Vous trouvez que le Canadien est mal pris avec le contrat de Scott Gomez qui touchera 10 gros millionsde dollars au fil des deux prochaines saisons? Vous avez raison. Le contrat de Gomez a toutefois des allures d'aubaine quand on le compare à celui d'Ilya Bryzgalov.

Non seulement Bryzgalov encaissait un salaire de 10 millions la saison dernière - le plus haut salaire versé à un gardien de la LNH, 3,125 millions de plus qu'Henrik Lundqvist qui est deuxième - mais les Flyers devront lui verser 41 millions au cours des huit prochaines saisons de jeu.

C'est beaucoup d'argent. C'est beaucoup d'années. Trop d'argent et d'années pour se débarrasser de ce contrat dans le cadre d'une transaction, d'un rachat ou d'un renvoi dans les mineures.

Le seul point positif dans l'équation, et il faut pratiquement être jovialiste pour parler d'aspect positif, est associé au fait que la moyenne annuelle imputée sous le plafond salarial est de 5,6 millions.

Rien que ça!

En plus de coûter une fortune aux Flyers, Ilya Bryzgalov a coûté une place en finale de l'Est à ses coéquipiers. Même s'il a été moins mauvais en deuxième ronde face aux Devils qu'il ne l'avait été contre les Penguins en première, Bryzgalov a été bien trop généreux. Ses cadeaux ont miné la confiance de ses coéquipiers. Ils ont ralenti leur ardeur. Et mardi, lorsque Bryzgalov a marqué dans son propre filet avec la complicité involontaire de David Clarkson, il a tué son équipe.

Bien qu'ils n'aient pas ouvertement lapidé leur gardien de critiques, les joueurs des Flyers affichaient une frustration évidente après l'élimination. Le vétéran Kimmo Timonen, le seul à ne pas contenir complètement sa colère, a simplement répondu: «Allez le demander à Bryz», lorsqu'un collègue a voulu savoir ce qui avait bien pu passer par la tête du gardien sur le jeu qui a fait si mal.

Timonen a été poli. Car il aurait facilement pu répondre : une bulle d'air !

Un boulet pour Holmgren

Contrairement à Marc Bergevin qui peut se laver les mains du contrat de Gomez, le directeur général des Flyers, Paul Holmgren, est pris avec celui de Bryzgalov. Pour longtemps.

Quoi? Vous croyez que Bryzgalov pourrait redevenir le gardien d'élite qu'il a déjà été ? Possible. Après tout, qui aurait cru que Brian Elliott serait le meilleur gardien de la LNH en saison régulière cette année? Personne.

Sauf qu'il vient de s'écrouler pour une troisième année consécutive en séries. Victime de 3,46 buts par match cette année (88,7% d'efficacité), il a accordé 4,36 buts par match l'an dernier à Phoenix (87,9% d'efficacité) et 3,44 (90,6%) il y a deux ans. Bryzgalov et ses Coyotes n'ont d'ailleurs pas franchi la première ronde.

Une tendance qui est loin de mousser la confiance des Flyers et de leurs partisans en marge d'un possible retour en force du gardien russe l'an prochain. Dire que plusieurs, moi le premier, croyaient que les Flyers avaient finalement réglé leurs éternels problèmes de gardien avec cette embauche...

S'il est pris avec les contrecoups de ce contrat qui le hantera encore longtemps, Holmgren essuie aussi un vent de critiques associées aux départs de Jeff Carter et de Mike Richards qui sont en finale d'Association dans l'Ouest alors que les Flyers sont en vacances.

Contrairement à celles à l'encontre de Bryzgalov, les critiques reliées aux absences remarquées de Carter et de Richards ce printemps s'estomperont rapidement.

Pourquoi? Parce que les Sean Couturier et Jakub Voracek, obtenus de Columbus en retour de Carter, de même que Wayne Simmonds et Brayden Schenn, acquis des Kings en retour de Richards, sont encore très jeunes. Déjà bons, ils seront meilleurs l'an prochain. Et ils seront des rouages importants des Flyers plusieurs années encore.

Jagr: pour une dernière fois

Jaromir Jagr avait la voix enrouée et la larme à l'oeil lorsqu'il a lancé qu'il venait de compléter «la saison la plus satisfaisante de sa carrière», après l'élimination surprise et hâtive des Flyers, mardi, à Philadelphie.

Jagr a-t-il disputé son dernier match en carrière dans la LNH? Je l'espère.

Après un exil de trois ans en Russie, Jagr a amorcé la saison en force avec 12 buts et 31 points à ses 32 premières rencontres. Les choses se sont calmées en deuxième moitié de calendrier. La fatigue et une blessure à l'aine l'ont ralenti. Ses statistiques - 7 buts et 23 points en 41 matchs - l'ont démontré.

En séries? Jagr, comme tous ses coéquipiers, a profité du duel Pittsburgh-Philadelphie pour récolter 7 points (1 but) en 6 matchs. En deuxième ronde, devant des Devils beaucoup plus acharnés en défense et un Martin Brodeur moins généreux que Marc-André Fleury, Jagr a été limité à une passe.

Plus que sa baisse de production, c'est sa baisse de régime, son incapacité de trouver une deuxième vitesse, son manque d'énergie dans les bagarres à un contre un qui sautaient aux yeux en deuxième ronde.

À 40 ans, Martin Brodeur peut assumer pleinement une autre saison dans la LNH. À 40 ans, c'est loin d'être aussi évident pour le grand Jaromir. Dans son cas, une saison de plus serait sans doute malheureusement une saison de trop.

Si le revers de mardi sonne le glas de sa carrière grandiose dans une atmosphère morose, Jagr pourra se reprendre lors de son entrée au Temple de la renommée où une place de choix lui sera faite dès qu'il frappera à la porte.