À l'image de la journée qui s'était amorcée sur un beau tapis de neige dans la capitale fédérale, le match Rangers-Sénateurs s'est mis en branle au rythme du blizzard provoqué par la danse des serviettes blanches qui tournoyaient dans tous les sens à la Place Banque Scotia.

Quelques heures après avoir vu une pluie diluvienne transformer cette blanche matinée en journée grise et triste, trois buts sans riposte des Rangers de New York ont fait fondre les ardeurs des Sénateurs et de leurs partisans. Au lieu de célébrer l'élimination des Rangers ce matin, ces partisans broient du noir. Non seulement ils ont été témoins d'un revers de 3-2, à la Place Banque Scotia, mais cette défaite pourrait être le dernier souvenir d'une saison qui pourrait prendre fin jeudi, à New York, où sera disputée la septième et décisive partie de cette série.

J'ai beau vouer une admiration sans bornes à Daniel Alfredsson et avoir un faible pour l'équipe que j'ai vue renaître il y 20 ans, jamais je n'aurais osé lancer, en octobre dernier, que les Sénateurs seraient la meilleure équipe canadienne de la LNH cette année.

Bon! Peut-être que les Sénateurs ne forment pas la meilleure équipe canadienne. Peut-être que les Canucks de Vancouver sont meilleurs. De fait, ils le sont. Mais les Canucks ayant été éliminés hier, les Sénateurs sont les seuls représentants du Canada encore actifs en séries éliminatoires.

Ce n'est pas rien.

Déjà comblé par la surprise de les voir prolonger leur saison au-delà de celle du Canadien, des Maple Leafs de Toronto, des Jets de Winnipeg, des Flames de Calgary et des Oilers d'Edmonton, il n'est pas farfelu de croire que les Sénateurs pourraient renouveler la surprise de les voir encore dans le feu de l'action en battant les Rangers, à New York, où les BlueShirts ont connu plus que leur part d'ennuis contre eux au fil des dernières années.

Surtout qu'avant de profiter d'un relâchement impardonnable des Sénateurs en deuxième partie et de décisions sévères des arbitres qui ont offert une supériorité de deux hommes aux Rangers qui ont su en profiter, Brad Richards et sa bande semblaient dépassés.

«Quand on fait face à l'élimination et que l'adversaire marque en premier, il est normal de se retrouver sur la défensive. On ne veut pas accorder le deuxième but. On a été un peu passifs, c'est vrai, mais on a su attendre les occasions et une fois le score égal, on a vraiment repris le contrôle du match», a indiqué Richards, qui croit que les Rangers ont aussi repris le contrôle de la série.

Malgré les insuccès de son équipe au Madison Square Garden contre les Sénateurs?

«Le premier et le cinquième matchs ont été nos meilleures parties à mes yeux même si nous les avons perdues. On sait ce qui nous attend à la maison. On sait que nos fans sont durs. Mais si on leur offre un bon match et qu'on gagne, on sait aussi qu'ils seront derrière nous. À nous de bien répondre», a ajouté celui qui a donné l'avantage 2-1 aux Rangers en fin de période médiane.

Tortorella contre Neil

Chris Neil a encore joué un rôle de premier plan dans le match d'hier. Bien qu'il soit capable de s'imposer lorsqu'il jette les gants - il l'a prouvé dans le combat qui l'a opposé à Brandon Prust en première période -, Chris Neil est bien plus qu'un matamore. Oui, il recherche souvent les mises en échec percutantes. Oui, il cherche aussi quelquefois le trouble. Mais il sait d'abord et avant tout jouer au hockey.

Il a marqué le premier but des Sénateurs en compliquant le travail d'un des meilleurs gardiens de la LNH. Il a joué un rôle de premier plan dans le deuxième, encore en dérangeant Henrik Lundqvist. Ce faisant, il a fait la preuve par 100 qu'il est bien plus que le «goon» que l'entraîneur-chef John Tortorella a dénoncé à la suite de la mise en échec de Neil aux dépens de Brian Boyle lors du match de samedi.

Neil a frappé solidement Boyle. Il lui a infligé une commotion cérébrale. Mais Neil a frappé dans la poitrine et non à la tête un joueur qui venait de se débarrasser de la rondelle. Il ne s'est pas propulsé dans les airs pour maximiser la force de l'impact non plus.

Et quand Tortorella a transgressé sa politique selon laquelle il ne parle jamais de ses adversaires en condamnant Neil et en le traitant de récidiviste, l'entraîneur-chef des Rangers a dépassé les limites. Tortorella aurait dû se taire au lieu de lancer pareil commentaire. Car s'il avait fait ses devoirs, il aurait appris que Neil n'est pas un récidiviste. Qu'il n'a jamais été suspendu par la LNH.

Surtout que si Tortortella avait la chance de compter sur Neil au sein de sa formation, il le vénérerait. Comme tous les autres entraîneurs-chefs de la LNH...

Photo: PC

Brad Richards (au centre), qui a souligné la victoire des Rangers en compagnie de Henrik Lundqvist et d'Artem Anisimov, croit que l'équipe new-yorkaise a repris l'avantage dans la série.