Ainsi, les Kings de Los Angeles, huitièmes dans l'Association de l'Ouest, se retrouvent en grande finale de la Coupe Stanley contre des Devils du New Jersey qui ont terminé sixièmes dans l'Est.

Est-ce un drame? Pas du tout.

Les Kings n'ont pas volé leur chance, leur deuxième seulement en 45 ans, de soulever la Coupe Stanley. Ils n'ont pas encore perdu à l'étranger ce printemps. Ils ont sorti sans appel les Canucks de Vancouver, les Blues de St. Louis et les Coyotes de Phoenix qui, en combinant leurs efforts, ne les ont battus que deux fois.

C'est impressionnant!

C'est surtout impressionnant lorsqu'on considère que Dean Lombardi a congédié son entraîneur en cours de saison; que deux semaines avant la fin de la saison régulière, alors que les Kings étaient loin d'être assurés de se hisser jusqu'au huitième rang, on préparait déjà sa succession à la direction générale parce qu'on lui reprochait les acquisitions de Dustin Penner, Mike Richards et Jeff Carter. Trois joueurs décevants dont les statistiques ont explosé en séries éliminatoires.

Sans oublier Dustin Brown. Proposé au plus offrant dans les jours précédant la date limite des transactions, ce capitaine, qui était un boulet hier, pourrait soulever la Coupe Stanley dans 10 jours.

S'il maintient sa production offensive des trois premières rondes (7 buts, 16 points, fiche de +13), il recevra sans doute des votes dans l'élection du lauréat du trophée Conn-Sythme.

Mais attention: si Jonathan Quick perd le Conn-Smythe au profit d'un autre joueur des Kings, ce sera une injustice, voire une honte. Quick offre des performances à la hauteur de celles qu'il a multipliées pendant la saison régulière. Et sans leur gardien, jamais les Kings n'auraient obtenu une place en séries éliminatoires. Même la huitième.

De fait, si les Devils font mentir les experts et l'emportent dans le cadre d'une série longue au cours de laquelle très peu de buts sont marqués, Quick pourrait jouer à Martin Brodeur le même tour que Jean-Sébastien Giguère lui a joué en 2003: lui ravir le trophée Conn-Smythe.

Finale improbable

Je sais que certains - je ne me rendrai pas à plusieurs - avaient choisi les Kings ou les Devils pour atteindre la finale. Permettez-moi de considérer que c'était plus par partisanerie qu'autre chose. Mais peu importe la raison, bravo pour votre clairvoyance.

Cela dit, je me demande vraiment si quelqu'un quelque part avait dans ses cartons une grande finale Los Angeles-New Jersey. Cette prédiction sortie du champ gauche, cette prédiction sans queue ni tête qui permettrait à son auteur de passer pour un génie, je ne me souviens pas de l'avoir vu passer dans ma boîte de courriels. Et j'en ai vu passer beaucoup. Des vertes et des pas mûres.

Ce qui prouve que chaque série apporte son lot de surprises. Autant au niveau des équipes qu'à celui des joueurs.

Qui avait Brodeur dans son pool?

Parlant de surprise: si vous perdez votre pool de hockey offensif par un ou deux points, il faudra vous en souvenir l'an prochain afin de sélectionner Brodeur en dernière ronde.

Une folie? Vraiment?

Brodeur affiche pourtant plus de points (quatre) que Tyler Seguin, Patrice Bergeron, Henrik Zetterberg et Pavel Datsyuk, pour ne nommer que ceux-là.

Ne me dites pas que vous aviez aussi balayé d'un revers de main son coéquipier Bryce Salvador.

Contre toute attente, le défenseur des Devils occupe le deuxième rang chez les arrières depuis le début de séries avec ses 3 buts et 11 points. Un de moins que Dan Girardi, des Rangers de New York. Un de plus que Michael Del Zotto, lui aussi des Blueshirts.

Si Drew Doughty avait disputé le même nombre de matchs que Salvador - 18 au lieu de 14 -, il serait sans doute devant le défenseur des Devils.

Mais quand même: limité à neuf passes en 82 matchs cette saison, Salvador n'a jamais récolté plus de 16 points (trois buts) en saison depuis le début de sa carrière.

«J'ai déjà été aussi productif, mais j'avais 10 ans, a lancé Salvador après l'élimination des Rangers vendredi dernier. La chance me sourit et j'en profite au maximum.»

La récolte surprenante de Salvador permet à la défense des Devils de sortir de l'ombre.

Quant à son éveil offensif, l'entraîneur-chef Peter DeBoer l'associe aux surprises habituelles que réservent les séries chaque année. «Parfois, c'est un gardien qui sort de nulle part ou un attaquant qui surprend tout le monde avec une production inhabituelle. Bryce est sur une séquence et c'est très bien ainsi puisque nous savons en profiter.»

Il y a deux ans, le gardien Jaroslav Halak a joué les héros devant le filet du Canadien. Sans oublier Michael Leighton, qui avait fait la même chose avec les Flyers de Philadelphie, y allant même de trois jeux blancs aux dépens du Canadien, qu'il avait éliminé en cinq petites parties en finale de l'Association de l'Est.

Malgré les largesses d'Ilya Bryzgalov en séries ce printemps, Leighton n'a pas gardé les buts une fois cette année en séries. Il n'a pas même réchauffé le banc. Comme quoi ce qui monte vite redescend parfois tout aussi vite...

Cette année, Salvador, Dustin Brown, les membres du quatrième trio des Devils (Ryan Carter-Stephen Gionta-Steve Bernier) représentent certainement les surprises individuelles des séries. Mais la surprise des surprises demeure la présence des Kings et des Devils en grande finale. Et c'est une belle surprise.

En passant, juste pour compléter mon face-à-face des séries avec mon collègue Mathias Brunet qui prend les Kings en 5, j'opte pour les Devils en 7. Pauvres Devils!

Bonne finale!

Photo: AP

Le défenseur Bryce Salvador, des Devils, est l'une des révélations des séries éliminatoires dans la LNH en 2012.