Ilya Kovalchuk n'aura jamais de problème d'argent. À moins qu'ils ne dilapident les intérêts qui s'ajouteront aux 100 millions qu'il aura encaissés à la fin du contrat de 15 ans qui le lie aux Devils jusqu'en 2025, ses enfants, leurs enfants, voire leurs petits-enfants auront bien plus de raisons d'avoir peur de la fin du monde que de la fin du mois.

À l'aube de la finale Kings-Devils qui se met en branle ce soir au New Jersey, l'argent ne compte plus. Il n'y a que la Coupe qui compte.

«La Coupe Stanley demeure le plus grand objectif dans le monde du hockey. C'est le trophée le plus difficile à gagner. C'est une sensation vraiment spéciale d'avoir la chance de me retrouver en finale. Je savoure pleinement cette expérience que je vis pour la première fois et que j'attendais depuis longtemps», assurait Kovalchuk après la victoire contre les Rangers en finale de l'Est, vendredi dernier.

Deux semaines plus tôt, après l'élimination des Flyers, Kovalchuk avait pris tous les journalistes par surprise en lançant: «Normalement, je serais au Championnat du monde. Je préfère de beaucoup être en pleines séries de la Coupe Stanley.»

À la suite de l'élimination des Rangers, j'ai demandé à Kovalchuk si sa fierté était un brin chatouillée en raison du fait que ses compatriotes ont gagné un autre titre mondial malgré son absence. «Il faut croire qu'ils n'avaient pas vraiment besoin de moi, alors qu'ici, mon équipe a besoin de moi», a-t-il aussitôt répliqué.

Pas question de se défiler

Les Devils ont effectivement besoin d'Ilya Kovalchuk. Et contrairement à bien des super vedettes venues de la grande Russie, Kovalchuk assume cette responsabilité au lieu de se défiler. Il domine non seulement son équipe, mais la LNH avec ses 11 passes et 18 points récoltés depuis le début des séries.

«Il se présente chaque soir. C'est un gars d'équipe qui accepte d'encaisser des coups, de bloquer des tirs. Il est non seulement responsable défensivement, mais n'est jamais le dernier à revenir aider les défenseurs. C'est un joueur complet», a assuré Zach Parise.

Si le capitaine des Devils était élogieux à l'endroit de son coéquipier, l'entraîneur-chef Peter DeBoer l'était tout autant. «Les joueurs russes traînent de mauvaises réputations dans la LNH. Si certaines sont méritées, je peux vous assurer que Kovi n'a rien à se reprocher sur cet aspect de sa personnalité. C'est un leader. Un gars d'équipe. Un gars sur qui un coach peut compter», a dit DeBoer.

Pas sûr que tous ceux qui ont dirigé Alex Kovalev pourraient en dire autant...

Bon retour sur l'investissement

Si Ilya Kovalchuk est l'exception qui confirme la règle, les Devils ont toutes les raisons au monde d'être heureux de l'avoir attiré au New Jersey. Même si l'invitation coûtera 100 millions.

Une somme que Lou Lamoriello n'a pas hésité à dépenser. «Je n'ai jamais eu la chance de repêcher un joueur de 6'3'' et de 230 livres, qui a un coup de patin aussi impressionnant, un tir sans égal, une telle intelligence et un talent aussi naturel pour marquer des buts. Il fallait prendre les moyens pour le garder avec nous. Je les ai pris. Et comme ce n'est pas mon argent que je dépensais, c'était plus facile de le faire», a lancé le directeur général des Devils lors de la journée médiatique à laquelle tous les membres des deux organisations devaient se plier.

À partir de quel moment Lamoriello considère-t-il obtenir un bon retour sur son investissement?

«On est en finale de la Coupe Stanley. C'est tout ce qui compte. Et Kovalchuk ne me coûte pas un sou en ce moment parce que les gars ne sont pas payés en séries. Je ne pense pas à l'argent, aux contrats, je pense au match de demain (ce soir) et aux quatre victoires qui nous séparent d'une quatrième Coupe Stanley. Le reste ne compte pas», a souligné le directeur général des Devils hier.

Ce n'est pas tout à fait vrai.

En guise de représailles au premier contrat de 17 ans et 102 millions consenti par les Devils à Kovalchuk, contrat que la LNH a annulé, Lamoriello a dû payer une amende de 3 millions il y a deux ans. Il a aussi perdu un choix de troisième ronde l'été dernier. Un choix de première ronde doit aussi être cédé par les Devils en guise de dernière sanction. Lamoriello avait quatre ans pour payer cette dernière dette. Comme le repêchage s'annonce mince cette année et que les Devils sélectionneront 29e ou 30e selon qu'ils soulèveront ou non la Coupe Stanley, le DG des Devils devra encore payer pour sa supervedette.

Sans oublier que le salaire de Kovalchuk passera de 6 à 11 millions l'an prochain, à 11,8 en 2016-2017. Oui, il redescendra par la suite. Même que de 2020 à 2023, Kovalchuk devra se contenter d'un petit million par année. Mais pour s'assurer de compléter son plan de retraite, il touchera ensuite 3 et 4 millions à ses deux dernières années.

Il faudra bien plus qu'une présence en finale de la Coupe Stanley pour rentabiliser tout ça.

Photo: AP

Ilya Kovalchuk