Bien que ses succès passés ne soient garants de succès futurs, personne ne peut prédire avec certitude ce que Michel Therrien accomplira à son deuxième séjour derrière le banc du Canadien. Mais tout le monde sait qu'un jour, un jour qu'on lui souhaite encore lointain, Therrien sera congédié.

C'est plate de même!

Ça n'arrivera pas avant Noël. Bien sûr que non. De fait, j'espère pour Therrien que ça arrivera à la fin du contrat à long terme qui suivra celui qu'il vient de signer et qui le lie au Canadien pour les trois prochaines années. Mais ça arrivera.

Pourquoi je vous parle comme ça de l'après-Michel Therrien alors que le présent n'est pas encore commencé? Qu'il n'a pas dirigé son premier entraînement? Qu'il n'a pas même encore déniché ceux qui seront ses adjoints?

Parce que le Canadien doit le préparer tout de suite.

Bob Gainey et Pierre Gauthier sont responsables de bien des maux qui minent le Canadien et qui ont fait plonger cette équipe au dernier rang dans l'Association de l'Est.

Ils sont aussi responsables du vaudeville qui a suivi le congédiement - est-il besoin d'écrire une fois encore le mot inutile ici? - de Jacques Martin et la recherche de son successeur.

Pourquoi responsables? Parce qu'ils n'ont jamais jugé bon de préparer la relève.

Lorsque Guy Boucher a quitté Hamilton avec la bénédiction de ses patrons pour mettre le cap sur le nord de la Floride, il aurait dû immédiatement être remplacé par un autre jeune susceptible de prendre la relève à Montréal.

Aussi bons étaient-ils - ils l'étaient et le sont encore même si Michel Therrien les a écartés - Randy Cunneyworth et Randy Ladouceur ne pouvaient être des candidats au poste d'entraîneur-chef à Montréal. Ils n'avaient donc pas d'affaire à Hamilton à la tête du club-école.

Et vous savez quoi? Si Marc Bergevin n'est pas prêt à donner le grand club à Clément Jodoin, l'actuel entraîneur-chef des Bulldogs, dans l'éventualité d'une urgence qu'on ne souhaite bien sûr pas voir arriver en cours de saison, il devrait le remplacer tout de suite.

Quoi? Vous dites que Patrick Roy vient de faire la preuve par 1000 qu'il pourra diriger le Canadien lorsque le celui-ci aura besoin d'un nouvel entraîneur et que le Tricolore n'a ainsi plus de souci à se faire?

Pas sûr! Saint Patrick a été tellement solide dans sa façon de composer avec le fait qu'il n'a pas eu le job, qu'il pourrait bien recevoir des offres d'autres équipes que le Canadien... ou des Nordiques s'ils reviennent un jour à Québec. Un jour qu'on souhaite imminent, bien évidemment!

Alors si Roy trône à Denver ou ailleurs dans la LNH, le Canadien ne sera pas plus avancé.

On regardera alors autour de la LHJMQ. On découvrira des jeunes coachs très bons, pleins de potentiel mais sans expérience dans les rangs professionnels. On reparlera des Vigneault, Therrien et Julien qui sont venus apprendre avec le Canadien pour ensuite aller gagner ailleurs. Et on ne leur donnera pas l'emploi.

Pour éviter de se retrouver dans le même merdier, le Canadien devrait s'assurer de convaincre Benoit Groulx, l'entraîneur-chef des Olympiques de Gatineau et le meilleur coach junior au Québec, de s'installer à Hamilton pour préparer la relève. Autant celle assise sur le banc que celle derrière le banc.

Si Groulx refuse, qu'on offre ce rôle à Pascal Vincent, qui est l'un des adjoints de Claude Noël avec les Jets à Winnipeg. Qu'on l'offre à Jean-François Houle, qui a fait un travail colossal derrière le banc de l'Armada de Blainville-Boisbriand l'an dernier. À Éric Veilleux, qui a gagné la Coupe Memorial à Shawinigan.

Qu'on l'offre à un entraîneur qui répond aux critères fondamentaux spécifiques au job d'entraîneur-chef du Canadien, Québec, Canada et qu'on le prépare.

Et si une équipe tente d'imiter le Lightning de Tampa Bay et vient frapper à la porte du Canadien pour lui «voler» son poulain?

Qu'il apprenne de son erreur dans le cas de Guy Boucher et qu'il dise non! À moins, bien sûr, qu'un autre jeune soit prêt à prendre la relève.

Ça coûtera cher d'acheter la patience d'un jeune coach à Hamilton? C'est vrai.

Mais ça coûtera moins cher que de payer un directeur général, un entraîneur-chef et trois adjoints à ne rien faire comme ce sera le cas cette année avec Pierre Gauthier, Jacques Martin, Randy Cunneyworth, Randy Ladouceur et Perry Pearn.

Et contrairement à tout ce fric jeté par la fenêtre - on parle ici d'une somme d'environ 4 millions-, la prime à la patience versée au dauphin qui fait ses classes avec le club-école rapportera des dividendes à court ou moyen terme. Parce que tous les coachs finissent un jour ou l'autre par être congédiés. Aussi bien se préparer...