D'abord mentor et patron de Marc Bergevin avec les Blackhawks de Chicago, Rick Dudley est devenu complice de son jeune poulain. Puis son ami. Il est maintenant son employé.

Dudley doit avoir une confiance inébranlable en Bergevin. À moins qu'il soit convaincu que le Canadien n'est pas aussi moribond que plusieurs le croient. Car son embauche ne représente pas une promotion par rapport à ce qu'il faisait à Toronto. Avec les années de misère que les Maple Leafs multiplient, Dudley aurait même pu hériter du poste de DG dans l'éventualité du congédiement de Brian Burke. Un congédiement qui tombera rapidement si les Leafs ratent les séries pour une huitième année de suite.

À moins que Dudley, qui a eu son lot de succès, d'ennuis et de maux de tête à titre de directeur-général à Ottawa, Atlanta et en Floride, autant au nord avec le Lightning qu'au sud avec les Panthers, soit vraiment satisfait du rôle de second comme il l'a indiqué hier.

Marc Bergevin et Rick Dudley ne reconstruiront pas le Canadien en duo. Aussi dynamique soit-il.

Ils le feront en compagnie de Larry Carrière qui complétera ce triumvirat qui doit sortir le Canadien de son marasme et surtout de la cave du classement.

Fidèle à son image d'homme de hockey discret, Larry Carrière est demeuré dans l'ombre, hier. La conférence téléphonique confirmait toutefois son embauche comme adjoint de Bergevin au même titre que celle de son ami Dudley qu'il côtoie depuis plus de 40 ans. Dans le vestiaire des Sabres de Buffalo où ils ont été coéquipiers. Ensuite sur les galeries de presse que Carrière visite depuis près de 30 ans: 20 au service des Sabres de Buffalo, six pour ceux des Capitals avec qui il travaillait avant de se joindre au Canadien en 2010.

Deux bras droits?

Qui fera quoi? L'un sera à sa gauche, l'autre à sa droite. Qui à gauche, qui à droite? Aucune importance. Selon ce que j'ai compris hier, les deux bras seront de la même force.

Bien qu'ils offrent leurs conseils à Bergevin dans sa quête d'un entraineur-chef, Dudley et Carrière s'occupent beaucoup plus des contrats qui devront être offerts aux joueurs que le Canadien tient à garder dans son giron. Ils préparent aussi les emplettes qui devront être faites lors de l'ouverture du marché des joueurs autonomes.

«Notre principale force à Rick, Marc et moi est le recrutement. Nous connaissons la Ligue, les joueurs, les équipes. Nous serons en mesure de trouver les joueurs nécessaires pour entourer notre noyau actuel. Un noyau qui, selon moi, est bien meilleur que plusieurs le croient», m'a indiqué Carrière lorsque je l'ai rejoint hier.

Le repêchage demeure l'affaire de Trevor Timmins.

Qui s'occupera des salaires et du plafond qu'il ne faut pas défoncer? Le bras gauche? Le bras droit. Celui qui les contrôle? Un «capologiste» qui se joindra à la nouvelle équipe de direction?

Aucune de ces réponses.

Comme il le fait depuis le départ de Julien Brisebois, Patrick Boivin, le fils de l'ancien président du Tricolore, s'occupe de ce volet important.

Attendez-vous toutefois à d'autres embauches. Et je ne parle pas seulement ici du prochain entraîneur-chef.

Car Marc Bergevin ne fera pas la même erreur que Pierre Gauthier qui tenait à tout contrôler. Il s'entourera. Et sa quête de complices n'est pas terminée.

Dernier survivant

Larry Carrière était volubile au téléphone hier. Il était content de pouvoir parler ouvertement de son emploi, de ses idées, de son équipe. Un plaisir que son ancien patron Pierre Gauthier lui interdisait avec sa politique nord-coréenne du message unique.

Larry Carrière est aussi un homme de hockey un brin soulagé. Car si le prochain entraîneur-chef décide de s'entourer d'une nouvelle équipe d'adjoints, ce qui est écrit dans le ciel, il deviendra le seul survivant de la purge qui a marqué la dernière saison. Une saison difficile que Carrière tient à oublier. «C'est désolant de perdre. C'est plus désolant encore de voir des bons hommes de hockey payer de leur job les insuccès de l'équipe.»

Larry Carrière a hérité d'un rôle ingrat lorsqu'il s'est retrouvé derrière le banc pour appuyer Randy Cunneyworth et Randy Ladouceur après le congédiement de Jacques Martin. Non seulement n'avait-il jamais été derrière un banc de sa carrière, mais il héritait surtout du titre peu enviable d'espion du patron Pierre Gauthier autour du vestiaire. Un rôle qui n'allait pas du tout à cet homme sans malice.

«Les gens ne se rendent pas compte à quel point on a travaillé pour tenter de freiner la glissade. De gagner des matchs. On a tous été débordés. Le travail qu'on a fait n'a pas été récompensé.»

Il est trop tôt pour dire si les efforts et le travail qu'accompliront Carrière et Dudley à titre de bras droit et bras gauche de Bergevin seront maintenant récompensés. Mais Carrière se retrouve dans un rôle qui lui va beaucoup mieux. Quant à Dudley, il représente une acquisition de premier plan pour compléter le trio le plus important du Canadien d'ici à ce que le club ne revienne sur la patinoire... et peut-être encore après.