Vous est-il déjà arrivé de dire une niaiserie, une vraie de vraie, alors qu'au fond, tout ce que vous vouliez, c'était d'être poli?

Ça m'est arrivé hier après l'entraînement. Dans le vestiaire des Flyers. Claude Giroux venait de répondre à un barrage de questions en anglais. Il venait de répondre à mes questions et à celles de Renaud Lavoie de RDS. En prime, il a répondu aux mêmes questions qu'un collègue de Philadelphie, qui avait raté le premier «scrum», lui a reposées.

C'est là que j'ai lâché ma niaiserie. Qu'est-ce que j'ai dit? J'ai salué Claude Giroux en lui souhaitant tout bonnement une bonne journée.

Simonac!

Si j'avais eu un chandail des Devils sur le dos, je crois que j'aurais eu droit à un coup d'épaule sur le menton. Peut-être un coup de coude. Pourquoi pas un coup de poing?

Je les aurais tous mérités. Et Giroux aurait pu me les asséner avec coeur, sans craindre que Brendan Shanahan ne prolonge de quelques matchs sa suspension d'une partie pour son coup à la tête de Dainius Zubrus, des Devils, lors du match de dimanche.

Claude Giroux s'est contenté de me fusiller du regard. C'était déjà assez.



Broyer du noir

S'il s'était laissé guider par sa routine habituelle un jour de match, Giroux serait allé casser la croûte au restaurant après l'entraînement matinal des Flyers. Une sieste aurait suivi ce lunch. Il serait ensuite venu rejoindre ses coéquipiers dans le vestiaire des Flyers pour le rituel d'avant-match: échauffement, un peu de soccer, un peu de basket, un peu de visualisation et beaucoup, beaucoup de motivation pour amorcer la rencontre avec force.

Hier, Giroux se retrouvait devant rien. Pour paraphraser la chanson de Lisa LeBlanc qui fait fureur ces temps-ci, sa journée, c'était «de la m...». Privé du droit de s'entraîner avec ses coéquipiers un jour de match en raison de sa suspension, il ne savait pas comment il allait passer l'après-midi. Il ne savait même pas s'il assisterait au match ou s'il le regarderait à la télé.

«Je suis complètement perdu. Ça ne m'est jamais arrivé. C'est la première fois de ma carrière que je suis suspendu. Je ne sais pas comment réagir. Comment vivre ça.»

Le joueur de centre a finalement accompagné des coéquipiers sur la galerie de presse... et assisté à l'élimination des siens.

Même s'il est secoué, Giroux encaisse le verdict de Brendan Shanahan. Bon! Il croyait s'en tirer sans suspension. Il reconnaît en même temps que son geste, sans être prémédité, était illégal et qu'il complétait une présence au cours de laquelle la frustration avait pris le dessus.

«J'étais en maudit contre les arbitres, et je ne comprends toujours pas pourquoi il n'a pas sévi contre Brodeur [Martin], qui venait clairement de manier la rondelle dans la zone interdite», a plaidé Giroux, dont les séries ont été marquées, jusqu'ici, de hauts très hauts, et de bas très bas!

Après s'être hissé au rang de meilleur joueur au monde aux yeux de son entraîneur-chef Peter Laviolette, de ses coéquipiers et des partisans des Flyers dans le cadre de sa toute première présence du match qui a confirmé l'élimination des Penguins de Pittsburgh en première ronde, Giroux a assisté, impuissant, à la fin de saison de son équipe.

«C'est ça que je trouve le plus dur. De savoir que je ne pourrai rien changer au match ce soir (hier). Mais j'ai confiance. Je sais que les gars n'abandonneront pas», avait lancé Giroux avant la rencontre.

Parce qu'il jouit d'un statut de super étoile à Philadelphie, Claude Giroux n'a pas eu besoin de s'excuser auprès des partisans pour sa suspension, qui a grandement compliqué la tâche de son équipe hier.

Conscient qu'il avait une prise contre lui, le petit gars de Hearst, dans le nord de l'Ontario, s'est toutefois bien gardé de porter fièrement sa casquette bleue des Blue Jays de Toronto, alors qu'il était en joue par les six, huit, dix caméras qui l'entouraient. «On est quand même à Philadelphie. Je ne veux pas pousser ma luck...»

Rare visite de Pronger

Victime d'un coup de bâton au visage qui a mis un terme à sa saison - et peut-être à sa carrière - le 24 octobre dernier lors d'un match contre les Maple Leafs de Toronto, Chris Pronger déambulait hier matin dans le vestiaire des Flyers à Vorhees, en banlieue de Philadelphie. «Il vient faire son tour des fois», a reconnu Giroux. Dire que Pronger manque aux Flyers est un euphémisme. Le vétéran de 18 saisons affichait une récolte de 12 points en 13 matchs de saison régulière avant de tomber au combat l'automne dernier. En 173 matchs de séries éliminatoires, Pronger revendique 26 buts, 121 points, un différentiel de +40 et 326 minutes de pénalité. Des statistiques très difficiles à combler.

Depuis qu'il a plongé dans le trou noir d'une commotion cérébrale, Pronger s'est éloigné du hockey, des Flyers, de leurs partisans. Sa seule visite au Wells Fargo, une visite remarquée, a coïncidé avec l'escale du Canadien à Philadelphie, le 24 mars, dans le cadre de la journée d'appréciation à l'endroit des partisans.

La question sur toutes les lèvres à Philadelphie depuis cette soirée: était-ce sa dernière visite?

Photo: AP

Claude GIroux jouit d'un statut de super étoile à Philadelphie. Il n'a pas eu à s'excuser auprès des partisans pour sa suspension d'un match.