Ça commence aujourd'hui! Respectivement commissaire de la LNH et directeur exécutif de l'Association des joueurs, Gary Bettman et Donald Fehr échangeront leur plan de match en vue des négociations visant à mettre sur papier la prochaine convention collective liant la ligue et ses joueurs.

Combien de temps dureront ces négociations? Impossible de répondre à cette question.

Seront-elles marquées par un lock-out semblable à ceux qui ont amputé la saison 1994-1995 - calendrier de 48 parties - et annulé la saison 2004-2005 lors des deux dernières négociations?

Si j'avais à miser deux dollars, je cocherais la case: lock-out!

Je me risquerais même sur une date de reprise des activités: le 1er janvier 2013.

Pourquoi le Nouvel An? Parce que c'est la date de la Classique hivernale.

Cette classique, la sixième de l'histoire de la LNH, s'est élevée au rang des rendez-vous importants en matière de sport spectacle aux États-Unis. Elle coïncide aussi avec le véritable coup d'envoi de la diffusion des matchs de la LNH au réseau américain NBC.

Et comme cette classique opposera les Red Wings de Detroit aux Maple Leafs de Toronto dans la «Big House» des Wolverines de l'Université du Michigan, à Ann Arbor, l'occasion ne pourrait être mieux choisie pour relancer la saison en attirant l'attention des amateurs du Canada et des États-Unis.

Si Gary Bettman décide de jouer dur et d'imposer un lock-out, je suis convaincu qu'il s'assurera de profiter de cette plate-forme médiatique importante, voire cruciale, du moins chez nos amis du Sud.

Autre facteur intéressant pour Bettman, si le dossier de la survie des Coyotes à Glendale devait s'enliser plus qu'il ne s'enlise déjà, il passera lointain deuxième dans l'éventualité du conflit. Bettman achèterait alors du temps. Il pourrait ensuite prolonger d'une demi-saison l'agonie de cette équipe en Arizona. Une stratégie qui lui permettrait de trouver un plan x, y ou z, à défaut de la transférer à Québec.

Conflit évitable

L'actuelle convention collective viendra à échéance le 15 septembre prochain. Et bien que je sois convaincu qu'un conflit de travail annulera les camps d'entraînement et sans doute une partie de la prochaine saison régulière - les matchs d'ouverture disputés en Europe ont déjà été annulés -, rien n'oblige la LNH et les joueurs à en venir aux coups.

Au-delà de la belle photo de famille, et surtout de la réputation de négociateur féroce de Donald Fehr, l'Association des joueurs n'est pas en position de force.

Les joueurs ont perdu de petites, moyennes et véritables fortunes lors du dernier conflit. Personne ne l'a oublié. Pis encore, malgré ces pertes importantes, ils ont dû avaler le principe du plafond salarial. Un principe qu'ils ne contestent plus, d'ailleurs.

Avec un discours d'ouverture bien davantage qu'à grands coups de menaces, les joueurs ont déjà souligné que les négociations pourraient se poursuivre parallèlement à la prochaine saison. Une belle stratégie de leur part.

Un non-sens pour la LNH, qui perdrait alors son moyen de pression le plus important face aux joueurs: le non-paiement de leur salaire.

Ils ont aussi évoqué qu'avec des revenus sans précédent de 3,3 milliards, il y a assez d'argent dans la cagnotte pour satisfaire joueurs et propriétaires.

Sur ce dernier point, ils ont raison. Pleinement!

Surtout que si les propriétaires jouissaient d'une certaine sympathie lors du dernier conflit en raison d'une flambée ridicule des salaires, ils ne feraient pleurer personne cette fois-ci. Ça non!

Avec le plafond salarial, ils avaient repris le contrôle. Un contrôle qu'ils ont perdu bêtement, lamentablement, en gaspillant des millions avec des contrats à l'image de ceux offerts à Scott Gomez (51,5 millions pour 7 ans), Brian Campbell (57,143 millions pour 8 ans), Wade Redden (39 millions pour 6 ans), Rick DiPietro (67,5 millions pour 15 ans), voire Cristobal Huet (22,5 millions pour 4 ans), pour ne nommer que ces heureux gagnants de la Lotto-LNH.

Gary Bettman a l'avenir à court terme de la LNH entre ses mains: s'il tient à profiter de la vulnérabilité relative des joueurs pour faire des gains importants - réduire à 50% le partage des revenus, actuellement de 57% -, il imposera un lock-out. Comme l'a fait son homologue de la NBA, David Stern.

Bien que prévisible, ce scénario est loin d'être nécessaire. Avec des revenus jamais encore encaissés par la LNH, les propriétaires ont les moyens de faire de l'argent. Beaucoup d'argent. De l'argent qu'ils ont simplement à dépenser de façon plus intelligente en refusant de signer des contrats absurdes comme ceux qui se sont multipliés depuis le dernier lock-out, malgré l'instauration du plafond salarial.

Ça commence aujourd'hui. Ce n'est toutefois pas demain la veille qu'on saura quand et comment ces négociations se termineront.