J'aime depuis longtemps Alex Galchenuyk. J'aime son physique, son talent, son attitude et le fait qu'il évolue au centre où il comblera l'une des plus sérieuses lacunes du Canadien.

Je l'aime davantage depuis qu'il m'a lancé cette réponse lorsque je lui ai demandé s'il entendait s'offrir des vacances pour célébrer sa sélection par le Tricolore. «Je viens d'être repêché par le Canadien de Montréal. Il est hors de question de prendre des vacances. Dans deux jours, je serai de retour dans le gymnase.»

Alex Galchenyuk n'a que 18 ans. C'est encore un enfant. Un grand enfant dans un corps d'homme. Il a des cuisses solides comme des troncs d'arbre. Des épaules larges. Des mains agiles. Un heureux mélange.

Et son genou? Ce damné genou gauche qu'il s'est fait reconstruire l'automne dernier par le chirurgien James Robert Giffin de la clinique de médecine sportive de l'université Western à London dans le sud de l'Ontario et que plusieurs remettent toujours en question?

Il est établi. Complètement. Après un hiver d'inactivité, Galchenyuk a terminé au tout premier rang lors des tests physiques sur vélo stationnaire auxquels ont été soumis les meilleurs espoirs de la planète hockey.

Ce n'est pas rien.

Place au développement

Comme tous les jeunes repêchés hier soir et les autres qui le seront aujourd'hui, Alex Galchenuyk se croit capable de faire le saut dans la LNH dès l'an prochain. Des partisans et des journalistes trop pressés voudront également qu'il effectue ce grand saut dès l'an prochain.

Ce serait une erreur.

Limité à huit matchs la saison dernière en raison de l'intervention subie au genou, Galchenyuk aura tout à gagner d'une autre année dans les rangs juniors.

Et vous savez quoi? J'espère qu'il ira ensuite faire ses classes dans la Ligue américaine.

Pourquoi prendre autant de temps avec un joueur sélectionné au troisième rang de la première ronde?

Parce que le Canadien, et bien d'autres équipes aussi, ont gaspillé de beaux talents et des joueurs prometteurs en bousillant leur développement.

Depuis qu'il assume la direction générale du Canadien, Marc Bergevin a doté le Tricolore des structures administratives nécessaires pour assurer un meilleur développement de ses jeunes joueurs. Il devra maintenant les utiliser.

Si les Scott Mellanby, Martin Lapointe, Patrice Brisebois et la nouvelle équipe d'entraîneurs à la tête du club-école à Hamilton - Sylvain Lefebvre, ses adjoints Donald Dufresne, Vincent Riendeau et Ron Wilson qui a conservé son poste - ont été embauchés pour développer les jeunes, qu'on leur donne le temps de faire leur travail. Et de bien le faire.

C'est vrai pour Galchenyuk qui représente à mes yeux une excellente sélection pour le Tricolore. C'est vrai aussi pour les autres jeunes qui se grefferont au Canadien cette année : Jarred Tinordi, Nathan Beaulieu, Brendan Gallagher, Michael Bournival et Morgan Ellis pour ne nommer que ceux-là.

C'est vrai aussi pour les Blake Geoffrion, Aaron Palushaj et les joueurs jeunes professionnels qui ont prouvé l'hiver dernier qu'ils n'étaient pas encore prêts pour la LNH.

C'est même vrai pour Louis Leblanc.

Oui, Leblanc a prouvé qu'il est capable de se tirer d'affaire dans la grande ligue. Mais si Leblanc et le Canadien veulent que le Québécois soit un joueur d'impact en non un complément capable de bien de débrouiller, il faudra lui offrir le développement nécessaire pour qu'il atteigne cet objectif. Et c'est à Hamilton, au moins pour une demi-saison, qu'il pourra le mieux se développer.

Staal divorce et se marie!

L'incertitude entourant l'avenir de Rick Nash avec les Blue Jackets de Columbus, la volonté des Canucks de Vancouver de céder Roberto Luongo au plus offrant et la parité entre les huit à dix plus beaux espoirs avaient ouvert la porte à plusieurs transactions.

Elles se sont toutes refermées. Ou presque.

Les Stars de Dallas ont échangé Mike Ribeiro aux Capitals de Washington en retour du jeune Cody Eakin et d'un choix de deuxième ronde l'an prochain. En Ribeiro, les Caps obtiennent un joueur de centre aux mains magiques dont les Stars voulaient se départir. Dans les coulisses du Consol Energy Center hier, les spéculations allaient bon train quant aux «malins plaisirs» que s'offrira le duo Ribeiro-Ovechkin une fois réunis à Washington.

Les Islanders de New York ont mis la main Lubomir Visnovsky des Ducks d'Anaheim. Ça aidera les Islanders. Mais ils auront besoin de beaucoup plus pour sortir de la médiocrité dans laquelle ils s'enlisent depuis trop d'années.

Le gros coup, le vrai de vrai, ce sont les Penguins et les Hurricanes qui l'ont réalisé. Jordan Staal qui a tourné le dos aux 60 millions $ sur 10 ans offerts par Pittsburgh s'en va rejoindre son frère Eric en Caroline.

Ray Shero et son homologue de Canes Jim Rutherford se sont parlé pour la première fois autour de 16 h. À 18 h 45, la transaction était conclue.

«J'ai donné un premier choix - les Penguins ont sélectionné le défenseur Derrick Pouliot - Brandon Sutter un centre très sous-estimé et un jeune espoir (Brian Dumoulin), mais j'obtiens un joueur élite dans la LNH. C'était le prix à payer. C'est une transaction que je n'ai pas hésité une seconde à conclure», a indiqué Jim Rutherford.

Jordan Staal a donc divorcé des Penguins hier. Ironiquement, il se marie en fin de semaine à Thunder Bay entouré de ses (anciens) coéquipiers des Penguins de son frère qu'il ira bientôt rejoindre et du petit dernier de la famille (Marc) qui évolue avec les Rangers de New York.

Jim Rutherford espère d'ailleurs que cette union avec son grand frère facilitera les négociations contractuelles. «Ça ne nuira certainement pas. Je vais m'asseoir avec lui après le premier juillet. Je sais que ça coûtera cher, mais nous avons les moyens de nous l'offrir.»

Le repêchage se poursuit samedi. Le Canadien profitera des 33e et 51e sélections en deuxième ronde. On verra ce que ça donnera.

On attendra aussi des développements dans les dossiers Rick Nash et Roberto Luongo. Mais selon bien des informateurs fiables croisés hier, on risque d'attendre encore un peu...