De tout ce que Marc Bergevin a dit de bien et de beau lors de sa première sortie à titre de directeur général du Canadien de Montréal, sa joie de vivre, sa fierté et l'émotion qui appuyaient son discours sobre à titre de nouveau patron des opérations hockey m'ont le plus impressionné.

Tout un contraste avec Pierre Gauthier, et avec Bob Gainey précédemment.

Avez-vous remarqué que lors de cette première rencontre avec la presse, Marc Bergevin a souri plus souvent que ne l'a fait Pierre Gauthier en presque neuf ans avec le Tricolore, dont les deux dernières années à titre de directeur général?

Banal en soi, ce radical changement d'attitude promet un resserrement des liens entre le Canadien et ses partisans. Des liens que le duo Bob Gainey-Pierre Gauthier a coupés. Les insuccès des derniers mois sur la patinoire ont amplifié cette brisure comme l'ont démontré les centaines, voire les milliers de bancs vides lors des derniers matchs de la saison au Centre Bell.

En une journée, Marc Bergevin a amorcé le rapprochement promis par Geoff Molson. Avec ses réponses simples et honnêtes, ses réponses en français parsemées de mots en anglais et d'autres, données en anglais et épicées de quelques mots en français, Marc Bergevin a prouvé que le nouveau patron du Canadien est humain. Avec ses connaissances, ses lacunes aussi. Des lacunes qu'il reconnaît et assumera en s'entourant de conseillers avisés.

Il est fini le temps des glacials «monsieur» qui précédaient les noms de P.K. Subban, Carey Price, Andrei Markov lorsque Pierre Gauthier parlait d'eux comme de simples numéros.

Marc Bergevin parlera de ses joueurs. Des joueurs qu'il comprend parce qu'il l'a été pendant plus de 20 ans. Des joueurs qu'il pourra critiquer quand ce sera le temps ou cajoler s'il sent que c'est ce qu'il doit faire. Parce qu'il est passé par là.

Cette cassure complète avec le triste passé récent du Canadien est mineure sur la forme. Elle est toutefois énorme sur le fond.

Elle a d'ailleurs été relevée partout autour de la LNH. Croisé sur la galerie de presse du Verizon Center à Washington hier soir, le collègue américain Nicholas Cotsonika de Yahoo! Sports a qualifié Marc Bergevin de «Ghostbuster» au terme de sa première conférence de presse à titre de successeur de Pierre Gauthier. Un titre qui résume parfaitement la première journée de travail de Bergevin quand on sait que «monsieur» Gauthier est affublé du surnom de «Ghost» par nos collègues anglophones.

Décisions hockey

Le changement d'attitude qu'annonce l'arrivée de Marc Bergevin est plus que le bienvenu. Mais il devra être suivi de changements dans le vestiaire qui devront se traduire ensuite par des résultats sur la patinoire.

Marc Bergevin aura besoin de bien plus qu'une journée pour donner le coup de barre nécessaire pour sortir le Canadien de la cave de l'association, le ramener en séries éliminatoires et le propulser, un jour peut-être, jusqu'à la Coupe Stanley.

Mais en une journée, le petit gars de Pointe-Saint-Charles a donné des indications claires sur le cap qu'il suivra. S'il était évident qu'il confierait son club à un nouvel entraîneur, ce qu'il fera après avoir mis un terme à l'intérim de Randy Cunneyworth, Bergevin a confirmé la place de Trevor Timmins à la table du Canadien lors du prochain repêchage. Une sage décision. On peut reprocher - et il mérite ces reproches - à Timmins d'avoir oublié Claude Giroux au repêchage de 2006. Mais il affiche beaucoup plus de bonnes que de mauvaises sélections au fil des dernières années.

Et pour s'assurer qu'un non-sens comme celui de préférer David Fischer à Claude Giroux ne se reproduise plus, Bergevin s'assurera d'avoir plus de dépisteurs amateurs au Québec. Je lui suggère tout de go le nom de Claude Carrier, des Devils du New Jersey, qui pourrait être d'un grand secours au Canadien dans sa quête de jeunes joueurs de talents. Particulièrement les Québécois.

Bergevin devra aussi s'entourer d'un mentor et d'un comptable capable de jongler avec toutes les facettes du plafond salarial.

Le nom de Rick Dudley, qui a épaulé Bergevin lors de sa transition de joueur de hockey à homme de hockey vient vite en tête. Celui de François Giguère, qui gérait les chiffres sous les ordres de Pierre Lacroix au Colorado avant de lui succéder comme directeur général, est aussi une possibilité.

Quoi faire avec Scott Gomez, Tomas Kaberle et leurs contrats qui minent l'échelle salariale? Quoi faire en matière de transactions et d'embauches de joueurs autonomes pour améliorer l'équipe? Quoi faire pour solidifier les bases de l'équipe et signant des ententes à long terme avec Carey Price et P.K. Subban?

On va donner le temps à Bergevin de débarquer et de prouver que ces succès passés dans des rôles de soutien sont garants de décisions judicieuses à venir maintenant qu'il est le patron.

Et le coach?

Bergevin commencera ses recherches sous peu. La seule chose qu'il a confirmée hier, c'est que l'entraîneur-chef parlera français. Comme quoi ceux qui assuraient que Patrick Roy avait déjà un contrat en poche sont allés un brin ou deux trop vite en affaire. Ça leur apprendra... Peut-être!