Après s'être morfondu pendant 113 jours à attendre la fin d'un lock-out qui n'en finissait plus, Michel Therrien n'aura que 21 heures pour préparer le Canadien en vue de la saison de 48 matchs qui se mettra en branle le 19 janvier. En vertu de règles inscrites à la convention collective depuis des années, les équipes ne peuvent faire travailler les joueurs plus detrois heures par jour lors du camp d'entraînement.

Et attention! La notion de travail est très large. De fait, les joueurs poinçonnent leur carte de temps dès qu'ils mettent les pieds au Centre d'entraînement et non les patins sur la glace. L'examen médical, la visite chez le dentiste, l'évaluation physique, les séances de vidéo, les séances de photos promotionnelles, les kilomètres «parcourus» sur les vélos stationnaires, les massages et autres soins reçus avant ou après les entraînements, la visite au gymnase, à la douche, au bain sauna, de glace ou de vapeur, l'arrêt au buffet offert dans un coin du vestiaire et les rencontres avec les journalistes; tout ça fait partie de la journée de travail des joueurs.

Une fois la saison amorcée, les entraîneurs peuvent faire travailler leurs joueurs aussi souvent et aussi longtemps qu'ils le veulent sur la glace, au gymnase ou dans la salle de vidéo. Mais pendant les sept jours du camp, Michel Therrien devra donner congé à ses joueurs après trois heures de boulot bien comptées. Sans possibilité de temps supplémentaire. Considérant tout ce que les joueurs ont à faire en trois heures, ce ne sera donc pas 21 heures, mais plutôt, 18, 17, voire 15 heures que Michel Therrien aura à sa disposition pour inculquer sa nouvelle philosophie et ses stratégies en attaque, en défense, en avantage et désavantage numériques.

Vrai qu'il est pas mal plus facile d'assimiler les concepts d'un échec avant à deux hommes, de la trappe ou de l'importance de bien terminer ses mises en échec que d'assimiler la théorie de la relativité, de développer la technique visant à réussir une chirurgie cardiaque ou de répondre à la question «être ou ne pas être». Vrai aussi que tous les autres entraîneurs-chefs de la LNH seront soumis aux mêmes règles.

Mais, considérant le niveau de désorganisation physique et mentale du Canadien l'hiver dernier et surtout, exception faite du directeur général adjoint Larry Carrière, de l'équipe de préposés à l'équipement dirigée par Pierre Gervais et l'équipe médicale sous la gouverne de Graham Rynbend, tous les autres membres de l'état-major du Canadien n'ont pas encore rencontré l'équipe au grand complet. Bref, Michel Therrien devra maximiser chaque heure du camp qui se mettra en branle dimanche.

Si, bien sûr, les joueurs entérinent l'entente de principe Ce qui devrait être fait dans une proportion dépassant largement les 90%. Si les joueurs ratifient l'entente rapidement, le Canadien et les autres clubs tenteront peut-être d'amorcer les camps plus rapidement. Il serait difficile de convier les joueurs sur la patinoire avant la date déterminée par la LNH et l'Association des joueurs. Mais s'il y avait moyen de se débarrasser avant dimanche des examens médicaux, évaluations physiques et séances de photos, Therrien et ses homologues sauraient certainement en tirer profit.

On verra!

Pendant ce temps dans la KHL

Malgré les menaces proférées l'automne dernier, Alexander Ovechkin et les autres Russes retournés dans la KHL en raison du conflit sont de retour dans la LNH. Tous? Non! Deux irréductibles résistent. Pavel Datsyuk et Ilya Kovalchuk sont toujours en Russie. Les vedettes des Red Wings de Detroit et des Devils du New Jersey ils pourraient d'ailleurs devenir capitaines de leur club respectif dès leur retour doivent participer dimanche au match des étoiles dans la KHL. Est-ce un drame? Si Datsyuk et/ou Kovalchuk se blessent, ça le deviendra. Mais comme les matchs des étoiles n'ont de match que le nom, peu importe le sport, il serait bien surprenant que cela arrive.

Et après ? Datsyuk qui a demandé et obtenu l'aval des Red Wings pour prendre part à cette partie reviendra dès le lendemain.

Kovalchuk? Il se fait tirer l'oreille un peu. Il faut le comprendre. La simple perspective de quitter Saint-Pétersbourg la toute belle pour se retrouver dans la zone de guerre mieux connue sous le nom de Newark au New Jersey inciterait n'importe qui à retarder le plus possible ce voyage. Peutêtre même à l'annuler. Mais s'il veut jouer au hockey, Kovalchuk devra se rapporter aux Devils.

Oui! La KHL avec l'appui du gouvernement russe, le Dynamo de Saint-Pétersbourg et Kovalchuk pourraient unir leurs efforts pour contester l'entente qui oblige le circuit russe à respecter les contrats liant ses joueurs avec des équipes de la LNH. Ils pourraient aussi demander à la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) et à René Fasel, son président, d'amender le règlement connu sous le nom de code Radulov. Ce règlement oblige toute ligue régie par la IIHF à interdire à un joueur sous contrat dans une autre de ses ligues à endosser l'uniforme.

Surtout qu'à un an des Jeux olympiques de Sotchi, ni la Russie, pas plus que la IIHF n'ont intérêt à se mettre la LNH à dos. Car si Gary Bettman refusait de décréter une trêve dans le calendrier de la LNH, le tournoi de Sotchi serait loin, très loin, de profiter de la même envergure et de la même attention médiatique qu'à Vancouver, Turin, Salt Lake City et Nagano où, en 1998, la LNH s'est associée pour la première fois au tournoi olympique.