier congé dominical accordé par Michel Therrien, c'est surtout parce que le Canadien a été muselé par une équipe bien ordinaire samedi. Une équipe qui se battra bien plus pour éviter le dernier rang de la division nord-est de l'Association de l'Est, voire du classement général, que pour une place en séries.

Ce ne sont pas les Penguins de Pittsburgh qui sont venus éteindre le flambeau porté bien haut par plusieurs illustres capitaines du Tricolore, flambeau que le grand Jean Béliveau a ensuite remis à l'actuel capitaine Brian Gionta qui l'a ensuite passé à tous ses coéquipiers jusqu'au gardien-étoile Carey Price. Ce ne sont pas les Flyers de Philadelphie, les Rangers de New York ou une autre puissance de la LNH qui sont venus gâcher la fête au Centre Bell où le Canadien amorçait la saison régulière pour la première fois en 12 ans.

Ce n'étaient que les Maple Leafs.

En fait non. Comme me l'a fait remarquer mon collègue Kevin McGran, du Toronto Star, ce sont plutôt les Marlies, le club-école des Leafs, qui ont battu le Tricolore samedi.

Nazem Kadri, qui a marqué le premier but et obtenu la première étoile du match, a récolté 26 points en 27 matchs dans la Ligue américaine cette année. Le gardien Ben Scrivens affichait 14 victoires en 22 matchs avec les Marlies avant d'amorcer la saison devant le but des Leafs samedi. À son tout premier match dans la LNH, Michael Kostka a passé 23 minutes sur la patinoire en compagnie de Dion Phaneuf qui avait rarement si bien paru dans un match face au Canadien.

Désolante indolence

Le Canadien dans tout ça? Exception faite des 10 dernières minutes du match et de quelques flashs des Rene Bourque, Andrei Markov, Brandon Prust, les joueurs du Canadien se sont surtout illustrés par la multitude de jeux de base qu'ils ont ratés.

Contrairement aux Leafs qui, loin d'être bons, affichaient quand même plus de cohésion sur la patinoire, le Canadien semblait vraiment disputer un match préparatoire. Passes ratées, tirs loin de la cible, manque d'entrain, manque de vitesse, manque de tout. À commencer par le premier trio qui a connu un match carrément affreux.

Est-ce que les Leafs ont été transportés par l'élan venu des jeunes qui ont joué du vrai hockey au cours des quatre derniers mois dans la Ligue américaine alors que le Canadien, qui ne comptait que sur Alex Galchenyuk à titre de joueur vraiment actif depuis septembre dernier, a passé la soirée au neutre?

Peut-être.

Parlant de Galchenyuk: visiblement impressionné, il a passé plus de temps à chercher un coéquipier à qui remettre rapidement la rondelle plutôt qu'à prendre le temps nécessaire pour compléter un jeu.

Remarquez que c'est tout à fait normal.

Ce qui est moins normal, c'est l'indolence affichée par le Canadien. Une indolence difficile à expliquer après l'énergie soulevée par la très belle et bien pensée cérémonie d'avant-match. Une indolence impossible à excuser d'autant plus que le Canadien assure que le temps des excuses est révolu dans le vestiaire.

De fait, tout en haut des 10 commandements qu'il a imposés à ses joueurs, Michel Therrien a inscrit: le Canadien doit être un club qui vendra chèrement sa peau à la maison. Montréal doit redevenir une destination où les joueurs adverses n'auront du plaisir que dans les bars et les restaurants et non sur la glace du Centre Bell.

Comment l'entraîneur du Canadien a-t-il qualifié cet objectif crucial quelques minutes après sa première défaite à domicile de la saison? «Un petit pas dans la bonne direction», a dit Therrien.

Il a été poli. Les partisans aussi, bien qu'ils aient hué leurs favoris en fin de deuxième période et lors d'un des nombreux cafouillages en avantage numérique en troisième tiers.

Quant à P.K., les fans ont scandé son nom seulement une fois samedi. Ces rappels seront plus fréquents et surtout plus insistants dès demain si le Canadien offre, face à Alex Kovalev, José Théodore et les Panthers de la Floride, une performance aussi quelconque que celle de samedi contre les Marlies de Toronto. Non, excusez: les Maple Leafs...

Toute belle chose a une fin

Richard Garneau s'est éteint hier matin. De tous les extraits diffusés en boucle pour rendre hommage à ce très grand du sport et des communications au cours des dernières heures, son commentaire «toute belle chose doit avoir une fin» lancé lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Londres l'été dernier, ses 23es et derniers JO, illustre brillamment sa magnifique carrière.

Les témoignages touchants exprimés par les collègues de tous médias confondus, qui ont eu la chance de le côtoyer professionnellement et personnellement, valent tous la peine d'être lus et relus. À commencer par le texte de Philippe Cantin dans notre édition de ce matin.

À mes yeux, le plus bel héritage laissé par Richard Garneau est d'avoir consacré un grand pan de sa carrière au hockey, au Canadien et à La soirée du hockey, tout en ayant conservé sa grande passion pour l'olympisme, l'athlétisme et les autres sports qu'il a contribué à faire connaître et apprécier: le cyclisme et le patinage artistique.

Merci pour tout, Richard. Bravo M. Garneau.